Le visage de l'Ombre

Impressionné par cette démonstration de puissance, Morgoth regardait Lucian sans y croire. Celui qu’il prenait pour un vieillard, encore en forme mais quand même affaiblit par le poids des années, s’était métamorphosé. Agissant avec une vitesse et une technicité étonnantes, il était parvenu à contré l’attaque de leur agresseur malgré la force physique de ce dernier.

Cependant, si la surprise était totalement pour sa cible, Séraphin n’était nullement étonné par cette action. En dépit des mois qui s’étaient écoulés, le souvenir de cet homme qui l’avait mit KO restait encore vivace. Cette fois-ci il s’était préparé à sa venue, cessant de le sous-estimer. Et alors, donnant un coup de pied vers Lucian, il obligea celui-ci à le lâcher pour reculer.

(Lucian) « Alex ! Va chercher Sunny, et allez-vous-en ! »

Sortant de sa tétanie, réveillé par le ton autoritaire que le vieil homme venait de prendre, Morgoth se releva aussitôt et couru en direction de l’escalier, laissant derrière lui les deux combattants. Lucian ait-il réussit à s’en sortir tout seul face à un adversaire aussi puissant ? Il en semblait plus que certain, mais cela n’empêchait pas l’impérial d’être inquiet.

Cependant, ses craintes demeuraient infondées, le vieux sénateur maîtrisant parfaitement la situation. En effet, remarquant que son adversaire tâchait de mettre à profit sa déconcentration pour attaquer, il réagit aussitôt. N’ayant aucun mal à esquiver l’assaut, se baissant pour cela au dernier moment, il usa de toute sa force pour frapper l’assaillant.

Un coup en apparence bien basique, et qui aurait sans doute put faire rire Séraphin si les effets de cette attaques ne s’étaient pas fait immédiatement sentir. Catapulté en arrière, passant à travers la vitre, le chasseur plongea vers le sol la tête en bas. Mais, fort heureusement pour lui, il parvint à se redresse grâce à un brusque mouvement du corps, atterrissant à quatre pattes.

« Fumier. »

Entendant son adversaire siffler cette insulte entre ses dents, Lucian observa le résultat de son attaque par la fenêtre, suivant son rattrapage in extremis. Cependant, ce n’est pas cela qui le surpris : une autre personne venait de faire son apparition, le son de sa voix faisant se retourner Séraphin. Un homme qui, vu la présence qu’il dégageait, n’était pas ordinaire.





Et alors que le vieil homme combattait, Morgoth n’avait pas perdu son temps. Agissant dans l’urgence, sentant son cœur cogner lourdement contre sa poitrine, il cherchait Sunny. Pourquoi était-il ainsi paniqué ? Etes-ce ses souvenirs enfouis qui faisaient ainsi réagir son corps ? Fort heureusement cela ne dura que quelques minutes, le temps pour lui de trouver l’enfant.

« Alex…qu’est-ce qui se passe ? »

« Il faut qu’on y aille mon ange. »

Ne la laissant pas poser plus de question, Morgoth la prit aussitôt dans les bras avant de foncer jusqu’à la porte fenêtre, s’arrêtant instinctivement sur son seuil. Un réflexe qui s’avéra utile lorsque, jetant un furtif coup d’œil vers l’extérieur, il aperçu son agresseur entrain de discuter avec un autre homme, n’entendant cependant pas leur conversation.

Qui était ce nouvel arrivant ? Est-ce des renforts venu épaulé leur adversaire dans sa mission ? Il n’avait aucune façon de le savoir, mais si tel était bien le cas alors cela allait devenir compliquée, surtout avec Sunny entre ses bras. Mais alors qu’il réfléchissait à un plan pour s’enfuir, une main vint soudain se poser sur son épaule, interrompant ses pensées.

(Lucian) « Qu’est-ce que tu attends ? »

« Il y a une autre personne dehors. »

(Lucian) « Je sais. Et rassure toi, nous n’avons rien à craindre de lui. »

Comment pouvait-il en être si sur ? Le connaissait-il ? Septique, mais décidant malgré tout de se fier au vieux sénateur, Morgoth prit une grande inspiration avant de passer la porte fenêtre, courant aussi vite que ses jambes pouvait le permettre. Tendu, il attendit qu’une lame vienne soudain lui transpercer le dos…celle-ci n’arriva jamais.

Surpris par cette absence de réaction, le père de Claire se tourna vers les deux hommes l’espace d’un instant, dévisageant de ses yeux rouges l’homme qui faisait face à Séraphin. Celui-ci ne lui prêtait pas la moindre attention, lui tournant le dos comme si il n’était qu’un élément négligeable. Ainsi positionné, il ne pouvait que sentir le regard de Morgoth.





Restant à le fixer ainsi durant quelques instants, ne parvenant pas à détacher ses yeux de cette personne pour une raison que lui-même ignorait, l’impérial finit par reprendre ses esprits lorsque Sunny se mit à geindre dans ses bras. Non…il ne pouvait pas se permettre de demeurer ainsi exposé, le danger étant bien trop grand. Il devait continuer de fuir.

Alors, tournant le dos aux deux hommes qui se faisaient face, il reprit sa course. Poursuivant Lucian qui était passé devant, lui faisant entièrement confiance quand à la marche à suivre, il courut aussi vite qu’il le pouvait. Sans s’arrêter, sans même se retourner à nouveau l’espace d’un instant, laissant derrière lui ce guerrier aux cheveux blancs…il s’en alla.




[HRP : Désolé pour la taille réduite de l’épisode, mais l’associé à un autre aurait était trop lourd. En compensation je renvois à la page 4 ceux ayant encore des doutes sur l’identité du guerrier…ou plus simplement si vous voulez avoir un autre point de vue pour cette scène (et découvrir un an après qui était cet homme aux yeux rouges).]

« Comment avez-vous fait cela ? »

« De quoi parles-tu ? »

« Vous le savez très bien. »

Il ne leur avait fallu que peu de temps pour se mettre à l’abri, des gardes sénatoriaux débarquant rapidement après avoir reçu un message d’alerte, les escortant vers un endroit sur alors qu’un groupe se rendait sur place pour interpeller l’agresseur. Mais il y avait fort à parier qu’ils n’y parviennent pas, ce dernier étant bien trop fort pour se laisser attraper.

Une force que Lucian avait pourtant réussit à contre balancer sans trop de difficulté, parvenant à repousser l’agresseur. Et même si il avait annoncé aux soldats que seule la chance leur avait permis de s’en tirer à si bon compte, Morgoth savait parfait ce qu’il avait vu. Comment ? Comment ce vieil homme pouvait il posséder de telles capacités martiales ?

Faisant semblant de ne pas comprendre au début, le sénateur dut finir par admettre qu’il ne s’en tirerait pas aussi facilement. Son hôte n’était pas stupide, se rendant bien compte que Lucian comme leur agresseur n’étaient pas des combattants ordinaires, ayant des capacités largement supérieures à celles des autres humains. Et il y avait une explication à cela.

(Lucian) « Celui que tu as vu était un chasseur de démons. »

S’attendant aux protestations ou à l’explosion de rire habituelle, le lunaire fut agréablement surpris de ne voir aucune de ces réactions chez Morgoth. Tel était sans doute un des avantages de son amnésie : oubliant même ses convictions d’autrefois, il était beaucoup plus capable d’accepter des choses qui lui aurait semblé irréaliste avant.

« Et comment pouvez vous en être sur ? »

(Lucian) « J’ai été mois même un chasseur autrefois. »

Malgré le temps passé, il était toujours capable de reconnaître un chasseur quand il en voyait un. Mais heureusement pour lui, son adversaire n’avait pas fait la même déduction le concernant. Cela n’avait rien d’illogique en fait : à la mort de sa femme Lucian avait fait en sorte que tout le monde le pense décédé, seul deux autres personnes connaissant la vérité.





« Mais pourquoi s’en prendrait il à moi ? »

(Lucian) « Je l’ignore. »

Bien entendu, la première et la plus plausible des hypothèses était tout simplement le fait que cet homme dont il ne savait rien soit un démon. Cependant, Lucian avait immédiatement vérifié cette idée, craignant plus que tout qu’un démon s’en prenne à sa fille. Et le résultat de ses tests était sans appel : aucune créature démoniaque n’occupait son corps.

Alors pourquoi ? Il n’en avait aucune idée, mais rien ne lui laissait penser que celui qu’il nommait Alex méritait un tel châtiment. Quelques fut ses erreurs passées, l’amnésie dont il souffrait l’avait totalement changé, effaçant ses actes d’autrefois. Cependant il y avait fort à parier que les chasseurs ne l’entendraient pas de cette oreille, la chasse allant continuer.

Alors quoi faire ? Quelles options s’ouvraient à eux afin de mettre fin à cette menace permanente ? Tout deux ce posaient cette question, cherchant une solution. Mais alors que Lucian cherchait une option peu contraignante, Morgoth ne réfléchissait pas ainsi. Il y existait bien un chemin qui résoudrait tout leurs problèmes. Une solution qu’il prononça d’une voix résolue.

« Lucian. Entraîner-moi pour devenir un chasseur. Ainsi ils n’auront plus de raison pour me poursuivre. »

Surpris par cette proposition inattendue, le vieux sénateur resta à fixer le père de Claire durant quelques instants, semblant attendre une chute qui ne devait jamais venir. Dans le fond il avait raison, cette option lui assurant quoi qu’il arrive une protection importante. Cependant il ne pouvait le tolérer, cet homme ne se rendant pas compte de ce que cela impliquait.

(Lucian) « Ne soit pas stupide : tu as mieux à faire que te lancer dans cette bataille. Il faut que tu retrouve ta vie d’autrefois. »

« Non ! Je ne veux pas retrouver mon passé. »

Bien qu’il n’en ait aucune preuve formelle, il restait persuadé que ses cauchemars étaient en réalité des souvenirs de son passé. Et s’il avait vu juste, alors l’homme qu’il était avant était un monstre. Un assassin qui avait tué au moins deux personnes sans le moindre sentiment, une trace de pitié. Non…il ne voulait pas redevenir cet homme, refusant même de le connaître.





Demeurant silencieux, Lucian ne réagit pas tout de suite, réfléchissant. C’est vrai, cet homme avait les capacités physique et morales pour devenir chasseur de démons, un entraînant rigoureux pouvant même faire de lui un redoutable combat. Cependant, malgré cela, le sénateur gardait toujours des scrupules à le jeter dans une bataille dont trop peu sortaient en vie.

Mais avait-il vraiment le choix ? Cela faisait maintenant six mois qu’ils se côtoyaient, le vieil homme commençant à bien connaître cet homme. Quand il avait ce regard, rien ne pouvait le faire changer d’avis, même le plus sage des conseils. Avec ou sans son aide, il deviendrait un chasseur. Alors, puisque sa décision était déjà prise, autant lui fournir l’entraînement nécessaire.

(Lucian) « Dans ce cas il va te falloir un pseudonyme. »

« Un pseudo ? »

(Lucian) « Oui, tous les chasseurs en portent un.…Que penses-tu de Némésis ? »

Habituellement, les chasseurs avaient tendance à prendre plutôt un nom d’ange. Sans doute une tradition afin de les opposer aux démons, et de flatter leur ego de simple humains. Mais pour cet homme, Alex, le nom de la vengeance divine semblait bien mieux convenir. Tout comme cette divinité, il n’abandonnerait jamais avant que sa cible ne soit morte.

« Ca me convient parfaitement. »

Némésis…voila donc le nom qu’il porterait désormais ? Celui par lequel on le nommerait, on le reconnaîtrait ? Pour lui qui ne ce souvenait même pas de son ancienne identité, cela allait très bien. Une nouvelle vie s’offrait à lui, une occasion de se construire une nouvelle existence. Et alors que cette idée pénétrait dans son esprit, une pensée surgit soudain dans sa tête.

« Et vous Lucian ? Quel était votre surnom ? »

(Lucian) « Le mien ? Et bien, c’était… »

Prit de court par cette question, le vieux sénateur replongeant l’espace de quelques secondes dans ses souvenirs. Cela faisant 4 ans et six mois qu’il avait raccroché et pourtant il se souvenait encore parfaitement de cette période. Les innombrables démons, les acclamations admiratives des autres, vantant sans cesse sa puissance…l’une des trois plus grandes parmi les chasseurs.

(Lucian) « J’étais connu sous le pseudonyme de Michael. L’Archange Michael…tel était mon nom. »

La nuit était tombée, les rayons du soleil disparaissant pour laisser place à la Lune et aux étoiles, les ténèbres remplaçant la lumière. A nouveau le cycle éternel recommençait, le jour et la nuit se poursuivant sans jamais réussir à se rattraper. Comme le bien et le mal, l’un et l’autre semblaient lier pour toujours, s’opposant jusqu’à la fin des temps.

Mais si aucun d’entre eux ne pouvait réellement disparaître, il était toujours possible que l’un s’affaiblisse, se réduisant jusqu’à ce que sa présence en devienne négligeable. Tel était le but que les deux camps poursuivaient depuis toujours, échangeant sans cesse des coups. Tel était l’enjeu de cette nuit, comme de nombreuses autres avant elle.

(Murmure) « Avancez ! Vite. »

Ombres parmi les ombres, une multitude de silhouettes progressait en silence. Passant d’un abri à l’autre, guettant le moindre signe d’un ennemi qui demeurait absent, ils avançaient aussi vite que la discrétion le leur permettait. Telle une marée montante ils continuaient de courir à travers les ruelles vides, ne rencontrant aucune résistance…aucun signe de vie.

Cela faisait trois années maintenant que la guerre était passée sur le Kenya, ravageant ce pays déjà ruiné. Des villes entières avaient ainsi été détruites par la fureur des belligérants, le pays étant obligé de les laisser dans cet état, faute de moyens. Tel était l’endroit où cette bataille allait se jouer : un cimetière à ciel ouvert, témoin de la folie des hommes.





Pourquoi ces hommes étaient-ils là, avançant dans ses ruines avec une vigilance que rien ne venait justifier ? Leurs raisons étaient diverses, autant que leurs origines. Soldats, mercenaire, homme de main, fanatique, impérial, allié, lunaire, indépendant…parfois ennemis d’hier, aujourd’hui réunis pour accomplir une même mission. Mais savaient-ils vraiment laquelle ?

Pour anéantir un groupe de terroriste leur avait on dit. Peut-être êtes-ce vrai. Peut-être que non. Cela leur importait peu, l’appât du gain suffisant à taire cette question pour la plupart. Cependant, il s’en trouvait certain pour connaître la vérité. Des avides de pouvoir, qui s’étaient engager dans cette bataille en espérant y gagner bien plus que des richesses.

Eux savaient la vérité. Ils savaient que leurs cibles étaient des chasseurs, des êtres qui traquaient les démons, pensant follement avoir assez de puissance pour s’opposer à eux. Et en ce jour, les créatures infernales allaient démontrer à quels points cela était stupide. Désirant frapper avant que leurs adversaires ne soient prêts, ils avaient rassemblés toutes leurs forces.

« Devons nous intervenir ? »

Restant cachée en haut d’une église, une personne observait la foule qui avançait. Les démons semblaient bien renseignés, faisant converger leurs hommes vers l’immeuble qui servait de QG aux chasseurs. Vu la situation, avec l’effet de surprise et le surnombre de leurs adversaires, ils risquaient de se faire écraser. Quelqu’un devait absolument les prévenir !

Mais contre toutes attentes, l’homme qui se tenait à côté ne semblait nullement partager son inquiétude. A l’inverse de son compagnon, il observait cette foule noire sans qu’une seule émotion ne transpire sur son visage. Les démons s’étaient bien débrouillés, parvenant à rassembler une force de frapper plus que conséquente…ca allait être intéressant.

(Samaël) « Laissons les se débrouiller. »





S’apprêtant à objecter, la seconde personne n’en eu pas le temps. En effet, avant même qu’elle ait trouvée les mots nécessaire, la marée noire avait atteint son objectif. Enfin, le bâtiment cible était en vu, se dressant majestueusement en parfait état au milieu des immeubles éventrer. Un endroit qui, dans quelques minutes, allait se transformer en champ de bataille.

« Mettez vous en position ! »

Parcourant les rangs tel une traînée de poudre, l’ordre fut reprit par de multiples voix, les hommes bougeant avec une coordination exemplaire, chacun sachant parfaitement où il devait se placer. Et en à peine quelques secondes l’immeuble se retrouva encerclé de toutes part, ses fenêtres encore sombres étant braquées par une centaine d’armes à feu.

Et quand enfin tous furent en position, prêt à ouvrir le feu, cinq silhouettes émergèrent soudain des rangs, se plaçant face au bâtiment comme un signe de défie. Cinq personnes qui avaient rassemblés ce groupe, menant à bien cette expédition. Cinq démons, dont le regard rouge brillait d’une lueur sadique : le temps était enfin venu d’annihiler les chasseurs.

Mais alors que l’assaut allait être donné, un élément vint soudain changer la donne. En un lugubre grincement, la vaste porte principale pivota, s’ouvrant lentement tout en laissant échapper une lumière interne au bâtiment, une lueur qui vint éclairer les ténèbres. Et au sein de cet halo éblouissant, une silhouette apparue, toisant l’impressionnante armada.

« Gabriel… »

Que ce soit Melkor ou les autres, aucun des démons n’avait besoin d’un signe pour confirmer cette pensée. Sur cette terre, parmi cette race mortelle, il n’existait que peu d’être qui dégageait une telle puissance. Aucun doute n’était possible quand à l’identité de cet homme de couleur qui les observait tout en fumant son cigare : s’était bien le dernier Archange.

Prit de court par cette apparition soudain, les démons ne réagirent, laissant le chasseur souffler un panache de fumée. Un geste anodin, qui fut répondu par un bruit soudain. Une clameur qui semblait s’élever de toutes part, comme si les antiques armées se relevaient soudain, partant à nouveau en guerre. Et en un instant, une multitude de silhouettes apparurent.





Ils étaient partout : sur le toit de l’immeuble, aux vitres qui venaient soudain de s’éclairer, dans les coins sombres à quelques mètres tous juste de leurs assaillants. Hommes et femmes, jeunes et vieux, blessés et indemnes…ils formaient un groupe encore plus diversifié que celui des démons, seul la lueur qui brillait au fond de leurs yeux les rapprochant.

Et alors que la panique parcourait le rang des hommes, que les démons demeuraient abasourdit par cette embuscade des chasseurs, Djibril se mit soudain à sourire. Tirant une dernière bouffée de son cigare il le jeta à terre, l’écrasant sous sa botte comme une prémisse au massacre qui allait avoir lieu. Et c’est d’une voix faussement amicale qu’il s’adressa aux démons.

« C’est gentil de venir nous rendre visite. »

Qui étaient-ils réellement ? Qui étaient ces êtres à visage humains, tellement semblables à tous le monde, mais dont la puissance les distinguait du reste de l’humanité ? On les nommait chasseurs chez les démons, assassins pour les civils, traqueur parfois, guerrier toujours. Des hommes et des femmes qui avaient fait le choix de demeurer dans l’ombre pour toujours.

Mais malgré les différences qui existaient, ne demeuraient-ils pas humains à la base ? Au fond se n’étaient que des mortels, des êtres dont le jugement pouvait être obscurcit par leurs sentiments. L’orgueil, qui procurait un excès de confiance en leurs capacités, ainsi que de la pitié pour ceux qui appartenaient à la même race qu’eux, créant forcement une retenue.

Tels étaient les atouts qu’ils pensaient posséder.

Tel était l’erreur des démons.

Ils avaient sous-estimé leurs adversaires, ne voyant en eux qu’un ensemble de guerriers relativement puissants, mais très indépendant et extrêmement désorganisé. Pas un seul des démons n’avait imaginés que les chasseurs avaient depuis longtemps prévu une telle situation, sachant qu’un jour ou l’autre leurs adversaires attaqueraient en force.

Jouant sur le secret, se présentant comme bien moins puissant que ce qu’ils étaient réellement, les chasseurs s’étaient préparés. Rassemblant une grand part de leurs forces, ils se dévoilaient à présent sous leur véritable apparence. Celui d’une armée, hiérarchisée et parfaitement disciplinée. Un groupe quasi-militaire qui n’aurait aucun scrupule à abattre d’autres humains.





Observant leurs adversaires surgirent de partout, émergeant des ombres tombant littéralement des toits pour atterrir sans la moindre égratignure, les mercenaires restèrent sonnés durant quelques secondes. Et ce ne fut qu’au moment où les chasseurs passèrent à l’attaque qu’ils se décidèrent enfin à lever leurs armes, ouvrant précipitamment le feu sur leurs ennemis.

Mais il était déjà trop tard. En un instant des dizaines de lames surgirent, tourbillonnant devant les corps au point de former un véritable écran de protection. Un bouclier qui stoppa net tout les tirs, laissant les chargeurs se vider sans qu’une seule blessure n’en résulte. Et lorsqu’enfin les balles cessèrent de pleuvoir, l’assaut put reprendre…le massacre commençant.

Hurlant en chargeant, les chasseurs fondirent sur les mercenaires en une masse si compacte que durant un moment les combattants demeurent quasi-immobiles, serrés les uns contre les autres. Cependant l’espace ne tarda pas à se créer, les serviteurs des démons se retrouvant balayés comme des feuilles mortes par un ouragan, tombant pour ne jamais se relever.

« Retraite ! »

Ce n’était pas une bataille, mais un véritable carnage. En quelques instants les premiers rangs des mercenaires avaient été fauchés, écrasés par ces hommes de mille façon : poing, arme blanche, arme laser…. Il leur fallait se replier immédiatement, sinon ils allaient tous succomber. Et sans doute les mercenaires se seraient-ils enfuis, s’il n’y avait pas eu leurs chefs.

Se dressant au milieu de cette masse confuse telle des tours imprenables, ils parvinrent à rassembler leurs hommes autour d’eux, les faisant se replier vers des positions plus favorables. Seuls être ici capable de contre balancer la puissant des chasseurs, ils conservaient suffisamment de sang froid pour calmer la peur qui parcourait leurs rangs.

Mais s’exposer ainsi n’était pas sa risque pour eux, restant des cibles prioritaires pour tout les chasseurs. Ainsi, et bien qu’ils aient reçu l’ordre des ne pas aller les affronter tout seuls, nombre de traqueurs n’eurent pas cette retenue. Certains, tel Caelia, décidèrent au contraire de les attaquer immédiatement, sachant que leur mort mettrait fin à cette bataille.

Fauchant les rangs adverses avec ses armes à feu, la chasseresse parvint jusqu’à Melkor qui lui tournait le dos. Sautant, tombant sur lui en dégainant une lame, elle eut le vit faire soudain volte face. Un sourire sadique sur le visage, l’être démoniaque la saisit à la gorge…lui brisant la nuque d’un simple geste de la main, jetant son corps sans vie sur le sol.





Beaucoup connurent le même destin, l’avantage indéniable des chasseurs ne leur accordant pas l’immortalité pour autant. Surpris par un tir, gêné par un autre combattant, exécuté par un démon…à chaque seconde qui passait s’était un nouveau chasseur qui tombait, victime de cette bataille qui n’épargnait personne, connaissant ici leur dernier combat.

Et cela n’allait pas en s’arrangeant. Se ressaisissant assez vite, motivé par la peur que les démons instillaient en eux, les mercenaires s’étaient rapidement mit à l’abri. Rassemblés sur quelques poches de résistance, réfugié à l’abri dans des ruines, ils mitraillaient tout ceux qui s’approchaient. Et même si certains passaient le barrage, les démons étaient là pour les écraser.

« Cinq endroit tu dis ? »

« Oui. Et nous ne parvenons pas à les déloger. »

Resté en retrait depuis le début, observant de loin la bataille qui se livrait, Djibril écouta patiemment le compte rendu qu’on lui faisait. Tel un général avec ses troupes, il se contentait de diriger les assauts sans s’investir personnellement, coordonnant leurs forces. Mais cela n’était plus suffisant désormais, il était temps de passer à la vitesse supérieure.

« Une zone par démon je présume. A-t-on réussit à les identifier ? »

« Oui. »

« Dans ce cas fait venir les trois autres Ithuriel. »

Acquiesçant d’un signe de la tête l’homme disparu dans la nuit, laissant Djibril seul. Malgré la coordination dont ils faisaient preuve, les pertes continuaient de s’accumuler pour les chasseurs. Beaucoup d’ennemis étaient tombés dans les premières minutes de la bataille, mais ceux qui restaient se battaient avec acharnement, menaçant d’aggraver les pertes.

Cependant, malgré la résistance des mercenaires, il restait encore un moyen de mettre rapidement un terme à cet affrontement. Quatre en réalité : quatre personnes qui apparaissait comme leur meilleure option. En effet, bien que Michael et Raphaël soient morts, les Archanges n’étaient pas les seuls chasseurs de démons à être largement au dessus du lot.

A toute époque il y en avait eu pour se distinguer des autres, ayant parfois une puissance équivalente ou presque aux trois Archanges. Et à l’heure actuelle, quatre chasseurs répondaient parfaitement à cette description. Quatre guerriers qui étaient restés en arrière, réservés pour une telle situation. Deux hommes et deux femmes qui apparurent soudain devant lui.

« Ithuriel, Amithiel, Samiel, Haziel…j’ai une mission à vous confier. »





L’heure n’était plus aux demi mesures, les chasseurs ayant besoin de leader pour les mener dans la bataille et percer les défenses qu’avaient crées les démons. Cette tâche leur revenait, et sans qu’une seule émotion apparaisse sur leurs visages malgré la difficulté de la tâche à accomplir, ils écoutèrent Djibril exposer les détails de leur mission.

« Ithuriel : occupe-toi de Baël. Tu es le plus puissant des quatre, cela te revient. »

« Très bien. »

« Amithiel, je te laisse Vassago. »

« Ca me convient. »

« Samiel, est-ce que te faire Zapan te tente ? »

« Vu qu’il a prit un hôte plutôt joli garçon…ca sera avec plaisir. »

« Haziel… »

« Je me charge d’Eligos. »

« Parfait. Quand à moi…je m’occupe de Melkor. »

Ithuriel n’avait pas exagéré la chose : les mercenaires s’étaient retranchés dans de véritables forteresses. Se regroupant dans des maisons éventrées, ils pouvaient s’abriter derrière les gravats, profitant des ouvertures pour tirer tout en se protégeant. Une parfaite combinaison entre attaque et défense…pas étonnant que les chasseurs se soient cassés les dents dessus.

« Quels sont vos ordres Monsieur? »

« Encerclez le bâtiment, assurez vous que personne ne sorte…et profitez du spectacle. »

Prenant une expression rassurante tout en s’adressant aux chasseurs qui avaient les yeux rivés sur lui, Djibril s’élança soudain à travers le no man’s land. Aussitôt les tires se mirent à fuser dans sa direction, mitraillant celui qui apparaissait comme un nouveau candidat au suicide. Mais bien vite, il apparu que cet homme là n’avait rien à voir avec les précédents.

Zigzagant à une vitesse folle, l’homme n’éprouvait aucune difficulté pour esquiver les balles, des impacts suivant sa trajectoire. Puis enfin, quand il fut suffisamment prêt d’eux, l’Archange bondit soudain d’un saut prodigieusement haut. Et alors qu’il était en l’air, il dégaina une multitude d’arme blanche, les jetant sur les serviteurs des démons, balayant leurs rangs en un instant.





Admirant le résultat de son œuvre, l’Archange se laissa tomber au milieu des ruines et des soldats encore valides, souriant légèrement avant de se mettre en mouvement. Passant entre eux tel une tornade, allant de l’un à l’autre en un instant, il frappait sans retenue. Enfonçant les gorges, brisant les côtés, facturant les rotules…personne ne demeurait indemne après son passage.

Succombant quelques secondes plus tard, handicapé pour les plus chanceux, personne n’était en mesure de lui tenir tête, l’Archange n’accordant pas plus d’un coup pour chaque cible. Et sans doute serait-il parvenu à décimé tout les mercenaires si un tir n’avait pas soudain surgit sur le côté, la vitesse de la balle l’obligeant à s’arrêter pour esquiver en catastrophe.

« Impressionnant. Je n’en attendais pas moins du dernier Archange. »

Relevant la tête en direction de son agresseur, Djibril n’eut cependant pas besoin de ses yeux pour connaître son identité, ressentant sa présence depuis un moment déjà. Melkor, le démon qui avait réintégré sa véritable chair, celui qui dirigeait les événements dans l’ombre depuis le début. Ils se rencontraient enfin : les deux chefs et meilleurs combattants des deux armées.

(Melkor) « Approches ! Viens jouer avec moi. »

Demeurant silencieux, insensible à cette provocation sinon par un petit rire intérieur, le dernier Archange décida pourtant d’y répondre. Contre toute attente, loin de conserver une quelconque retenu ou de se mettre en garde, il fonça au contraire vers le démon à pleine vitesse, surprenant celui-ci qui s’attendant d’avantage à voir son adversaire demeurer immobile.

Réagissant un peu tard, Melkor dégaina aussitôt ses deux armes à feu, tirant sur l’Archange tout en se préparant à bouger dès que celui-ci esquiverait. Mais encore une fois, la réaction de Djibril fut toute autre. Ayant enfilé des poings américains au moment même où il s’était élancé, il frappa les balles en pleine course avec une vitesse et une dextérité folle, les stoppant nettes.

Prit de court par cette tactique imprévue, le démon ne put que regarder l’Archange arriver devant lui, fracassant sans mal ses deux armes à feu grâce à ses poings en métal. Enrageant de s’être laissé avoir si facilement, le démon donna un coup…qui ne fendit que du vent. En effet, Djibril se trouvait dès à quelques mètres, raffermissant la prise sur ses étranges armes.





(Melkor) « Vraiment puissant… »

Ne tâchant même pas de le cacher, Melkor ne pouvait qu’être impressionné par un tel adversaire. Dans le passé il avait eu l’occasion d’affronter Michael, mais là…ce n’avait vraiment plus rien à voir. Gabriel n’était pas que le plus puissant des Archanges, il évoluait carrément dans une autre catégorie ! Enfin…enfin un adversaire digne de lui, capable de le stimuler pour combattre.

(Djibril) « Tant pis pour toi. »

Comprenant que son adversaire ne se rendrait pas si facilement, Djibril décida de repasser à l’attaque. Une attaque qui encore cette fois parut plus que basique, n’étant qu’une charge en apparence. Mais êtes-ce bien le cas ? N’y avait t’il pas une ruse derrière ? Indécis, le démon ne parvint pas à se faire une idée sur la question…paye cher son hésitation.

Donnant un coup de lame circulaire comme seul défense, Melkor il vit l’Archange se baisser au pour esquiver cette attaque, tombant aux pieds du démon avant de frapper violement la rotule de se dernier. Un coup qui la fit se briser nette, se facturant sur le coup…et se reconstruire quelques secondes après, obligeant Djibril à reculer pour éviter un coup de pied.

*Sa régénération est vraiment rapide…voyons voir jusqu’où elle peut aller.*

Loin de se laisser impressionner par les pouvoirs dont disposait le démon, Djibril conservait au contraire la tête froide. Et s’est vide de toute émotion qu’il repassa à l’attaque, défiant le démon du regard tout en s’approchant de lui, marquant clairement la supériorité qu’il se savait posséder. Une frappe du poing pour dévier un coup de lame…et la boucherie put commencer.

Ramenant sa main droite à toute vitesse, il creva les yeux rouges du démon en un instant, son poing gauche lui facturant la mâchoire au même moment. Anticipant le prochain mouvement de Melkor, un coup de poing, Djibril se baissa légèrement avant de frapper la jugulaire et les côtés avec toute la force dont il disposait, explosant la gorge et le foie de la créature.

Continuant son œuvre, il trancha net le bras gauche du démon avec la lame de son poing américain, enfonçant l’autre dans sa jambe jusqu’à l’os. Puis, pour finir, il éjecta le démon d’un coup de poing au thorax, arrêtant son cœur. Suivant cet enchaînement le silence se fit, comme pour marquer l’admiration devant une puissance…qui ne fut pourtant pas suffisante.

« Magnifique. »

Emergeant de la poussière et des gravats, Melkor se redressa lentement, ressemblant plus à un cadavre qu’à un être vivant vu ses monstrueuses blessures. Cet humain…il lui avait infligé des dégâts si importants et à une telle vitesse que lui-même avait eu du mal à se régénérer, ne passant pas loin de la défaite. Et pourtant, malgré cela, il semblait beaucoup s’amuser.





« Ca suffit Melkor ! »

Surpris par cet ordre, stoppé dans son élan alors qu’il allait se jeter à nouveau dans la bataille, Melkor se tourna en direction de son interlocuteur. Il s’agissait de Zapan, le cardinal infernal se tenant à quelques mètres de lui, essoufflé, ayant une expression étrange en le dévisageant. Comme si…comme si, pour la première fois de sa vie, il ressentait la peur.

« Vous permettez votre éminence ? Je termine ce combat et… »

« Non Melkor. Il faut battre en retraite. MAINTENANT ! »

Ouvrant la bouche pour répliquer, le démon au véritable corps s’abstint pourtant de toute parole. Absorbé par son combat contre l’Archange, il ne s’était pas rendu compte à quel point leur situation s’était dégradée. Perçant leurs défenses, les chasseurs avaient fait un véritable carnage. De partout les cadavres de mercenaires s’empilaient alors que les vivants fuyaient.

Et il n’y avait pas que leurs serviteurs d’ailleurs, Melkor pouvant voir les autres démons se replier en hâte. Baël, dont les multiples plaies témoignaient de son intense combat. Eligos, dont l’armure était couverte de sang. Et Vassago, qui avait perdu un bras mais préférais concentrer sa régénération sur sa jambe à moitié découpé. De tous, seul Zapan était idem.

« Quel dommage…on commençait tout juste à s’amuser. »

Si ca ne tenait qu’à lui, il aurait volontiers continué ce combat très intéressant. Mais avec seulement Zapan d’indemne, la bataille ne pouvait plus être gagnée, le mettant en grand danger. Il leur fallait fuir tout de suite. Alors, finissant de se régénérer, Melkor tourna les talons avec regret, s’élançant aussi vite qu’il le pouvait à travers la nuit, échappant au massacre.

« Tu crois que je vais te laisser faire ?! »

Voyant sa cible s’enfuir, Djibril s’élança aussitôt à sa poursuite, sa vitesse largement supérieure à celle du démon lui faisant rapidement gagner du terrain. Un fait qui n’avait pas échappé à Melkor, celui-ci ayant déjà mit au point un plan. Attrapant un mercenaire en fuite, il l’éjecte vers l’Archange après avoir plonger la main dans la poche de son serviteur.

Un geste en apparence anodin, mais qui fort heureusement n’avait pas échappé à Djibril, celui-ci devinant facilement la volonté du démon. Et d’un bond en arrière, il évite de peu la détonation provoquée par la grenade que Melkor avait placée dans la poche du mercenaire. Mais, lorsque la fumée se dissipa, l’Archange ne put que constater la disparition de tous les démons.

« Fait chier ! »

« Alors ? Vous aviez fini par nous oublier ? »

« C’est vexant tout de même : moi qui nous croyais important. »

« C’est ca la gloire : un jour tout le monde pense à toi, et le lendemain tu deviens un inconnu. »

« A se demander si quelqu’un se souvenait encore de nous. »

« Et bien maintenant on sait que oui. Oh, et…Claire ? »

« Oui ? »

« Je crois qu’il est déjà mort. »

« Vraiment ? »

« Vraiment. »

« Bon… »

Une expression vaguement intéressée sur le visage, la jeune fille extirpa d’un coup sa lame du corps qui était à ses pieds, répandant encore un peu plus de sang sur le sol. Demeurant prudente malgré tout, elle inspecta du regard les multiples cadavres qui étaient allongés par terre, se tenant prête à frapper si l’un d’entre eux présentait encore le moindre signe de vie.

Mais cette prudence s’avéra inutile, tous ces hommes ayant succombés, Diante et elle les ayant massacrés jusqu’au dernier. Bien que prit par surprise au départ, les deux soldats n’avaient eu en effet aucun mal à se débarrasser d’eux, la différence de puissance étant bien trop importante. Et c’est donc avec un soupire de soulagement que Claire rengaina son arme.





Qui étaient ces individus ? Ils n’avaient rien dit, mais aucun doute ne demeurant quand à leur identité : des mercenaires envoyés par Melkor ou un autre démon afin de s’en prendre à eux. Malheureusement pour ces pauvres hommes, Diante & Claire s’étaient préparés depuis longtemps à une telle attaque, le résultat de leur travail s’imposant de lui-même aujourd’hui.

Mais outre le succès qu’ils avaient remporté dans cette bataille, c’était bien la faible fréquence des attaques en provenance des démons dont ils pouvaient se réjouir. Bougeant sans arrêt, passant d’un endroit à l’autre sans s’attarder plus d’une journée, effaçant soigneusement leurs traces, ils étaient parvenus à échapper aux traqueurs que les démons avaient lancés contre eux.

Malheureusement, cela n’était pas sans aller avec un revers de médaille. En effet, ne jamais se fixer ne favorisait pas leurs recherches, bien au contraire. Malgré leurs efforts et le temps qui s’écoulait, Claire n’avait toujours pas réussit à trouver la moindre piste qui puisse la mener jusqu’à son père, Morgoth demeurant insaisissable. Tel était le prix de la tranquillité.

Mais cela était-il réellement suffisant ?

*Qu’est-ce que c’est ?*

La nuit était déjà bien avancée lorsque la jeune fille s’éveilla en sursaut, se redressant d’un coup en position assise, le sommeil l’empêchant de comprendre les raisons d’une telle réaction. Et ce ne fut qu’au bout de quelques secondes, lorsqu’enfin la brume se dissipa, qu’elle perçu des bruits de pas à l’extérieur du bâtiment dans lequel elle dormait. Voila ce qui l’avait réveillée.

Réagissant aussitôt, ne cherchant même pas à obtenir plus d’information, elle sauta de son lit et enfila ses vêtements tout en cherchant son épée. Diante lui aussi avait il remarquer que quelqu’un se trouvait à l’extérieur ? Elle n’avait aucun moyen de le savoir, mais aller le prévenir risquait d’attirer l’attention des visiteurs et provoquer leur assaut. Il lui fallait agir seule.

Alors, se saisissant de son arme avec le plus de discrétion possible, elle avança rapidement jusqu’à la porte qui se trouvait quelques mètres d’elles, sortant du lieu qui lui servait de chambre dans un silence de mort. Ignorant tant la puissance que le nombre de personnes qui étaient dehors, elle était obligée de demeurer aussi discrète que possible, se mouvant sans le moindre bruit.





Prêtant une oreille attentive au moindre son, la fille de Morgoth finit par entendre à nouveau des bruits de pas au bout de quelques secondes, les percevant mieux à présent. Apparemment, une seule personne était venue leur rendre visite. Un démon ? Elle n’avait aucun moyen d’en être sur, mais vu la situation il y avait de fortes chances pour que ce soit le cas.

Mieux valait changer son plan et aller prévenir Diante le plus rapidement possible : contre quelques mercenaires cela pouvant encore aller, mais seule face à un démon elle ne faisant pas le poids. Alors, essayant de bouger rapidement tout en conservant une discrétion maximale, elle avança dans sa direction, priant intérieurement pour que le chasseur soit déjà debout.

Mais avant qu’elle ne soit arrivée à destination, une ombre surgie soudain devant elle, se plaçant entre Claire et sa cible. Une silhouette sombre et muette qui prit de court la jeune fille, la paralysant durant quelques secondes. Une attitude qui aurait put être fatale si l’ombre s’était mise en mouvement au lieu de demeurer immobile, laissant à Claire le temps de se ressaisir.

*Pas le choix…*

Raffermissant la poigne qu’elle avait sur son épée, Claire bondit soudain en avant vers son adversaire, donnant un large coup de lame à l’horizontale tout en hurlant tant pour se donner du courage que dans l’espoir de réveiller Diante. S’était certain : sans leurs deux forces combinées, aucune chance de victoire n’était envisageable face à un démon.

Et effectivement, l’ombre n’eu aucun mal à esquiver l’attaque plus que basique, n’ayant qu’à se jeter en arrière, la lame ne tranchant que du vide. Mais étrangement, l’ombre ne profita pas de cette opportunité pour contre-attaquer. Comme seule réaction, elle se contenta de défaire le manteau qui lui couvrait le corps, révélant des traits que Claire reconnue aussitôt.

« Maman ? »

« Tu es toujours une enfant turbulente à ce que je vois… »

Fort heureusement, un sourire joyeux vint accompagner ses paroles, sinon la culpabilité d’avoir attaqué sa mère aurait aussitôt assaillit la jeune fille. A la place, ce fut d’avantage la surprise qui vint occuper son esprit. Elle n’était pas dupe, sentant bien que l’expression qui était sur le visage de sa mère cachait en réalité une profonde tristesse, venant assombrir leurs retrouvailles.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Ca ne va pas ? »

« Ne t’en fais pas. C’est juste que…j’ai vu beaucoup trop de morts dernièrement. »

« Tous est de ta faute ! »

Sifflant dans l’air comme pour prévenir de son arrivée, un poing vint s’abattre lourdement contre le visage aux yeux rouges. Brisant les os de la mâchoire, faisant exploser les veines, la force du coup projeta sans mal sa cible qui alla s’écraser contre un mur. Mais loin de s’arrêter là, les coups recommencèrent bien vite à pleuvoir, redoublant sans cesse de violence et d’intensité.

Tout faux semblant avait enfin disparu, l’humanité que présentait habituellement l’agresseur n’apparaissant plus qu’à travers son apparence. Via les coups qu’il enchaînait, s’était toute la sauvagerie de sa véritable nature qui laissait s’exprimer librement. Ponctuant ses attaques de hurlements accusateurs, il continuait de frapper sous le regard impassible des autres.

« C’est à cause de toi que nous en sommes là…Par ta faute…Ils savent désormais qui nous sommes…Tu nous a tous condamner… »

Pas un murmure ne vint ne contredire ses propos, la peur qu’il inspirait autant que la logique les empêchant de lui donner tord. Il avait raison : cette attaque contre leurs ennemis avait gaspillée la quasi-totalité des ressources qu’ils possédaient. En une seule nuit, ils avaient perdu tous les hommes à leur service, les rares survivants se dispersant pour ne jamais plus revenir.

Mais il y avait bien pire : désormais, leurs visages et identités étaient connus. L’anonymat dans lequel ils avaient survécu durant si longtemps se trouvait brisé, donnant à leurs ennemis toutes les informations qui leur manquaient pendant toutes ses années. Maintenant, ce n’était plus qu’une question de temps avant que les chasseurs attaquent, les anéantissant pour de bon.

Tous cela à cause de Melkor ! Parce que ce démon qui les avait incités à s’engager dans une telle bataille. Alors comment reprocher à Baël de le rouer ainsi de coups, déformant son visage sous la force de ses poings ? Et ce d’autant plus que, malgré le sang et la chair qui se détachaient à chaque nouveau coup, le sourire sur le visage de Melkor ne disparaissait pas.

« Ca suffit Baël ! »

Se décidant enfin à ne plus demeurer simple spectateur, un des démons s’avança en direction du monarque infernal, attrapant son bras pour stopper ce flot d’attaque incessant. Se retournant en direction de celui qui osait ainsi l’interrompre, Baël s’obligea au calme. Un seul autre démon avait le droit de lui intimer un tel ordre, le forçant à s’arrêter : Zapan, l’un des 7 cardinaux.

« Il faut qu’on parle Melkor. »





De tous, c’était incontestablement le cardinal qui avait le moins réagit à leur cuisante défaite. Depuis qu’ils étaient rentrés ici…non, depuis cette nuit de bataille, Zapan demeurait étrangement impassible. Comme si le danger qui planait sur eux n’était pas important à ses yeux, il semblait préoccupé par autre chose. Et ce fut d’une voix étrange qu’il s’adressa à Melkor.

« Pourquoi nous battons nous ? »

« Demandez moi plutôt pour qui. »

Régénérant son visage affreusement déformé sous les coups de Baël, Melkor se releva lentement, le sourire qui animait ses lèvres s’élargissant encore plus. Enfin…l’un d’entre eux avait enfin finit par comprendre, réalisant qu’autre choses était à l’œuvre depuis le début de cette histoire. Qu’au fond, malgré leur orgueil, ils n’étaient rien de plus que des pions sur un vaste échiquier.

Tournant son regard en direction de Baël, Melkor sembla attendre un signe de sa part. Lorsqu’il avait rassemblé ce groupe de démon, le monarque infernal était le seul qui avait été mit au courant de ce fait, cette information suffisant pour le rallier à lui et le faire activement participé à ce plan. Mais bien entendu, le monarque avait finit par douter de la véracité de ses paroles.

Un doute qui venait aujourd’hui d’être balayer, Zapan confirmant les mots que Melkor avait prononcés. Il n’avait pas mentis, une puissance supérieur les dirigeait dans l’ombre…allant plus loin que l’autorité donc Baël lui-même pouvait se prévaloir. Et c’est donc avec un soupire d’agacement que celui-ci hocha la tête en signe d’acquiescement. Il n’avait pas le choix : il lui fallait obéir.

« Parfait ! Dans ce cas il est temps de préparer la suite. »

« Quelle suite ? Tu as un plan pour nous sortir de là ? »

« Précisément. »

De fait, Melkor savait que la guerre n’était pas encore perdue pour eux. Certes, leurs ressources en hommes et matériel avaient été largement épuisées par cette attaque. Mais il leur restait encore deux atouts en réserve, deux as dans leur manche. Deux sources de puissances incommensurables qui pouvaient leur permettre de reprendre l’avantage et d’écraser les chasseurs.

« Il nous reste l’Hybride et un moyen pour moi d’augmenter ma puissance. »

Ca n’avait pas été facile, mais il y était enfin parvenu. Perdu dans le flot de ses souvenirs commun à lui et son hôte, il avait réussit à localiser l’endroit où devait se trouver sa pierre d’âme, celle-ci lui permettant de récupérer toute sa puissance. Quand à Claire…lui donner un faux sentiment de confiance en envoyant des mercenaires tout en la faisant suivre n’avait pas été difficile.

« Croyez-moi : nous pouvons encore gagner cette guerre. »





Demeurant septiques devant cet élan d’optimisme, les autres démons restèrent silencieux, tous étant suspendu aux lèvres de Baël. S’était à lui, le leader du groupe, que revenait le choix final. A lui de dire s’ils devaient rester et continuer la lutte ou bien se disperser pour essayer de reprendre la même existence qu’autrefois. Une décision qui, en réalité, ne dépendait pas que de lui.

En effet, si ce choix avait vraiment été le sien, alors c’est sans la moindre trace hésitation qu’il aurait aussitôt massacré Melkor avant de partir pour reprendre une identité. Mais tel n’était pas le cas, d’autres éléments rentrant en comptes qu’il ne pouvait simplement occulter, le forçant à prendre une décision qui n’était pas la sienne…du moins en apparence.

« Très bien. Nous allons suivre ce plan. Tu sais où est l’Hybride ? »

« Je peux le savoir très rapidement. »

« Je vais me charger d’elle, tandis que Zapan distraira ses protecteurs. »

« Tu es sur ? »

« Je ne veux prendre aucun risque. »

Trop de fois il avait vu le danger que les humains étaient capables de déployer lorsqu’ils se trouvaient en groupe. De plus, l’Hybride était accompagné par le guerrier qui avait vaincu Abrahel, ce dernier représentant un guerrier à ne surtout pas sous estimer. Les attaquer tout les deux de front était une action stupide autant que risquée : mieux valait les battre séparément.

« Tous les autres vous irez avec Melkor »

« Pourquoi faire ? »

« Je vous l’ai dit : mieux vaut être prudent… »

Même si aucune parole ne fut ajouté, le message était suffisamment explicite pour tous : il n’avait aucune confiance en Melkor, sachant parfaitement que ce dernier était capable de les trahir après avoir récupérer son pouvoir, agissant toujours dans son propre intérêt. Voila pourquoi il valait mieux que les autres l’accompagnent, s’assurant qu’il agirait bien en fonction du plan.

« Vous savez tous ce que vous avez à faire. Exécution ! »

Baignée dans la lumière artificielle projetée par la lampe à côté d’elle, chassant les ombres qui l’encerclait de toute part, elle attendait. Mince silhouette lumineuse, si petite au milieu de la nuit qui partout ailleurs s’étendait sans limite, elle attendait. Elle attendait…mais quoi ? Un mouvement, un murmure, le moindre signe d’un danger si improbable qu’il en devenait inexistant.

Autrefois si confiant qu’ils ne prenaient même pas la peine de surveiller les alentours, Claire & Diante avaient dut revoir redoubler de prudence depuis quelques jours, organisant une garde durant la nuit. S’était certes largement moins confortable, mais compte tenu de la situation cela valait mieux : si Lucrétia avait réussit à les retrouver, d’autres le pouvait également.

Soupirant, tâchant de chasser le sommeil qui menaçait de la saisir à chaque instant, Claire se leva pour marcher un peu, ressassant dans son esprit les informations que sa mère leur avait communiquées en arrivant. Melkor…de toute évidence il avait décidé de passer aux choses sérieuses les concernant, employant tous les moyens qui étaient à sa disposition.

*Il va falloir agir vite*

Combien de temps encore pourraient t’ils encore se cacher, évitant la confrontation ? Pas éternellement, et la fuite n’était pas une solution. Il leur fallait absolument trouver du soutien, en prévision de l’inévitable bataille. Mais chez qui trouver cette aide ? L’armée ? Peut-être : même si elle avait officiellement désertée, elle avait encore de nombreux contacts là-bas.

Cependant, avant qu’elle n’ait put approfondir cette idée, un son suspect vint soudain interrompre les pensées de Claire. Un simple bruit qui suffit à la faire réagir aussitôt, la jeune fille allant éteindre la lampe tout en dégainant son épée, se tenant prête pour le combat. Et ce fut dans un silence de mort que ses yeux brillants se mirent à inspecter la nuit.





Pas le moindre mouvement, plus le moindre bruit, tout était redevenu calme…trop calme même. Cela ne présageait rien de bon : si c’était un animal, alors il aurait continué. Mais là, le son qu’elle était sur d’avoir entendu s’était aussitôt arrêté. Ce n’était pas naturel, une seule explication pouvant être déduite de cette situation : quelqu’un se trouvait à l’extérieur.

Alors, agissant exactement comme elle l’avait fait quelques jours auparavant, Claire se dirigea lentement en direction du lieu où Diante se reposait, allant chercher son aide pour la bataille qui risquait de bientôt débuter. Et cette fois encore, un élément imprévu vint l’arrêter dans sa progression, la surprise clouant littéralement Claire sur place.

*C’est quoi ce bordel ?*

Etes-ce ses yeux qui la trompaient, lui jouant des tours dont le manque de repos avait le secret ? Ou bien était-elle encore plongée dans un rêve si réaliste qu’on croit être la réalité jusqu’à l’instant du réveil ? Non, tout cela était bien réel. Et aussi improbable que cela puisse paraître, il y avait bien une arme à feu qui était entrain de flotter dans les airs à quelques mètres d’elle.

Et avant que la fille de Morgoth ait put commencer à trouver une explication logique à se phénomène, tout se mit soudain en action. Surgissant de nulle part, une cagoule vint se poser sur sa tête alors qu’une pique se faisant sentir sur son cou. Agissant par réflexe, l’impériale réussit à attraper son adversaire par les bras, le faisant basculer et s’écrouler devant elle.

Mais elle ne put aller plus loin. Irrésistiblement attirée par les bras de Morphée, Claire se senti rapidement basculer dans l’inconscience, comprenant trop tard son erreur. Des champs de camouflage…voila comment ils avaient fait pour approcher d’elle sans être vu, lui injectant ce somnifère avant qu’elle ait put réagir Et maintenant il était trop tard…

« Lève-toi. »

« Mmm ? Non…encore deux minutes… »

« DEBOUT j’ai dis ! »

Roulé en boule sur le canapé, Diante ne vit pas la menacer arriver. Son esprit et son corps au repos, il ne put que sentir une force le pousser soudain au niveau du dos, le renversant face contre terre. Grognon, le chasseur consenti alors à ouvrir les yeux tout en se relevant, observant le soleil qui s’élevant à l’horizon, se reflétant dans les cheveux de Lucrétia.





« Tu prends des risques en me… »

« Claire a disparue. »

L’esprit encore embrumé par le sommeil, Diante perdit petit à petit son air insouciant alors qu’il absorbait cette information, son visage prenant une expression sombre. Est-ce que…non, inutile de tirer des conclusions trop vite. Cette petite était plus que capable de se défendre seule, et le fait que sa mère n’arrive pas à la retrouver dès son réveil ne signifiait rien.

« Elle est peut-être juste partie faire un tour. »

« Sans prévenir personne ? »

« Physiquement elle est majeur pour de nombreux pays tu sais. »

« Et c’est normal qu’elle laisse trainer ceci ? »

Dans un mouvement brusque qui témoignait de l’inquiétude qui lui enserre le cœur en ce moment, Lucrétia plaça violement un objet dans la paume de Diante. Surprit, celui-ci baissa les yeux vers ce qu’elle venait de lui donner…sentant lui-même prit d’une certaine panique en le regardant. Il y avait de quoi : l’objet qu’il tenait encore ses doigts était le com-link de Claire.

Hors, jamais elle ne s’en serait séparée. Disciplinée durant son séjour à l’armée, elle avait apprit à toujours rester proche de cet appareil de communication afin d’appeler de l’aider en cas de danger. Et si Lucrétia avait trouvé cet objet, il était quasiment certain que Claire ne l’avait pas laissé tombe de son plein grès. Pas de doute possible : il lui était arrivé quelque chose.

« Lucrétia, où as-tu… »

Soudain, Diante interrompit sa phrase, sa chair autant que son esprit se retrouvant comme paralysé. Incapable de bouger, il leva les yeux vers Lucrétia, la lueur au fond de ses pupilles lui confirmation qu’elle aussi pouvait le percevoir : une aura incroyablement puissante était soudain apparue, si forte qu’elle suffisait à les mettre dans un cet état de peur.

Mais fort heureusement, il en fallait plus pour réellement impressionner Diante. Reprenant ses esprits au bout de quelques secondes, il attrapa rapidement ses armes avant de courir vers l’extérieur, réfléchissant à toute vitesse. Quel genre d’ennemi pouvait dégager une telle présence ? A l’exception de Melkor, il n’avait encore jamais ressenti une telle chose.

Cependant, lorsqu’il se retrouva dehors, nul imposant colosse ne se fit voir. Contrairement à ses attentes, il ne tomba pas nez à nez avec une imposante créature, tout droit sortie d’un cauchemar enfantin ? A la place, il n’y avait qu’une personne à l’apparence d’adolescent perché en haut du toit, le dévisagent avec une expression d’orgueil et de méprit sur le visage.


« C’est vous Diante Cry ? Quel déception. »

Qui était ce démon ? Quel était sa force ? L’étendu de ses pouvoirs ? Etait-il venu seul pour les affronter, ou bien des sbires attendant-ils dans l’ombre l’occasion de fondre sur lui ? Autant d’informations précieuses qui lui manquait cruellement, d’énigmes que l’urgence de la situation ne lui laissait pas le temps de résoudre. Il devait agir vite, écarter ce danger de Lucrétia.

Alors, prenant son courage à deux mains, Diante s’élança soudain. Sous le regard inexpressif de son ennemi il dégaina ses deux desert eagle et se mit à tirer vers le démon qui dut se jeter en arrière, chutant du toit à un mètre tout juste de l’impérial. Une réaction qui s’accorda parfaitement avec ce que le chasseur avait prévu, lui permettant de faire feu presque à bout portant.

Parcourant en un instant la faible distance qui séparait à présent les deux combattants, les balles ne parvinrent cependant pas à atteindre leur objectif. En effet, agissant avec une rapidité plus que remarquable, Zapan leva son épée pour s’en servir tel un bouclier, parant sans mal les tirs avec un sourire narquois qui répondit à l’expression de surprise sur le visage de Diante.

« A mon tour. »

En moins de temps qu’il ne fallu pour le dire, Zapan dégaina un révolver à double canon de sous son manteau, faisant immédiatement feu sur Diante. Une arme qui ne changeait pas des autres que par son apparence, la puissance de détente étant largement supérieure à la norme. Et ce fut à peine si Diante eut le temps de se jeter sur le côté pour esquiver, sentant les balles le frôler.

Mais à peine eut-il finit son mouvement, relevant la tête, que le chasseur vit son adversaire lui tomber littéralement dessus, sa lame levée prête à frapper. Prit de court, n’ayant pas le temps de dégainer son épée, l’impérial n’eut que le temps de croiser ses armes à feu. Un réflexe qui lui permit de bloquer, non sans mal, la lame adverse entre ses deux desert eagle.

Heureusement pour Diante, la parade réussit à surprendre le démon, créant un léger moment de flottement chez lui. Un bref instant de répit que l’impérial put mettre à son avantage, parvenant à repousser son ennemi d’un violent coup de pied au torse. Puis, libéré de ce poids, il se remit immédiatement, laissant tomber ses armes à feu pour saisir son épée à pleines mains.

Chargeant tant qu’il avait encore l’avantage, Diante frappa aussitôt en une attaque directe vers son adversaire qui ne put opposer que son bras comme unique bouclier. Cependant, à la surprise du chasseur, son coup fut stopper nette. Repousser en arrière d’un revers du bras, il remarqua que le plâtre qui entourait le membre était tombé…révélant un bien étrange spectacle.


« Surprise ! »





Qu’est—ce que c’était que ça ? Jamais il n’avait vu ou entendu parler d’une telle chose auparavant, les démons adoptant en général la même apparence physique que les humains. Ignorant tout de cette nouvelle menace, il allait devoir être extrêmement prudent, Diante rengainant son épée pour récupérer ses armes à feu sur le sol…en un mouvement dont le démon profita aussitôt.

Impatient de clore ce combat, Zapan se jeta soudain en avant. Et avant que Diante n’ait put esquisser le moindre mouvement de défense, la créature le projeta au loin avec une force peu commune, le faisant s’écraser lourdement contre le sol. Sonné, le chasseur ne put pas plus esquiver le second coup, celui-ci le propulsant en arrière à travers des éclats de bois.

Quittant l’herbe fraiche du matin pour atterrir avec fracas au milieu d’un dallage de pierre, Diante comprit soudain où il se trouvait : le démon l’avait attiré dans l’église abandonnée qui se trouvait à quelques dizaines de mètres du lieu de repos. Un choix judicieux compte tenu qu’il avait de meilleures compétences physiques, limitant ainsi les possibilités d’esquives de l’humain.

« Mais c’est que tu serais presque intelligent en plus… »

S’adressant à son adversaire qu’il avait vu arriver à pleine vitesse sur lui, Diante exécuta un roulé boulé en arrière, laissant la lame adverse se planter dans la pierre, laissant à l’impérial l’occasion de se remettre debout. Tenant une de ses armes à feu dans une main et sa lame dans l’autre, le chasseur repassa aussitôt à l’attaque, son épée et celle de son adversaire d’entrechoquant.

Un duel de force qui ne dura pas plus de quelques secondes, les deux adversaire se jetant en arrière d’un même mouvement, se mettant à mitrailler de leurs armes à feu tout en courant à travers les colonnes qui explosaient sur leur chemin. Mais cela n’allait pas être suffisant, Diante sautant alors contre une des colonnes, prenant appui sur elle pour se propulser vers le démon.

Sa force physique décuplée par sa vitesse, il réussit à repousser son adversaire d’une frappe magistrale de la lame, suivant son mouvement de tirs. Mais ce ne fut pas suffisant, Zapan faisant lui-même feu alors que les balles des deux armes se percutaient en plein vol. Heureusement, ce ne fut pas totalement inutile, la créature maléfique ayant gaspillée ses dernières munitions.

Jetant son arme à feu au loin, le démon se baissa alors pour saisir une dalle, la projetant sur Diante tout en chargeant. Une tactique que le chasseur employant lui-même, découpant l’objet d’un mouvement de son épée tout en allant à la rencontre de Zapan, les deux adversaires se bloquant mutuellement…souriants comme des gamins alors que leurs regards se croisaient.





Ils se ressemblaient beaucoup. Le style de combat, les mouvements, la façon de pensée…ils étaient pareils. Mais la comparaison s’arrêtait là. Le démon était bien plus fort que lui, Diante ne parvenant à combler la différence qu’en poussant son corps dans ses derniers retranchements, s’épuisant rapidement alors que son adversaire conservait de la marge en terme de puissance.

Conscient de cette inégalité entre eux, Diante décida alors de tenter le tout pour le tout. Rompant le duel dans lequel ils étaient bloqués en se jetant en arrière, le chasseur raffermis la poigne sur son arme tout en tournant le manche, des éclairs se mettant aussitôt à parcourir la lame. Le système Damoclès…face à un tel adversaire, il n’avait pas d’autres choix que de l’utiliser.

Et tandis que la surprise apparaissait sur le visage de son adversaire, l’impérial se mit soudain à tirer comme un possédé, mitraillant sans relâche le démon tout en avançant. Une tactique d’approche qui lui coûta son chargeur, mais qui porta ses fruits. Arrivant jusqu’à Zapan alors que celui-ci était occupé à parer le flot de balle, Diante put lui enfoncer sa lame dans la chair.

Une blessure certes pas sérieuse, mais qui suffit à propager un fort courant électrique dans le corps du démon, le paralysant entièrement…ou presque. Car à l’instant même ou Diante allait le décapiter d’un ample mouvement de lame, le bras droit de Zapan l’attrapa soudain à la gorge, lui broyant le cou avec tant de force que le chasseur arrêta son assaut, ployant sous la douleur.

« C’était bien tenté, mais il en faut plus pour…ah. »

Soudain, une expression de surprise mêlée à une douleur intense vint s’inscrire sur le visage du démon. Privé de toutes ses forces, il s’écroula lourdement sur le sol dans une réaction étrange qui trouvait son explication juste derrière lui. Lucrétia ! Profitant du peu d’attention que la créature lui portait, elle s’était furtivement approchée de lui dans son dos, lui plantant une arme.

Une lame identique à celle qui avait tuée Azazël quelques semaines auparavant, et qui encore une fois venait de lui offrir la victoire…du moins en apparence. Reprenant soudain son souffle, comme ramené à la vie par une force invisible, Zapan se remit lentement debout sous le regard stupéfait des deux humains, s’adressant à Lucrétia d’une voix vaguement intéressée.

« Où as-tu eu ça ? »

Sans attendre de réponse, il frappa violement la jeune femme, l’envoyant s’écraser contre un mur quelques mètres plus loin. Et tandis que Diante se portait vers elle, la puissance du démon se mit soudain à augmenter de façon prodigieuse, l’aura qui se dégageait de son corps devant encore plus imposante alors que ses yeux se mettaient à briller d’une couleur aussi rouge que le sang.

« Très bien…je consent à me battre un peu plus sérieusement avec vous. »

Cela semblait impossible, irréaliste, comme un de ces cauchemars qui déforme la réalité en une effrayante vision. Mais cette fois-ci il n’y avait aucun réveil salvateur pour venir dissiper les peurs, aucuns éléments d’espoir pour redonner un peu de courage. Et c’est sous le tient de plus en plus blême de ses deux ennemi que l’aura du démon continuait de croitre sans limites.

« Ca se présente mal hein ? »

« J’en ai bien peur. »

Serrant les dents, Diante rengaina alors son desert eagle tout en réactivant le système de son épée, se mettant en garde. Il ne connaissait pas grand-chose de son adversaire, mais le peu qu’il en voyait incitait à la plus grande attention. Malheureusement, tout la prudence pour il pouvait faire preuve n’était pas suffisante face aux capacités que le démon dévoilait enfin.

Passant soudain à l’attaque, celui-ci couvrit en un instant la distance qui le séparait de ses deux adversaires, fendant l’air de sa lame en direction de Diante. Un coup si rapide que le chasseur eut à peine le temps de le parer, reculant sous la force de l’attaque. Mais il n’avait pas le temps de souffler, devant aussitôt relever sa lame pour stopper une nouvelle attaque.

Usant de toute l’expérience qu’il avait, Diante parvint ainsi à contenir tant bien que mal les assauts du démon pendant quelques secondes, reculant sans céder malgré la vitesse et la force dont faisait preuve la créature maléfique. Cependant, il savait au fond que cet équilibre précaire ne durait pas éternellement, la fatigue commençant à parcourir son corps, l’affaiblissant rapidement.

Alors, décidant de jouer le tout pour le tout, Diante parvint à bloquer la lame adverse avec son arme, lâchant le manche d’une main pour donner un coup de poing à son adversaire…qui encaissa l’assaut sans broncher malgré sa puissance. Pire encore, celui-ci en profita pour laisser tomber son épée, attrapant le bras de Diante tout en levant son poing pour frapper le chasseur avec force.





Incapable de réagir, Diante ne put rien faire d’autre que de sentir le coup s’abattre sur son torse, fêlant ses os et l’écrasant littéralement contre le sol. Mais, fort heureusement pour lui, le danger de la situation associé à ses réflexes d’acier lui permirent de réagir malgré tout. Et s’est donc à moitié sonné que le chasseur réussit à dégainer une de ses armes à feu, tirant à bout portant.

Ne s’attendant certes pas une telle réactivité, Zapan n’eut pas le temps d’esquiver le tir qui lui traversa la bouche, explosant l’arrière de son crâne dans une gerbe de sang et d’os. Une blessure qui perturba le démon suffisamment de temps pour que Diante le repousse d’un violent coup de pied au thorax, se remettant debout alors que le démon guérissait à vue d’œil.

« Pas mal. Melkor n’avait pas menti à votre sujet. »

Loin de s’inquiéter devant la ténacité dont faisait preuve son adversaire, Zapan semblait au contraire beaucoup s’amuser, riant intérieurement devant les tentatives de Diante pour retarder l’inévitable et défendre vainement sa vie. Cependant, il avait déjà perdu trop de temps avec ce faible adversaire, se remettant en mouvement avec l’idée d’en finir une fois pour toutes.

Bondissant en arrière vers l’une des colonnes qui composait l’édifice, le démon s’en servit pour se propulser en avant, se rapprochant rapidement de Diante en sautant d’une colonne à l’autre. Comprenant son intention de fondre sur lui par les airs, le chasseur recula aussitôt afin de se trouver hors de porter…sa réaction se montrant pourtant insuffisante.

En effet, Zapan pertinemment qu’une tactique aussi prévisible n’avait aucune chance d’aboutir, ayant un tout autre plan en tête. Frappant de son poing droit l’une des colonnes, il se laissa tomber avant de la frapper à nouveau au niveau de la base. Puis, sous le regard incrédule de Diante, il se saisit de la structure en pierre avec son étrange bras, la détachant du reste de l’édifice.

« Mais…c’est quoi ce bordel ?! »

Prit de court par cette situation totalement surréaliste, Diante regarda la menace se préciser sans parvenir à y croire. Et ce fut immobile qu’il observa le démon lever de plus en plus haut la colonne de pierre, comme si elle ne pesait quasiment rien, avant de la jeter dans sa direction, la structure de pierre balayant tout sur son passage sous le regard observateur du démon.





Heureusement, la tétanie dont faisait preuve Diante parvint à se dissiper juste à temps. Réagissant au dernier moment, le chasseur bondit soudain en l’air, laissant l’imposant bloc de pierre passer juste en dessous de lui. Une esquive un, en plus de lui épargner une mort brutal, offrait une opportunité inespérée : le démon n’avait plus d’arme en main, se retrouvant à sa merci.

Alors, activant le système Damoclès à son niveau maximal, Diante bondit vers Zapan avec son épée illuminée par les éclairs que la traversait. Usant de toute sa vitesse, n’ayant aucune retenue, il parvint à couvrir les quelques mètres qui les séparait avant que le démon n’ait eu le temps de réagir, abattant sa lame avec toute la force qui lui restait. Largement insuffisante.

Réagissant au tout dernier moment, comme une ultime provocation lancée pour démonter leur différence de puissant, Zapan attrapa la lame de sa main droite, stoppant nette l’attaque. Et il n’eut besoin que d’un simple mouvement du coude pour fissurer l’arme qui se brisa presque aussitôt en un millier de morceau, chacun reflétant l’expression tétanisée de Diante.

« Ne soyez pas déçu. C’est dans l’ordre des choses. »

Frappant le chasseur avec son bras droit, le démon projeta Diante sur le sol juste avant de dégainer sa lame avec son autre main, la levant pour asséner le coup mortel. Mais à l’instant même où il l’abattit, son bras tomba sur le sol dans un halo bleu qui accompagne un hurlement de douleur. Lucrétia avait surgie dans son dos, lui tranchant le membre avec son sabre laser.

Mais son action ne leur accorda l’avantage que durant un court instant. Réagissant aussitôt, le démon asséna un violent coup de poing à Lucrétia, la projetant face contre terre alors que chairs et os sortaient de son moignon saignant, créant un nouveau bras. Et s’est donc impuissant et épuisés que les deux humains le vire récupérer son épée, se préparant à frapper le dernier coup.

« Adieu. »

Abattant la lame vers eux, impatient de conclure ce combat, Zapan ne vit pas la menace arriver. Persuadé d’avoir mit au tapis tous ses adversaires, ce ne fut que trop tard qu’il remarqua le couteau qui vint percuter sa lame avec force, déviant sa trajectoire et la faisant s’écraser à quelques centimètres de ses cibles. Quelqu’un était intervenu, sauvant Diante & Lucrétia.

« Qui a-t-il Diante ? Tu comptes te laisser mourir aussi facilement ? »

Une intervention salvatrice, dont l’auteur n’était pas à chercher bien loin, celui-ci ne prenant même pas la peine de dissimuler sa présence, se tenant juste à l’entrée de l’église. Une personne au visage dissimulé par une vaste capuche, mais que Diante n’eut aucun mal à reconnaître. Un puissant guerrier qui, par deux fois déjà, lui était venu en aide dans le passé.

« Samaël ?! »

Surprise par cette apparition inattendue, ne sachant s’il s’agit là d’un réel allié ou d’une nouvelle menace, Lucrétia se tourna en direction de Diante, l’expression sur le visage du chasseur suffisant à lui donner une réponse. Cet homme lui avait sauvé la vie par le passé, l’aidant également à retrouver Claire. Aucun doute possible : ils n’avaient aucune raison de le craindre.

« Tenez : on m’a chargé de vous remettre ceci. »

Comme pour venir confirmer cette pensée, Samaël lança le sac qu’il portait sur le dos en direction de Diante, le chasseur attrapant le lourd colis qui se révéla être une épée. Une lame qui ne lui était pas inconnue, étant celle qu’il avait brisée lors de son combat contre la succube Abrahel. Elle avait été reforgée, lui semblant plus resplendissante que jamais.





Et alors que Diante restait en admiration devant sa nouvelle arme, Samaël alla à la rencontre du démon qui était demeuré impassible jusque là, s’approchant de lui avec une attitude si décontractée que cela frôlait la provocation. Un mépris pour son adversaire qui ne manqua pas d’inquiéter Diante. Comptait-il vraiment se battre seul contre le démon ?

« Ne te la joue pas, tu as besoin de moi pour… »

« Merci de la proposition. Mais vu votre état, vous ne me seriez d’aucun utilité. »

Epuisé par son affrontement contre Zapan, Diante ne put lui donner tord, sachant que si il se jetait dans la bataille cela ferait de lui un gène plus qu’une réelle aide. Alors, n’ayant d’autres choix que de suivre ce conseil avisé, le chasseur s’adossa contre une colonne tout en tenant fermement son épée, jurant intérieur de combattre dès qu’il serait un peu reposer.

Satisfait d’une telle attitude, Samaël put alors se poser face au démon qui était resté en observateur, jugeant que ce nouvel arrivant ne ferait de toute façon par le poids face à lui. Un jugement qui fut mit à rude épreuve lorsque son adversaire se mit soudain en action, lançant de petits couteaux vers lui avec une vitesse et une dextérité qui surprirent Zapan lui-même.

Mais, agissant avec des réflexes impressionnant, celui-ci parvint malgré tout à parer toutes les lames avec son épée, les rares qui lui échappèrent allant s’écraser contre son bras droit qui faisait office de bouclier. Et c’est donc avec son habituelle expression d’orgueil que Zapan put se jeter en arrière, atterrissant en hauteur comme pour flatter son égo.

« Pensiez-vous vraiment pouvoir me battre aussi facilement ? Quelle naïveté. »





Demeurant silencieux, Samaël ne put éviter qu’un mince sourire monte à ses lèvres, comme pour répondre à l’expression du démon. Depuis le début il s’avait parfaitement que ces quelques couteaux ne pourraient arrêter un adversaire aussi puissant que Zapan. Mais cela n’avait pas été inutile pour autant, lui permettant de saisir la façon de pense du démon.

« Dans ce cas, petit diablotin, pourquoi recules tu ? Est-ce que je te fais peur ? »

Ne réfléchissant pas, furieux d’être ainsi défié, Zapan se jeta aussitôt vers son adversaire. Frappant sans retenue, il vit son adversaire esquiver l’assaut d’un simple pas sur le côté, en profitant pour attaquer le démon de son poing…sans que cela ne produise plus d’effet qu’avec Diante, la créature maléfique encaissant l’attaque sans broncher.

Tirant au contraire parti de cette situation, il ne profita pour relever sa lame et frapper son ennemi d’un coup circulait, l’exécution rapide de cette attaque ne laissant aucune chance d’esquive. Mettant son bras devant la lame, tel un bouclier de dernier ressort, Samaël réussit pourtant à créer la surprise général lorsque l’épée s’arrêta nette au contact de son membre.

« Qui est le naïf déjà ? »

Il n’y avait aucune magie là-dessus, la réponse apparaissant clairement lorsque le démon retira son arme. Samaël portait des avant-bras en métal, parvenant ainsi à bloquer l’attaque du démon. Mais presque aussitôt Zapan se remit à frapper son adversaire, celui-ci parant les puissants coups tant bien que mal, reculant à chaque nouvelle attaque.

Mais malgré cette position d’infériorité apparente, Samaël ne semblait éprouver aucune inquiétude quand à la suite des événements. Et c’est avec une expression tout aussi assurée qu’il bloqua la lame adverse avec un de ses avants bras, semblant flancher durant quelques secondes…avant que la lame n’aille s’écrase contre le sol, comme si elle lui était passée à travers.

Et outre le fait de voir son attaque échouée sans raison, Zapan senti soudain une vive douleur à la poitrine, baissant ses yeux rouges pour remarque deux tâches de sang qui s’étendaient rapidement sur ses vêtements, témoin des blessures qu’il venait de subir. Plus d’avoir dévié son attaque, Samaël avait réussit à le frapper avec deux lames dissimulées.





« Mais c’est… »

Continuant d’observer le combat qui faisait rage à quelques mètres à peine de lui, Diante n’avait pas manqué de remarquer l’action que venait d’effectuer le mystérieux guerrier. Une technique qui combinait à la perfection attaque et défense, ne laissant aucune chance à sa victime de contre-attaquer. Un mouvement… qu’il avait déjà vu par le passé.

Et pour cause, puisqu’il l’avait affronté autrefois. Lors du plus difficile combat qu’il ait jamais mené, face à un adversaire que rien ne semblait pouvoir abattre. Un guerrier surpuissant, exactement comme Samaël, qui avait bien faillit le tuer. Etait-il possible que…non, cela semblait inconcevable. Et pourtant, il y avait trop de similitude pour que cela soit une coïncidence.

« Raphaël ? »

Surprit d’entendre ce nom, Samaël tourna son regard en direction de Diante, se distrayant du combat. Quelques instants de déconcentration qui faillirent être fatal, Zapan en profitant pour donner un coup rageur. Et ce ne fut qu’au prix d’un bond en arrière que le guerrier put éviter, le souffle provoqué par l’attaque faisant basculer le capuchon…révélant son visage.

« TOI ?! »

Oubliant qu’ils étaient en plein combat, oubliant que le démon était toujours là, Diante bondit tel un diable de sa boite. Fonçant à pleine vitesse, il attrapa Samaël dans sa course et le renversa, plaquant celui-ci contre le sol avant de le harceler de coup. Emporté par une rage soudain, le chasseur frappait sans relâchant, ponctuant chacun de ses coups d’insultes.

« Espèce de salop…enfoiré…comment as-tu osé…COMMENT AS-TU OSE ME FAIRE ÇA ?! »

Sous le regard incrédule de Lucrétia, Diante continua de frapper ainsi le mystérieux guerrier durant plusieurs secondes, jusqu’à ce que ses forces deviennent trop réduites pour porter le moindre coup. Alors, tel un gamin, il se mit soudain à pleurer. Sans qu’il puisse ou même souhaite les retenir, des larmes se mirent à couler le long de ses joues. Des larmes de soulagement.

« Ne me fait plus jamais un coup comme ça… »

« Désolé…petit frère. »

Enfin. Enfin tout devenait clair dans son esprit, la vérité lui apparaissant lipide désormais. Les questions qui obscurcissaient ses pensées depuis si longtemps se dissipaient, le responsable de tout lui apparaissant. Mais le destin n’eut pas la volonté de voir cette vérité être connue avant l’heure, la fatalité frappant de sa main avant que Michael ait put articuler le moindre mot.

L’arrachant à ses pensées, une lame vint soudain déchirer sa chair, faisant jaillir le sang hors de son corps. Le souffle coupé par cette attaque, Michael recula de quelques pas avant de chuter du majestueux sommet, tombant autant physiquement que mentalement. Sentant déjà la faux se lever au dessus de lui alors qu’il ricochait sur les pierres millénaires, il su qu’il allait mourir.

Mais alors que tout espoir semblait perdu, que lui-même abandonnait toute volonté de vivre, une présence chaleureuse vint soudain l’envelopper entre ses bras. Et tandis que sa chute ralentissait puis s’arrêtait d’un coup, Michael plongea dans un sommeil sans rêve. Un autre univers au-delà du temps dont il fut soudain extirpé, son esprit le réveillant brutalement.

« RAPHAËL ! »

Se redressant d’un coup, l’Archange hurla le nom de son mentor alors que la lumière pénétrait avec violence dans ses pupilles, l’aveuglant sans parvenir à calmer son esprit. Où était-il ? Depuis combien de temps ? Pourquoi était-il encore en vie ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête, brouillant ses pensées jusqu’à ce qu’une voix douce parvienne à ses oreilles.

« Vous ne devriez pas faire de mouvements brusques. »

« Sélène ? »

Reconnaissant la voix de son apprentie, Michael ouvrit lentement les yeux. C’était bien elle, la jeune femme se tenant à côté du lit sur lequel il était assis. Maintenant il comprenait : elle l’avait sauvé, le rattrapant dans sa chute. Une action qui n’avait pas été sans conséquence, Sélène présentant de nombreux bandages, témoins des blessures subies lors de ce sauvetage.

« Sélène, comment as-tu… »

Avant qu’il ait put finir sa phrase, l’Archange senti soudain un poing s’abattre sur son visage. Un coup qui n’était guère puissant, mais qui suffit à le faire ployer à cause de l’état dans lequel il se trouvait. Et alors que son corps était projeté contre le lit, que chacun de ses os hurlait de douleur suite à ce mouvement brusque, l’aîné de Diante remarqua que son apprentie pleurait.

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que j’ai fais quelque chose d’aussi stupide ?!! »





« Pardon Sélène…et merci. »

Il comprenait très bien ce que le sauver impliquait pour elle : en faisant cela, en sauvant le paria qu’il était, elle devenue une traitresse aux yeux des chasseurs, l’empêchant de jamais accomplir son rêve. Son objectif…soudain, une pensée traversa l’esprit de Michael, le forçant à se redresser malgré l’état pitoyable dans lequel était son corps, provoquant les réprimandes de son apprentie.

« Restez allongé. Vous n’êtes pas en état de… »

« NON ! Il faut que j’aille prévenir Claire et Diante. Ils sont en danger. Raphaël va les tuer ! »

« Raphaël est mort ! Ils l’ont vaincu. »

Raphaël ? Mort ? Mais enfin…c’était absolument impossible ! Même lui n’avait pas eu assez de talent pour battre l’autre Archange, alors comment auraient put y arriver ? Troublé par cette nouvelle, Michael mit quelques secondes avant de laisser le soulagement l’envahir, chassant les questions de son esprit. Peu importe comment, ils étaient en vie, et s’était le principal.

Il voulait aller les voir, maintenant, tant pour les féliciter que pour les rassurer. Mais à mesure que les secondes défilaient, ses pensées devaient plus claires, l’empêchant de commettre une erreur. Même si il en mourrait d’envi, il ne pouvait plus aller les retrouver. Le simple fait de les contacter serait en soit une imprudence folle, qui risquait de briser les efforts de Sélène.

A coup sur, les chasseurs devaient désormais garder un œil attentif sur son frère et la fille de Morgoth, les surveillants de très prêt. Et en dépit des moyens dont il disposait, Michael ne pouvait espérer communiquer avec eux sans que les autres chasseurs ne le remarque. En agissant imprudemment, ce n’était pas seulement lui qu’il mettait en danger, mais aussi son apprentie.

« Est-ce que tu as mon second uniforme ? »

« Le second ? Vous ne voulez pas dire que… »

« Si. C’est encore ma meilleure option. »

Même si il devait se faire passer pour mort, cela ne l’empêchait pas pour autant de combattre, lui laissant au contraire l’occasion d’agir plus calmement dans l’ombre. Et pour cela, rien n’était mieux que l’identité qu’il s’était créer bien des années auparavant, afin de brouiller les pistes. Un personnage, fabriqué de toutes pièces, qu’il avait fait connaître sous le pseudonyme de Samaël.





Tel fut la vie que Michael, le grand Archange, connu durant des mois. Mort aux yeux de tous, maudit par les chasseurs, il continua de leur apporter son soutien. Pleuré par Diante et Claire, il demeurait toujours non loin d’eux, veillant sans cesse à ce qu’il ne leur arrive rien. Ennemi vaincu pour Melkor, il était le seul à connaître la vérité, combattant le démon sans relâche.

Et même si ses forces revinrent trop tard pour empêcher la résurrection de cet antique adversaire, Michael ne demeura pas inactif. Ce fut lui qui intervint lorsque Diante se retrouva mortellement blessé, lui redonnant l’envi de combattre. Un des premiers à s’opposer aux plans de Melkor, il écrasa Siegfried et protégeant les chasseurs. Et aujourd’hui encore, il combattait les démons.

« Michael… »

« Bonjour Lucrétia. Décidément les morts ont du mal à rester dans leur tombe. »

N’étant guère surprit par la présence de Lucrétia, ayant déjà eu connaissance de son retour, l’Archange détacha rapidement son regard d’elle pour s’avancer vers Zapan. Il savait qui était son adversaire, de même qu’il savait au combien celui-ci était dangereux. Mais alors que Michael s’apprêtait à repartir au combat, une main vint se poser sur son épaule, l’arrêtant.

« C’est un gros morceau. Je vais t’aider. »

« Merci. Mais ce n’est pas la peine, je peux très bien m’en occuper tout seul. »

« On a pas de temps à perdre ! Il faut le vaincre le plus vite possible. »

Il ignorait depuis combien de temps Claire avait disparue, chaque secondes qu’ils perdaient à combattre cet adversaire diminuant leurs chances de la retrouver. Michael perçut-il les raisons qui poussaient son frère à vouloir battre vite cet adversaire, au point d’en être imprudent ? Qu’il l’ait deviné ou non, cela n’empêchant pas un mince sourire d’apparaître sur ses lèvres.

« Tu es sur de pouvoir tenir le rythme ? »

« Ca serait plutôt à moi de te demander ça. J’espère que la mort ne t’as pas ramollit. »

Hochant la tête en signe d’approbation, soupirant légèrement avant de reprendre une expression sérieuse, l’Archange se mit en position. Dans une synchronisation parfaite, Michael dégaina un katana flambant neuf alors que Diante levait ses desert eagle, déjà prêt à couvrir l’assaut de son aîné. Pour la première fois depuis de nombreux mois deux frères Cry allaient se battre ensemble.

Demeurant étrangement calmes, n’ayant pas encore fait le moindre mouvement, les deux frères attendaient. Rompant avec l’impatience qui les agitait quelques secondes auparavant, ils semblaient attendre que le démon face le premier. Mais si tel était bien le cas, alors ils pouvaient encore attendre longtemps, Zapan sachant parfaitement contenir ses envies de meurtres.

Et c’est plus avec un rire intérieur que le démon passait cette période de calme avant la tempête. Au final, ces deux humains n’avaient rien de bien redoutable, leur tactique étant plus qu’évidente : l’aîné chargerait, et le cadet tirait pour l’immobiliser. Et cette image fut si présente dans son esprit, que Zapan ne fit pas un geste lorsqu’ils se mirent en action, agissant comme il le prédisait.

Mais bien mal lui prit cette sous-estimation de leur puissance. Car à l’instant même où Michael allait le frapper, l’Archange bondit soudain en arrière, dégageant le champ de vision du démon qui vit l’autre humain lui tomber dessus. Prit de court, Zapan leva son arme pour parer l’attaque, parvenant à la stopper non sans mal…juste avant que des balles ne lui transperce le corps.

Et alors que des impacts apparaissaient sur son corps, tous devient clair. Leur posture de départ était une ruse, la charge de l’aîné ne servant qu’à dissimuler les mouvements de son frère, celui-ci lançant ses armes à feu en l’air avant de l’attaquer avec son épée. En reculant, le plus grand des deux avait récupérer les desert eagle au vol, tirant maintenant sur lui avec dextérité.

« Il semblerait que tu te sois faire avoir. »

Enrageant devant le sourire supérieur que lui adressait Diante, Zapan réagit soudain. Usant de toute sa force, il repoussa son adversaire d’un simple mouvement du bras, le chasseur allant s’écraser contre les piller quelques mètres plus loin. Alors, libéré de cette gêne, le démon put réorienter sa lame vers les tirs, parant chacun d’entre eux tout en se régénérant.

Voyant que leur plan n’avait plus lieu d’être, Michael abandonna les deux desert eagle de son frère, ramassant son katana qui traînait sur le sol avant de charger le démon. Agissant avec une rapidité impressionnante pour un humain, il arriva devant le démon avec une vitesse qui sembla le prendre de court. Mais ce n’était qu’une illusion, Zapan n’ayant aucun mal à arrêter son attaque.

« C’est tout ce dont vous êtes capable ? Ca me déçoit. »





S’apprêtant à frapper son adversaire immobilisé, Zapan eut pourtant la surprise de voir Michael sourire en dépit de la situation délicate dans laquelle il se trouvait. Une expression supérieure qui trouva son explication lorsque l’Archange attrapa le bras du démon, l’immobilisant à son tour dans un mouvement qui semblait inutile…jusqu’à ce que Diante surgisse soudain dans son dos.

Réalisant qu’il venait de se faire avoir, le Cardinal infernal eut à peine le temps de réagir face à cette nouvelle ruse. Relevant la lame qu’il tenait de sa main gauche, il obligea l’aîné des frères à lâcher prise et reculer pour éviter le coup mortel, laissant le démon faire volte face. Et ce fut à quelques centimètres à peine de son visage que les deux lames se rencontrèrent.

Bloqué à nouveau dans un duel de force, Zapan tenta tant bien que mal de se rejeter son ennemi, cherchant à retrouver sa liberté d’action. Mais cette fois-ci, Diante parvint à compenser la force physique du démon, lui résistant. En effet, celui-ci s’était considérablement fatiguer en parant leurs enchainements, ne pouvant plus espérer prendre le dessus physique sur eux désormais.

« Qui a-t-il petit diablotin ? Tu faiblis ? »

Déconcentrant le démon avec cette provocation, Diante n’en demeura pas moins attentif, sachant parfaitement quelle était la prochaine étape du plan. Jetant un coup d’œil vers son épée, il vit dans le reflet de celle-ci son frère se rapprocher rapidement d’eux. Alors, le chasseur se jeta d’un coup en arrière, penchant son corps pour laisser la lame de Michael lui passer au dessus.

Prit par surprise, n’ayant pas réussit à anticiper une cette attaque dissimulée par le cadet des frères, Zapan réussit néanmoins à parer l’assaut. Mais ce ne fut pas suffisant…car à l’instant même où il s’était baissé, Diante avait dégainé ses desert eagle, récupérés avant qu’il ne charge le démon dans le dos, faisant feu sur le Cardinal infernal dès que les lames se rencontrèrent.

Ployant sur les attaques combinées de Michael & Diante, comprenant qu’il ne pouvait combattre les deux en même temps, Zapan se décida soudain à réagir, même si il devait y laisser des plumes. Se jetant en avant, il s’empala de lui-même sur la lame de Michael, celui-ci ne pouvant qu’observer le démon attraper son épée à pleine mains avant de lever son bras droit pour le frapper.

N’ayant pas le temps d’agir autrement, l’Archange dut alors abandonner son arme pour se jeter en arrière, évitant de peu le coup du démon. Mais loin de s’arrêter là, le Cardinal infernal repassa aussitôt à l’assaut, parcourant les quelques mètres qui les séparait à pleine vitesse, frappant de nouveau en direction de Michael…jusqu’à ce qu’un élément imprévu vienne le stopper.





« Qu’est-ce qui t’arrive Michael ? C’est l’âge, ou le fait d’être mort qui t’as rouillé ainsi ? »

« Je dirais plutôt le manque d’adversaire potable. »

Demeurant extrêmement serein malgré le danger auquel le démon ne cessait de les exposer, l’aîné se mit aussitôt en mouvement, agissant comme cela était prévu dans ce genre de situation. Ainsi, il dégaina de nombreux couteaux et les lança en direction des deux adversaires qui agirent d’un même mouvement, reculant tout les deux, Diante jetant en plus son épée en l’air.

Un mouvement qui s’accompagna d’une nouvelle volée de couteaux lancés vers Zapan, celui-ci les observant sans s’alarmer. Ils étaient trop lents, ne représentant pas une menace. Ou du moins…ne le furent t’ils pas jusqu’à ce que Diante s’en même. Levant ses desert eagle, il tira en direction des armes qu’avait jeté son frères, ses balles frappant leurs manches et accélérant leur vitesse.

Prit de court, n’ayant jamais imaginé une telle stratégie possible, le Cardinal infernal ne put que subir la morsure des lames. Mais loin de s’arrêter, le cauchemar continua pour lui. En effet, juste après avoir lancé ses couteaux, Michael se jeta dans sa direction, attrapant au l’épée de Diante au vol. Et alors, d’un vaste mouvement de lame, il trancha le torse du démon jusqu’au cœur.

« Quoi ?! »

Arrachant d’un mouvement sec son katana qui était toujours planté dans le corps de la créature, Michael envoya l’autre lame en arrière, Diante la rattrapant juste à temps pour frapper Zapan. Puis, dans une synchronisation parfaite, les deux frères se mirent à harceler le démon d’attaques, le frappant sans relâcha, ne lui laissant pas la moindre possibilité de ce dégager.

Submerger par ce démon de coup qui venait en tous sens, obligé de compter tant sur ses parades que sur sa régénération, Zapan était incapable d’opposer une véritable résistance. Et ainsi, tandis que Diante abaissait son arme, Michael frappa de sa lame l’épée de son frère, accélérant la vitesse et la force de celle-ci…leur attaque combinée tranchement littéralement le démon en deux.

« CA SUFFIT ! »

Mais loin de succomber, de bruler dans l’habituel braisier qui faisait disparaître ceux de son espèce, Zapan n’en fut que plus fort. Suivant cette attaque, une vague de puissance s’échappa soudain de son bras droit, balayant tout autour de lui et rejetant Michael & Diante en arrière. Et lorsque les deux frères se relevèrent, ce fut un bien étrange spectacle qui s’offrit à leurs yeux.





« C’est quoi ce bordel ? »

« Sa véritable apparence. »

Il en avait déjà entendu parler, mais jusque là il avait toujours cru que ce n’était qu’une rumeur. La vraie forme d’un démon, se matérialisant sous forme d’énergie alors que l’être maléfique laissait échapper toute sa puissance. Mais rares étaient ceux capable de produire une telle manifestation, leur adversaire montrant une fois encore à quel point il était largement au dessus des autres.

Désormais, Zapan ne ferait plus preuve d’aucune retenue, le Cardinal infernal étant déchaîné.

Submergé par cette puissance qui semblait envelopper tout l’atmosphère, écrasé par la simple présence du démon, Diante recula de quelques pas. Le démon avait totalement changé, le simple fait de se tenir devant lui étant en soit une épreuve. Et à grande peine, le chasseur contenait son instinct qui lui ordonnait de s’enfuir, une proie qui aperçoit soudain son prédateur.

Mais non loin de lui, à moins d’un mètre, une autre personne tenait tête au démon, faisant face à cette aura meurtrière et surréaliste. Ne reculant pas, demeurant immobile tant physiquement que par l’expression figée sur son visage, Michael ne semblait nullement affecté par la présence du démon. Et ce fut d’une voix étrangement vu leur situation, qu’il s’adresse à son cadet.

« Recules Diante. »

« Quoi ? Attend…tu ne crois quand même pas que je vais te laisser l’affronter seul ?! »

« Tu n’as pas vraiment le choix. Il est beaucoup trop fort pour toi, même avec mon soutien tu ne serais pas capable de lui tenir tête. »

Leur collaboration s’arrêtait ici. Cela lui avait fait plaisir de reformer un duo avec son frère, mais le temps n’était plus aux loisirs. Maintenant que Zapan ne se retenait plus, dévoilant enfin toute la puissance qu’il possédait, Michael ne pouvait plus se permettre le luxe de combattre tout en devant protéger son petit frère. Comprenant cela, et bien que cela le fit enrager, Diante recula.

Satisfait de cette attitude, Michael put alors réellement commencer le combat. Et d’un mouvement identique à celui du démon, il se jeta contre son adversaire, le Cardinal infernal fonçant sur lui sans la moindre arme entre ses mains. Il n’en avait plus besoin, son bras droit lui suffisant pour stopper nette la lame de son ennemi, lui laissant l’occasion de lever son autre poing pour frapper.

Un coup rapide, que Michael eut tout juste le temps d’esquiver, son bond en arrière limitant grandement la force d’impact. Mais malgré cela, le peu de force qui resta au coup suffit à le projeté en arrière sur plusieurs mètres, l’Archange parvenant tant bien que mal à se réceptionner. Comme prévu, les capacités de Zapan avaient largement augmenté, le rendant extrêmement dangereux.

De fait, à peine eut-il touché le sol que déjà Michael vit son adversaire lui tomber dessus, sa roulade sur le côté ne l’empêchant pas d’être affecté par l’impact qui le fit s’écrouler contre le sol entrain de se fissurer. Se relevant, l’aîné des deux frères réussit tout juste à lever son arme pour se protéger d’un nouveau coup de poing, la force de celui l’envoyant s’écraser contre une colonne.

« Quoi ? C’est vraiment tout ce dont tu es capable ? »





Sa question demeura sans réponse, un lourd silence tombant alors que Michael restait à terre, le désespoir commençant à s’installer. N’y avait donc aucune manière de vaincre ce démon ? Michael lui-même semblait être totalement surpasser par ses capacités, demeurant incapable de lui porter le moindre coup désormais. Un constat peu encourageant…qui fut soudain balayé par un rire.

Se relevant lentement, le corps de Michael tremblait de tout son long, agité non pas par la peur mais par un rire incontrôlable. Et ce fut avec un invincible sourire que rien ne semblait pouvoir éteindre que l’Archange redressa la tête, fixant le démon avec une lueur de défi dans les yeux. Décidément cet adversaire était très intéressant, parvenant même à le mettre en difficulté.

Mais leur combat n’était pas terminé pour autant, bien au contraire. Il n’avait pas encore dévoilé l’intégralité de ses capacités. Et d’un coup, Michael repassa à l’attaque, chargeant son adversaire en un assaut qui semblait hautement basique. Comptant sur l’effet de surprise, le démon frappa de son poing lorsque l’humain fut à moins d’un mètre de lui…sans parvenir à le toucher.

Plus rapide que son adversaire, Michael s’était baissé au dernier instant, laissant le coup lui passer au dessus alors que le démon baissait sa garde. Ne perdant pas une seconde, l’Archange fendit la chair de Zapan avec son arme, lui occasionnant de sérieuses blessures qui ne parvinrent pas à l’arrêter, obligeant Michael à se jeter en arrière par sécurité alors que le démon guérissait.

« T’es pas du genre à mourir facilement hein ? Très bien. »

Loin de s’inquiéter devant le pouvoir de régénération dont faisait preuve le Cardinal, Michael conserva au contraire un calme olympien. Jugeant la situation d’un rapide coup d’œil, il effectua plusieurs bonds en arrière, allant s’abriter derrière une colonne. Puis, dans un mouvement qui semblait bien étrange vu le difficile combat qu’il menait, l’Archange ferma les yeux.

Une action sans raisons apparentes qui surprit le démon, celui-ci ne percevant pas tout de suite le danger qui se rapprochait, contrairement à Diante & Lucrétia qui comprirent aussitôt les intentions de Michael. S’était sans mal qu’ils reconnaissaient ce genre de réaction, imaginant le rythme cardiaque de l’Archange ralentir alors que son aura augmentait soudain de manière exponentielle.

Le temps n’était plus aux demi-mesures. S’il voulait vaincre rapidement ce démon, il n’avait d’autre choix que d’utiliser la technique qui lui avait valu sa place au sein des trois Archanges. Cette force que beaucoup avaient essayé de copier, amis dont lui seul demeurait le véritable maître. Cette puissance qui rendait ses yeux semblables à ceux d’un aveugle alors qu’il les rouvrait.

L’Ataraxie.





Surpris, ne parvenant pas à croire que la puissance perçue par ses sens provenait d’un simple humain, Zapan ne vit pas l’attaque arriver. Désormais il n’était plus le seul à être déchaîné, la toute puissance de l’Archange s’exprimant enfin librement. Bondissant hors de sa planque, Michael prit appui contre un des piliers pour se projeter en avant, arrivant rapidement devant le démon.

Bénéficiant d’une force physique largement plus importante, l’aîné des deux frères fendit la chair de son ennemi comme du beurre, sa lame passant sans mal à travers. Tranchant la créature en deux, de l’épaule jusqu’au bassin, il fit soudain un brusque mouvement pour décapité son adversaire. Une attaque rapide, que le Cardinal parvint à stopper avec son bras droit.

« Ne t’y crois pas trop ! »

Agissant plus par réflexe que par réflexion, étant retombé dans ses instincts les plus primaires, le démon leva son pied pour frapper l’humain tout en se régénérant. Cependant, la maladresse de son coup permis à Michael de l’esquiver sans la moindre difficulté, n’ayant qu’à faire un pas en arrière. Et loin de servir le démon cette attaque laissa à son ennemi lui trancher la jambe.

Hurlant de rage autant que de douleur, balayant à nouveau l’atmosphère par une explosion de puissance, Zapan donna une multitude de coups vers l’Archange, tâchant désespérément de l’atteindre. Mais aucune ne parvint à atteindre son but : le surpassant largement en vitesse, Michael esquivait avec une facilité déconcertante, lui donnant à chaque fois un coup de lame.

Puis, voyant que son adversaire avait du mal à se régénérer, le chasseur décida d’en finir. Se fendant soudain, il frappa au cœur avant de remonter sa lame en lui tranchant la tête en deux. Continuant par une série d’attaques qui le découpèrent littéralement en morceaux, l’Archange termina son enchaînant mortel en lui plantant une multitude de couteaux dans les organes vitaux.

« Fin de la partie. »

Et comme pour venir confirmer cette phrase, l’apparence démoniaque sous forme d’énergie disparue soudain, s’évanouissant en même temps que l’aura de Zapan. Demeurant immobile durant quelques instants, comme paralyser par la fin aussi soudaine que brutale de ce combat, le Cardinal infernal finit par s’écrouler aux pieds de Michael, tel un vaincu reconnaissant sa défaite.

Malgré l’impressionnante puissance dont il disposait, il avait commis la même erreur que les autres en sous-estimant ses adversaires, se retrouvant à présent piéger dans un corps agonisant. Cependant…cela n’était pas forcement synonyme de fin pour lui, Zapan ayant encore une carte à jouer. Et d’un coup, usant de ses dernières forces, il se redressa en direction de Michael.





Dans une ultime tentative pour assurer sa survie, il attrapa le crâne de l’Archange avait son bras droit, surprenant le chasseur qui ne s’était pas attendu à ce dernier sursaut. Mais maintenant il était trop tard pour regretté son erreur, Zapan ayant déjà gagné. Comme deux ans auparavant, il allait échapper aux griffes de la mort avec le corps du guerrier qui venait de le vaincre.

Et alors, irrésistiblement, Michael senti l’esprit du démon pénétrer dans sa chair, infectant son âme tel un poison…le possédant.

« Michael ! »

« Non ! N’approchez pas ! »

Sentant l’âme du démon pénétrer un peu plus dans son esprit à chaque seconde qui s’écoulait, infectant sa chair, Michael hurla cet ordre d’un ton impératif bien loin de celui qu’il avait habituellement. Tombant à genoux, sentant ses forces l’abandonner, il tenta mal de résister à l’emprise du démon dans un combat qui semblait perdu d’avance, sa voix elle-même se déformant.

« Eloignez vous. »

Echappant progressivement à sa volonté, son corps se mit à bouger tout seul. Ainsi, sans même qu’il ne leur ait ordonné, ses mains se tendirent en direction du katana qui gisait sur le sol, s’apprêtant à le saisir. Ce n’était pas lui…un esprit autre que le sien agitant sa chair, animant ses muscles et faisant bouger ses os. Un esprit qui tentait de prendre le contrôle de son corps.

Se concentrant, Michael parvint cependant à lui résister, stoppant le mouvement de ses mains au moment où elles allaient attraper l’arme. Mais à peine cette victoire acquise, l’Archange senti soudain qu’il perdait pied sur la réalité : la vision du corps entrain de se consumer devant lui devint floue, laissant place à un voile noir qui le plongea dans un monde de noirceur.

Un univers au sein duquel il était seul, petit être encerclée par des ténèbres qui n’étaient pas une absence de lumière, mais une entité à part entière. Une obscurité qui semblait sans limites qui vint soudain resserrer son étreinte autour de Michael, réduisant le peu de place qui restait à son âme au sein de cet univers, menaçant d’engloutir le frère de Diante dans ces ténèbres.

« Ne cherche pas à résister. C’est déjà trop tard pour toi. »

Semblant émerger de partout et nul par à la fois, la voix de Zapan résonna soudain à travers l’obscurité grandissante autant que dans sa tête. Et à travers ce message, Michael pouvait clairement sentir la satisfaction qui animait son adversaire. Une fois, son pire adversaire allait devenir sa plus grande force, lui fournissant un hôte encore plus puissant que le précédent.

« Laisse-toi aller. Crois-moi : ensemble, nous accomplirons de grandes choses. »

Et alors qu’il plongeait de plus en plus dans les ténèbres, l’Archange sentait les pensées du Cardinal infernal émerger dans son esprit, semblables à des pensées qui seraient venue de son propre esprit. Des pensées de revanche et de carnages : avec l’un des trois puissants Archange comme hôte, sa force deviendrait immense, faisant de lui un véritable être divin sur terre !





« Un dieu… »

Sentant cette pensée parcourir brièvement l’esprit de son adversaire, Zapan cru pouvoir se réjouir, imaginant déjà que l’Archange allait céder face à la promesse d’un tel pouvoir. Mais c’était bien mal le connaître, cette simple hypothèse se trouvant soudain balayée lorsque Michael explosa de rire, la moquerie qu’il adressait au démon résonnant avec force dans les ténèbres de ce monde.

« Un dieu…le moins qu’on puisse dire, c’est que tu as de l’ambition. »

Et alors que l’Archange cessait son rire, la noirceur qui commençait déjà à l’engloutir stoppa sa progression d’un coup. Ne laissant plus qu’un faible espace à cet humain, elle ne parvenait pourtant plus à avancer, le frère de Diante pouvant sentir la rage mêlée de surprise qui se mit soudain à parcourir le démon. Pourquoi ? Comment cette âme continuait elle à lui résister ?

Puis, petit à petit, avec une lenteur égale à celle qui les avait vus croître, les ténèbres se mirent soudain à reculer. Desserrant leur étreinte, ils se trouvaient irrésistiblement chassés par une force invisible, s’éloignant de l’Archange malgré les efforts que déployait Zapan pour freiner le processus. Comment êtes-ce possible ? Pourquoi perdait-il ce duel de volonté ?

Il était pourtant un démon ! Un être supérieur, bien plus ancien que ne pouvait le soupçonner son adversaire. Et lui, ce chasseur, n’était qu’un simple humain ! Une créature inférieure, dont la durée d’existence était insignifiante. Alors comment ? Quelle force permettait à ce vulgaire mortel de le repousser ? Michael fournit lui-même la réponse, sa voix résonnant dans l’esprit du démon.

« Et pourquoi les humains vous seraient inférieurs ? »

« Quoi ? »

« Vous avez certes le pouvoir, et une existence infinie. Mais cela vous affaiblis, vous empêchant de voir la valeur de la vie…et la volonté qu’on peut avoir à la garder pour soit ! »

Prononçant ses paroles avec force, l’Archange balaya d’un coup les ténèbres qui s’étaient accumulés autour de lui, les faisant disparaître à jamais. Un résultat sans appel, qui ne pouvait simplement s’expliquer par la volonté de vivre que possédaient les humains. Une autre force était ici à l’œuvre, une volonté bien moins glorieuse qui animait le chasseur : l’orgueil démesuré.

Un orgueil à la hauteur de sa puissance, qui lui interdisait de perdre ce combat et de devenir le pantin d’un démon. Car il n’était pas n’importe quel chasseur ! Lui portait le nom de Michael, l’un des trois Archanges qui pouvaient revendiquer d’être parmi les plus puissants guerriers humains. Et aucune créature, quelque soit la force qu’elle pensait posséder, ne le ferait plier !





Prit de court par cette force intérieur qu’il ne soupçonnait même pas, ne pouvant y opposer que sa haine, Zapan senti qu’il perdait ce combat. Son statut au sein des démons, les pouvoirs qu’il possédait, son existence depuis les temps antiques…tout cela n’avait plus la moindre importance. Désormais il n’était qu’un faible esprit, irrésistiblement extirpé hors de ce corps.

Inquiet à l’idée du destin qui l’attendait s’il était vaincu, ne voulant pas replonger au sein des enfers, Zapan réagit soudain. Désespérément, il murmura à l’oreille de Michael des paroles d’échecs et de morts inévitables auxquels seul son pouvoir pouvait lui permettre d’échapper. Mais en un instant, l’Archange lui tordit le cou comme un rien, faisant taire ses paroles empoisonnées.

Et alors, tandis que l’emprise du démon sur lui diminuait, Michael retrouva soudain ses esprits, le monde de ténèbres dans lequel on l’avait plongé volant en éclat pour laisser place à la réalité. Allongé, affaiblit de corps autant que d’esprit par une telle épreuve, Michael eut pourtant la satisfaction de voir un halo bleu s’élever au dessus de lui, ayant l’apparence de Zapan.

« On se retrouvera en bas. »

Définitivement vaincu, n’ayant même plus assez de force pour hurler sa rage, l’âme du Cardinal infernal se mit alors à tourbillonné avant d’être aspiré vers le sol, comme si une force invisible aux yeux humains le ramenait directement dans les enfers. Et en quelques instant, son esprit disparu intégralement au sein de la terre, laissant place à un silence de mort. S’en était enfin terminé.

« Michael ! »

Brisant ce silence au bout de quelques secondes, les sortant de la tétanie dans laquelle les avait tous plongé cet étrange phénomène, Diante couru en direction de son frère. Mais alors qu’il n’était plus qu’à un mètre de lui, se penchant déjà pour l’aider à se relever, Michael se saisit soudain de son arme qui gisait sur le sol, collant la pointe de celle-ci contre le torse de son cadet.

« Qu’est-ce que tu fous ? »

« Et toi ? Si j’étais ce démon tu serais déjà mort. Je t’ai appris à faire mieux. »

Ayant une expression sérère sur le visage, ne manifestant pas la moindre joie de retrouver son frère, Michael se remit lentement debout après avoir abaissé son arme. Il avait beaucoup changé, les épreuves de ces derniers mois ayant totalement anéanties l’impression chaleureuse qui émergeait de lui autrefois. Et ce fut avec un ton glacial qui s’adressa à Diante & Lucrétia.

« Où est Claire ? »

Perçant à travers les nuages pour déchirer le ciel, venant éclairer la nuit l’espace d’une seconde, les éclairs s’abattaient en grondant sur le sol. Suivant la pluie qui tombait en un torrent ininterrompu, balayant le sol avec violence tandis que les rares humains aux alentours allaient se cacher. Effrayés par un tel déchainement de puissance, ils allaient rapidement s’abriter.

Mais tous n’étaient pas ainsi, une personne restant pour braver les éléments, demeurant immobile au milieu de ce déluge, étendue dans une flaque qui s’étendait autour d’elle. Une jeune fille qu’on avait jetée sans ménagement d’un véhicule quelques temps auparavant, ses ravisseurs repartant aussitôt. On leur avait simplement demandé de l’amener ici, toute initiative leur étant interdite.





Combien d’heures resta t’elle ainsi endormie ? Avant que l’effet des somnifères ne se dissipe et que la pluie vienne enfin la réveiller ? La nuit n’était pas encore terminée lorsque la jeune fille ouvrit soudain les yeux, un éclair illuminant son visage dégoulinant d’eau. Paniquée, émergeant de sa rêverie dans un lieu inconnu, son regard se porta frénétiquement tout autour d’elle.

Les muscles se tendant aussitôt par réflexes, prêt à la faire bondir sur la moindre menace qui se profilerait, la jeune fille finit par constater que nul ennemi n’était à proximité. Au contraire même, ses armes avaient été déposées sur le sol, à quelques mètres d’elle. Alors, sans trop réfléchir, elle se saisit aussitôt de son équipement, ne relâchant pas pour autant son attention.

*Où suis-je ?*

Reprenant lentement ses esprits, parvenant à calmer l’angoisse qui lui enserrait le cœur, la jeune fille détaille du regard le lieu au sein duquel elle s’était réveillée, utilisant les éclairs qui déchiraient le ciel comme uniquement source de lumière. Apparemment elle se trouvait au sein d’une zone urbaine, ses bâtiments portant encore les stigmates des violents affrontements dut à la guerre.

Encore une de ces villes fantômes que le conflit avait ravagé, faisant fuir les habitants qui n’avaient jamais osés revenir dans ce lieu désormais marqué par la souffrance. Mais pourquoi l’avoir amené jusqu’ici ? Suite à cet enlèvement, il aurait été plus logique qu’elle se retrouve pieds et points liés au fond d’une pièce, et non pas libre de ses mouvements avec ses armes à portée.

« Regardez moi ça : la puissante créature en pleine confusion. »

Semblant surgir du néant lui-même, couvrant le fracas de l’orage et le grondement du tonnerre, une voix s’était soudain élevée. Résonnant en écho dans les ténèbres, elle semblait provenir de partout et nul par à la fois, encerclant la jeune fille qui chercha frénétiquement du regard l’origine de cette voix qui, en dépit du bruit que faisait les éléments déchainés, ne lui était pas inconnue.

Et elle ne s’était pas trompée : alors qu’un éclair venait illuminer la ville fantomatique, la jeune fille remarqua soudain une silhouette sombre perchée sur le toit d’un bâtiment, la fixant comme on fixe sa proie. Tournant son regard vers cette ombre menaçant, la femme attendit que le ciel vienne à nouveau s’éclairer, reconnaissant alors la personne qui venait de lui parler : Baël.





Agissant par réflexe, la jeune fille se mit aussitôt en garde, levant son épée en direction du démon. Mais alors que les secondes s’écoulaient, que les éclairs continuaient de tomber sur la terre, aucun des deux ne fit le moindre mouvement. A la grande surprise de son ancienne adversaire, Baël demeurait de marbre, la fixant à travers les lunettes qui masquaient ses yeux rouges.

« Pourquoi suis-je ici ? »

Hurlant pour couvrir le grondement du tonnerre, elle rompit soudain ce mutisme pesant qui n’avait que trop durer. Il lui fallait des réponses ! Pourquoi était-elle ici, avec ses armes, et non entre les griffes des démons ? Pourquoi êtes-ce lui, et non Melkor, qui venait l’accueillir à son réveil ? Il y avait trop d’incohérence pour que ce soit une succession de hasards…il y avait autre chose.

« Normalement vous ne devriez pas être là. Mais je ne reçois plus mes ordres de Melkor. »

Sautant de son perchoir, le souverain infernal atterrit à quelques mètres tous juste de la jeune fille, marchant vers elle d’un pas tranquille tandis que son adversaire reculait. Claire le savait pertinemment : ce démon était redoutablement puissant, leurs niveaux étant bien trop différents pour qu’elle puisse se permettre le luxe d’une confrontation directe face à un tel ennemi.

« Normalement je devais vous ramener à lui, mais je préfère vous tuer. »

Sentant un frisson glacé lui parcourir l’échine au simple son de sa voix, l’entendant proférer cette menace qui depuis le début était une évidence, Claire accéléra sa retraite tout en cherchant frénétiquement une échappatoire. Mais sans savoir où elle se trouvait, toute tentative de fuite se révélerait plus qu’hasardeuse…d’autant plus que son adversaire ne lui en laissa pas l’occasion.

Bougeant soudainement, agissant avec une rapidité qui la surpassait largement, il saisit Claire à la gorge. La soulevant comme un rien, il resta à la fixer intensément durant quelques instants, semblant hésiter alors que la jeune fille attendait le coup mortel, sentant l’air commencer à manquer dans ses poumons. Mais, refusant cette opportunité, il se contenant de la jeter au sol.

« Il est temps de prouver qu’une erreur de la nature comme vous ne peut pas m’égaler ! »

Etes-ce pour cela qu’il l’avait maintenue en vie, allant jusqu’à lui fournir l’équipement nécessaire pour se battre ? Simplement afin de démontrer sa supériorité sur elle ? Vu l’orgueil des créatures, infernal, cela n’avait rien d’illogique…mais cette explication semblait également bien trop simple. Il n’y avait pas que cela, Claire pouvant le percevoir dans la voix de Baël. Il cachait quelque chose.





Fixant intensément son adversaire, Claire n’eut pas besoin d’émettre la moindre parole pour que le souverain infernal perçoive ses pensées. Demeurant de marbre durant quelques seconde, subissant sans bronche le regard inquisiteur de la jeune fille, le démon fit mine de ne pas comprendre. Mais cette petite avait été à bonne école, la vérité ne pouvant lui être dissimulée bien longtemps.

« Pour une simple humaine, vous êtes plutôt du genre intelligente. »

Sa voix roulant comme le bruit de la tempête qui continuait de se déchainer autour d’eux, le démon par admettre cette vérité. Effectivement, il y avait autre chose derrière tout cela. Un élément qui l’avait obligé à joindre ses forces au plan de Melkor, le forçant à suivre les décisions de cet être méprisable. Une force que même lui, un roi des enfers, se devait d’obéir.

« Je ne peux pas permettre que ce projet aboutisse. »

Ce n’était pas uniquement pour prouver sa supériorité sur l’Hybride, que même les démons couvraient d’éloges, qu’il la défiait. Il DEVAIT détruire ce pouvoir. Et tant pis si pour cela il devait en subir les conséquences durant l’éternité. C’était là son devoir de mettre un terme à cette folie, quelqu’un devant bien agir pour l’arrêter. Et la seule manière d’y arriver était de tuer cette gamine.

« Si "elle" s’empare de vous, ce sera la fin…pour tout le monde. »

N’écoutant qu’à moitié ce que racontait le démon, ne prêtant guère attention aux paroles qui pouvaient sortir d’un être comme lui. Et alors que son adversaire était occupé à exposer ses raisons, Claire fit quelques pas sur le côté, ayant repéré l’objet dont elle avait besoin pour se sortir de cette délicate situation : une lourde pierre, débris d’un bâtiment aujourd’hui en ruine.

Et avant que Baël n’ait put réaliser ce qui se passait, alors qu’il s’arrêtait tout juste de parler, la jeune fille frappa de toutes ses forces le morceau qui se trouvait à ses pieds. Cependant, il en fallait plus pour perturber le démon, celui-ci n’ayant besoin que d’un mouvement du poing pour fracasser le rocher. Mais que celui-ci vola en éclat, le monarque vit que Claire avait disparue.

« Sale petite… »

Entendant très distinctement le démon enrager, sentant sa fureur, l’impériale demeura parfaitement calme. Tâchant de diminuer sa respiration au minimum, contenant à grande peine l’instinct de survit qui ordonnait à son corps de bouger, elle attendait. Et ce fut sans la voir, en passant à moins d’un mètre d’elle sans lui prêter attention, que Baël commença à la rechercher.

Il n’y avait là aucun miracle, juste de la technologie. De fait, durant le court instant pendant lequel son ennemi fracassait le projectile, Claire avait activée son champ de camouflage. Par chance, personne n’avait remarqué ce système qu’elle avait dissimulé sous ses vêtements. Et c’est donc incapable de la voir que le démon s’éloigna alors que les éclairs continuaient d’illuminer le ciel.

Patientant encore quelques secondes, attendant que le monarque infernal soit suffisamment loin d’elle, Claire finit par se mettre elle-même en mouvement, marchant avec autant de discrétion que possible. Face à un tel adversaire, seul la mort l’attendait au bout d’un affrontement direct, l’obligeant à fuir aussi vite que possible…jusqu’à ce qu’une voix surgisse dans son dos.

« Que vous êtes naïve… »

Surprise, n’ayant pas le temps de réagir, la jeune fille ne put que subir. Sentir ce poing aussi lourd qu’une montagne s’abattre soudain sur son torse, brisant le système de camouflage optique alors qu’elle était comme aspirée en arrière. Une attaque à la puissance si grande qu’elle suffit à mettre Claire KO, envoyant la jeune fille s’écrouler lourdement contre le sol quelques mètres plus loin.





Par chance pour elle, le démon ne saisit par cette occasion en or, ayant pourtant la possibilité de conclure leur affrontement. Au contraire, il se contenta de croiser les bras dans le dos et d’attendre que Claire reprenne conscience. Il n’eut pas à patienté longtemps, le danger qui guettait la jeune fille la faisant se remettre rapidement debout, se mettant aussitôt en garde.

Mais cela n’effaçait pas la question : comment avait il fait pour la repérer ? Elle avait fait preuve d’un silence absolu, la nuit empêchant toute ombre d’apparaître. L’ombre…levant les yeux au ciel, Claire comprit soudain son erreur, maudissant sa propre stupidité. C’était évident pourtant : les éclaires avaient projetés son ombre en tombant sur le sol, révélant sa position au démon.

*Quelle idiote !*

Mais il était trop tard pour les remords, trop tard pour se lamenter. Car maintenant qu’elle était à nouveau debout, le démon cessa d’être complaisant avec elle. Bougeant si vite que la jeune fille ne le vit même pas approcher, il lui asséna aussitôt un formidable coup de poing sur le crâne, la faisant s’écrouler face contre terre, manquant de l’assommer une nouvelle fois.

Mais maintenant que toute fuite était devenue impossible, Claire ne se laissait plus avoir, étant bien décidée à donner tout ce qu’elle avait. Se remettant presque aussitôt debout, elle frappa immédiatement en direction du démon avec sa lame, fendant l’air avec toute la force et la rapidité don elle disposait. Des attaques qui semblaient bien dérisoire, Baël les esquivant toutes.

« Vous me décevez beaucoup. »

Se décidant enfin à réagir après plusieurs secondes ce qui ressemblait à une farce, Baël se fendit soudainement, frappant à nouveau la jeune fille qui fut projeté en arrière une fois encore. Mais cette fois-ci, elle n’eut pas le temps de toucher le sol. Arrivant à sa hauteur alors qu’elle était encore en vole plané, Baël lui attrapa le visage avant de la plaquer lourdement par terre.

« CESSEZ CETTE COMEDIE. Abandonnez cette faible forme, et laissez-moi affronter l’Hybride. »

Suffoquant à cause de la pression qu’il exerçait sur son visage, Claire compris vite l’avantage qu’elle pouvait tirer de la situation. Se concentrant quelques instant, elle rejeta soudain Baël d’un coup de pied au torse, dégageant une puissance qui fit sourire le démon, celui-ci étant persuader qu’elle utilisait son pouvoir démoniaque…avant de prendre un air rageur en voyant son apparence.





Même si le souverain maléfique avait raison, et que sa meilleure option pour survivre était d’utiliser la puissance infernale qu’elle cachait, Claire refusait cette simple idée. La dernière fois, elle avait faillit tuer Diante à cause de cette force incontrôlable, se jurant après de ne plus jamais y avoir recourt. Et aujourd’hui encore, elle préférait de loin mourir plutôt que de l’exploiter.

Voila pourquoi elle avait préféré utiliser l’Ataraxie, profitant que le démon la faisait suffoquer pour déclencher cette énergie d’urgence, exploitant ainsi le maximum de son potentiel humain. Un bon compromis pour elle, qui ne fut pas du tout au goût du démon. Se trompant sur les intentions de son ennemie, voyant cette réaction comme une nouvelle provocation, celui-ci enrageait.

« Ne me sous-estimez pas ! »

Faisant fit de toute prudence ou même de stratégie, il chargea l’impériale sans la moindre retenue, fendant l’air de ses poings. Mais c’était lui qui la sous-estimer, Claire étant bien plus rapide qu’auparavant, réussissant à se baisser juste à temps pour esquiver. Et alors que le démon avait rompu sa garde, elle bondit soudain vers le ciel, le frappant au menton avec son propre poing.

Néanmoins, même si cette attaque réussit à faire reculer Baël, son résultat n’était pas forcement à l’avantage de l’humaine. Comme si elle avait frappée un mur de brique, plusieurs os de sa main s’étaient à moitié brisés dans ce coup, son poing se colorant de bleu. Et alors que la douleur déconcentrait l’impériale, son adversaire put quand à lui repasser immédiatement à l’attaque.

La cognant au visage, usant d’une force bien plus imposant que la sienne, il fit partir Claire dans un nouveau vol plané. Mais avant qu’elle ne se soit éloigné, le démon saisit soudain son ennemi par la cheville, n’ayant besoin que d’un mouvement du coude pour la plaquer violement contre le sol. Et alors que son dos hurler de douleur, la jeune fille vit Baël lever son poing pour la frapper.

*C’est mauvais…*

Totalement surpassée, Claire tenta alors le tout pour le tout. Surmontant la douleur qui parcourait tout son corps, elle releva sa lame avant que le démon n’ait eut le temps de la frapper. Une ténacité qui surprit Baël, celui-ci voyant la lame rentrer au contact de son visage…mais n’ayant pas d’autre effet que d’envoyer virevolter ses lunettes, l’arme s’arrêtant nette au contact de sa peau.

« Tu pensais vraiment que sa suffirait ? »

Aussitôt, Baël saisit à la fille de Morgoth par la gorge, l’éjectant à plusieurs mètres au loin. Et alors qu’elle atterrissait contre le sol, sentant sa lame lui échapper des mains, Claire commença à capituler intérieurement. S’en était finit : même en utilisant l’Ataraxie, elle était incapable de lui infliger la moindre blessure, que pouvant que regarder le démon lever son arme, visant sa tête.





Et se fut donc impuissante qu’elle entendit la balle partir un instant avant que celle-ci ne fasse gicler le sang, transperçant la chair.

Les yeux écarquillés, le corps paralysé par les conséquences de cette détonation, Claire regarda le sang s’écrouler en fines gouttelettes sur le sol. Elle n’avait pas eu le temps de réagir, tout étant allé bien trop vite, ne lui permettant que de subir les effets de l’attaque. Et pourtant, elle n’éprouvait nulle douleur, seule l’intense surprise qui la parcourait expliquant son attitude.

Car ce n’était pas elle qui avait encaissé la balle. Une autre personne était intervenue, lui faisant un bouclier de son corps. Arrivant juste à temps, se mettant entre les deux adversaires, il avait laissé le tir faire gicler le sang hors de son corps. Un sauveur inespéré dont seul le dos était visible à Claire…mais dont la jeune fille reconnu aussitôt l’identité, contrairement au démon.

« T’es qui toi ? »

Sans prendre la peine d’articuler la moindre réponse, demeurant aussi inexpressif qu’un androïde, l’inconnu se mit en mouvement. Tirant partie de la surprise provoquée par son apparition, il s’élança soudain en direction du démon, apparemment dans le but de l’affronter au corps à corps. Mais lorsque Baël leva son arme pour l’abattre de loin, l’inconnu réagit comme prévu.

Ainsi anticiper le mouvement du démon, il stoppa aussitôt sa progression tout en sortant un revolver au triple canon de sous son manteau rouge, faisant aussitôt feu. Prit de court tant par cette réaction que la vitesse de détente que possédait l’arme, Baël n’eut pas le temps de commencer le moindre mouvement d’esquive, trois impact apparaissant sur son torse.

Des blessures qui venaient remettre un équilibre entre eux, chacun ayant désormais infligé une blessure à l’autre. Et ce fut donc avec une lueur de satisfaction au fond de ses pupilles rouges que l’inconnu recula, évitant un tir de répliqué tenté par le démon. Une retraite qui le mena juste à côté de Claire, cette proximité entre eux la faisant sortir de sa tétanie, lui rendant l’usage de la parole.

« Papa ? »

Simplement deux syllabes, qui réussirent pourtant à attirer l’attention de son sauver, leurs regards se croisant l’espace d’un instant. Mais contrairement à ce qu’elle avait follement espérée, seul du méprit lui apparu au fond de ces pupilles rouge, son père la fixant toujours une ennemi, un obstacle particulièrement gênant. Depuis leur dernière rencontre, rien n’avait changé en lui.

« Combien de fois devrais-je vous le dire ? Mon nom est Némésis. »





Non, il n’avait vraiment pas changé. En dépit de l’aide qu’il venait de lui apporter, rien n’avait évolué dans son attitude. Ignorant toujours son passé, ne reconnaissant pas ses proches, Morgoth était toujours persuadé d’être un chasseur de démon, un guerrier à la mission très simple : les abattre, elle et Diante. Mais dans ce cas, pourquoi venait-il de la sauver ?

« Que ce soit bien clair : ne vous méprenez pas sur mes intentions ! »

Lisant sans mal les pensées de cette gamine à travers ses yeux, Morgoth senti aussitôt une vive colère monter en lui. Enrageant devant ses idées aussi enfantines que celles qui parcouraient l’esprit de Claire, il se dépêcha d’y mettre un terme. En aucun cas il ne pouvait laisse cette enfant penser que sa présence était motivée par la volonté de l’aider…cela était totalement faux !

« J’étais là lorsqu’ils vous on enlever. Je n’ai fait que suivre ma cible. »

« Mais dans ce cas pourquoi m’avoir sauvé ? »

« JE VOUS AI DIT DE NE PAS VOUS MEPRENDRE ! Ma mission prioritaire reste de chasser les démons, et c’est ce que je suis entrain de faire. Mais dès qu’il sera mort, je me chargerais de vous. »

Mais derrière cette justification qu’il brandissait, Morgoth ne pouvait se cacher la vérité à lui-même. Car si une intense colère le parcourait, c’était bien car il n’avait pas l’esprit tranquille. Il avait eu une occasion en or de voir cet adversaire disparaître, juste une seconde de patience suffisant. Et pourtant, inexplicable, une voix intérieure lui avait ordonné de sauver cette gamine à tout prix.

Fort heureusement, la fureur qui brûlait en lui trouva rapidement un moyen de se redirigée. Brisant le silence dans lequel il s’était enfermé depuis leur bref échange de tirs, le démon se mit soudain à ricaner. Rappelant ainsi sa présence, attirant l’attention de Morgoth sur lui, il s’avança de quelques pas en direction des deux impériaux, dévisageant le père de Claire avec un plaisir malsain.

« "Papa" ? Ainsi donc, c’est toi l’ancien hôte de Melkor ? Celui qui a vaincu Eurynome ? »

« Mais c’est que je commence à avoir une réputation… »

« N’y prend pas trop goût : cela ne va pas durer. »

Reprenant soudain une expression sérieuse, le démon se concentra, bien décidé à faire d’une pierre deux coups en élimant à la fois le père et la fille. Alors, tandis que le démon s’avançait, son aura se mit à croître de façon exponentielle. Sans que cela se manifeste par la moindre trace physique sur le visage inexpressif de Baël, sa puissance augmentait sans cesse.





Et lorsqu’il fut suffisamment proche d’eux, le monarque infernal tira parti de la surprise qu’il avait provoquée pour se mettre en mouvement vers Morgoth. Rapide, il ne laissa même pas le temps à l’impérial de lever son arme à feu, se trouvant devant lui en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Puis, d’un brusque mouvement, il lui écrasa son poing sur le visage, le plaquant contre le sol.

Une attaque puissance qui ne fut pas sans suite, Baël relevant presque aussitôt sa main serrée au dessus de son adversaire, s’apprêtant à lui enfoncer la cage thoracique. Mais cette fois, le chasseur était prêt. Ayant dégainé son épée alors qu’il tombait, il para aussitôt l’attaque du démon tout en activant le système spécial de l’arme, envoyant des décharges électriques dans le corps de Baël.

Alors, profitant que cela atrophiait les muscles de son ennemi, Morgoth se remit lentement debout, repoussant son ennemi démoniaque. Combien de temps lui faudrait-il avant de surmonter la paralysie ? Némésis n’attendit pas de le savoir, tirant aussitôt parti de la situation. Et ce fut donc sans attendre qu’il dégaina son arme à feu, tirant sur le visage du démon…sans réussir à le blesser.

*C’est quoi ce bordel ?!*

Les balles auraient dut lui perforer le crâne, mais aucune trace d’impact n’apparu sur le visage démoniaque. Baissant son regard, Morgoth vit que les trois balles étaient tombées sur le sol, écrasée par une force invisible et plus résistante qu’elles. Comment cela était-il possible ? Son attaque avait pourtant fonctionnée quelques minutes auparavant. Alors pourquoi cet échec ?

Il n’eut pas le temps de percer ce mystère. Surmontant enfin l’effet des décharges électriques sur sa chair, Baël attrapa aussitôt Morgoth par la gorge, commençant à l’étouffer. Mais fort heureusement, avant que l’air ne vint à manquer dans ses poumons, une masse vint soudain heurter le monarque infernal, éjectant celui-ci et sauvant l’impérial qui se mit aussitôt à hurler.

« Mais qu’est-ce que vous faite ? Je n’ai pas besoin de… »

S’énervant, laissant exploser sa rage d’avoir été sauvé par celle qui restait sa cible, le père de Claire fut soudain stoppé dans ses réprimandes par un violent coup au visage. Dès qu’elle avait comprit le sens de ses parles, la jeune fille l’avait tapé sous le coup de la colère. Et tandis que le silence revenait, elle prit soudain la parole, sa voix trahissant une panique durement contenue..

« Arrête d’être aussi stupide ! Si on veut survivre à un tel ennemi, on n’a pas le choix : il va falloir se battre ensemble. »





Demeurant silencieux durant quelques courts instants, semblant encore hésiter sur la marche qu’il devait suivre, Morgoth finit par se remettre debout tout en levant son arme vers le démon. Ce n’était pas une approbation le chasseur refusant de reconnaître cette victoire à Claire…mais intérieur il comprenait la justesse de ces paroles : ils n’avaient d’autre choix que de s’unir.

Alors, lentement, ils se mirent tout les deux en position, prêt à affronter cet adversaire commun. Le père et la fille, Morgoth et Claire, allaient se battre ensembles.

Impassible, ne semblant nullement affecté par la menace qui s’affichait devant lui, le monarque infernal conservait un calme olympien. Les bras toujours croisés dans le dos, comme une ultime provocation adressée à ses adversaires, il observait les deux combattants qui lui faisait face, l’attitude qu’il arborait devant leur union démontrant la certitude qu’il avait en sa victoire.

« Et si nous commencions ? »

Accompagnant le geste à la parole, l’être infernal disparu soudain de leur champ de vision, sa voix résonnant encore en un écho alors qu’il s’était évanoui. Et ce fut dans la confusion la plus totale que Claire perçu soudain un mouvement dans son dos, ayant à peine le temps de se retourner pour apercevoir un gant en cuir se rapprocher de son visage, encaissant toute la violence du coup.

Allant s’écraser contre un mur, la jeune fille se releva pourtant aussitôt, repartant à l’assaut comme si de rien n’était. Une chance pour Claire, elle était passée en état d’Ataraxie juste avant que le démon ne l’attaque, sa résistance accrue lui permettant d’encaisser ce coup qui sinon l’aurait mise KO. Et c’est ainsi qu’elle put aller soutenir Morgoth, arrivant juste à temps.

De fait, la situation n’était guère plus brillante pour l’ancien général. Parvenant à parer tant bien que mal les attaques que Baël lui destinait, il devait cependant reculer pour ne pas être submergé par cette avalanche d’assaut. Mais malgré toute sa dextérité, les poings de son adversaire passèrent plusieurs fois outre sa défense, seul l’arrivée de Claire interrompant ses assauts.

« Déjà de retour ? Tu es plus coriace que je ne l’aurais cru. »

Aucunement inquiété par la résistance dont faisait preuve la jeune fille, Baël se contenta de reculer un peu, demeurant sur de sa victoire. Et au vu du travail d’équipe dont faisaient preuve ses adversaires…il était difficile de lui donner tord. Ayant la même idée, Claire et Morgoth frappèrent le démon d’un mouvement identique, leurs lames s’entrechoquant et s’annulant mutuellement.

Une opportunité que le souverain infernal ne laissa pas passer, s’enfonçant dans la brèche. S’avançant, il frappa du poing le père et la fille au niveau du torse, les envoyant tout les deux mordre la poussière à ses pieds. Et ce fut avec une expression narquoise qu’il put les observer comme des insectes, ne prenant même pas la peine de les achever tant ils étaient inoffensifs.





« Quelle déception. Moi qui espérais un minimum de distraction. »

Piquant ses adversaires au vif, espérant provoquer chez eu un sursaut d’orgueil, Baël ne fut pas déçu. En une parfaite synchronisation, les deux Crescent se relevèrent d’un bond avant de frapper ensemble cette adversaire commun. Mais malgré la vitesse d’exécution, le démon réussit à esquiver cette attaque, se trouvant déjà loin lorsque les épées s’abattirent sur sa position.

« Saloperie de fantôme ! »

Oubliant que seul le travail d’équipe pouvait leur offrir la victoire, Morgoth se précipita sur l’être infernal sans prêter attention aux agissements de Claire. Activant le système de son épée il projeta sa lame vers le démon, observant celui-ci esquiver son attaque d’un bond sur le côté. Cependant, l’intention de l’impérial était toute autre, ayant prévu une telle réaction de son adversaire.

Dégainant son revolver au moment même où il avait jeté l’arme, Morgoth s’apprêta à tirer sur le démon alors que celui-ci était en mouvement…quand un élément imprévu vint le gêner. Ne devinant par son intention, Claire s’était jetée en avant avec l’idée de soutenir son père dans ce nouvel engagement au corps au corps. Mais à l’inverse, elle vint contrarier ses projets.

Car tandis que Némésis s’arrêtait pour viser, elle avait continuée sur sa lancée, obstruant son champ de tir et laissant passer sa seule occasion d’atteindre son adversaire. Une maladresse qui lui aurait sans doute valu un hurlement de rage si Baël n’était pas repasser à l’assaut, se téléportant littéralement dans le dos de Morgoth avant d’attraper ses bras pour lui broyer les os.

« Vous commencez à devenir très gênant. »

Incapable de se dégager, constatant rapidement que les coups de pied n’avaient aucun effet sur le monarque infernal, Morgoth ne dut son salut qu’à l’intervention de Claire. Se jetant sur eux tout en allumant son sabre laser à la lame aussi rouge que le sang, elle frappa en direction du démon qui n’eut d’autre choix que de lâcher sa victime pour ne pas être découpé en deux.

Mais lorsque la jeune fille continua son assaut, parvenant cette fois-ci à toucher Baël avec son arme, l’impensable se produisit. Levant son bras en guise de bouclier, le souverain démoniaque arrêta nette l’attaque, la lame ne parvenant pas à perforer son bras. Comment pouvait-il réussir un tel exploit. Et si il en était capable, pourquoi avoir reculé quelques instant auparavant ?

Autant de questions qui amusèrent le démon, celui-ci souriant alors qu’il coinçait l’épée de Claire entre ses doigts, bloquant sa seconde tentative de la jeune fille. Cependant, un autre danger se profilait, Morgoth ayant sorti une autre arme à feu et la levant vers le crâne du démon. Mais cela ne suffit pas, Baël repoussant les armes de Claire en un instant, déviant le tir juste à temps.





Enchaînant sur cette parade il envoya sa main serrée contre Morgoth, le propulsant en arrière avant de se retourner en direction de Claire. Mais celle-ci refusa d’engager le combat contre lui, sachant par avance qu’un tel affrontement ne pouvait se solder que par une défaite. La seule chose qu’elle pouvait faire était de gagner du temps jusqu’à ce que son père vienne l’aider.

Alors, reculant pour éviter les attaque de Baël, elle sauta sur un petit balcon, prenant appui sur celui-ci avant d’atterrir sur le toit grâce un second bond, espérant gagner ainsi un peu de répit. Il n’en fut rien. Revenant à sa hauteur en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, le démon se remit aussitôt à la frapper utilisant le corps de son hôte tant comme un bouclier qu’une arme.

Submergé par la vitesse de son ennemi, Claire croula rapidement sous le rythme effréné que les esquives et les parades lui demandaient. Une haute cadence qui n’empêcha pas Baël d’être attentif à son environnement, sentant Morgoth arriver dans son dos. Et il n’eut besoin que d’un coup de pied pour renverser son ennemi, celui-ci tombant alors qu’un hurlement déchirait l’air.

« PAPA ! »

Papa…ce mot rempli de désespoir qui venait résonner dans ses oreilles…cette sensation de chute…ce n’était pas la première fois qu’il vivait cela. Plongeant tant physiquement que mentalement, sentant que son esprit perdait rapidement prise sur le temps et l’espace autour de lui, Morgoth senti soudain le voile se déchirer, un millier d’images lui venant en tête.

« Mon nom est Sparda, mais les gars d’ici m’appellent N°7 »

« Heureuse de vous connaître »
« Je…moi aussi…très heureux…connaître vous »

« Tu as lamentablement échoué dans ta mission. Tout ce qui arrivera désormais sera de ta faute. »

« Très bien. Seras Victoria, je t’accepte comme binôme. Essaye de ne pas me décevoir »

« Chut Claire, c’est bon…tout va bien »
« Claire… »

« Bon, c’était sympas comme échauffement, mais si on passait aux choses sérieuses ? »
« Bien dit. Tes échauffements sont de plus en plus long, tu manque d’entraînement »

« Laisse-moi t’achever rapidement »
FERME LA !!!

« Non…pas comme cela…s’il te plaît…ouvres les yeux…Seras… »

« C’est donc un adieu Diante Cry ? »
« Un au revoir…Morgoth »

« Va chercher Claire et prend l’objet dans la commode. Allez là-où-tu-sais, je vous y rejoindrais »

Ca y était

Enfin

Alors qu’il entendait les battements de son cœur résonner avec force, comme si il revenait à la vie, Némésis se redressa soudain d’un brusque mouvement du dos,. Et à l’instant même où son corps toucha le sol, l’impérial dégaina son arme à feu pour tirrer sur le démon, l’impact de la balle qui explosa le crâne de Baël sonnant en même temps qu’un dernier souvenir dans ses oreilles.

« Je m’appel Morgoth »

« Désolé mon ange. »

Détachant son attention du démon, le chasseur tourna ses yeux rouges en direction de la jeune fille qui s’était avancée pour voir le résultat de sa chute, leurs regards se croisant l’espace d’un instant. Et il ne fallu pas plus de temps pour que Claire voit un changement en lui, l’homme le fixant avec une tendresse qu’il n’avait plus eu depuis…depuis qu’elle était une enfant.

« Désolé d’avoir mit autant de temps à revenir. »

Aucun doute n’était possible, ses yeux ne pouvant pas mentir.

Morgoth était de retour.

« Papa… »

« Qu’est-ce que tu as grandie. Même maintenant j’ai du mal à te reconnaître. »

« C’est… »

« …une longue histoire, dont nous auront le loisir de parler une fois ce léger problème résolu. »

Ils avaient tellement de choses à se raconter, tant de questions qui attendaient des réponses, que de toute façon ils n’auraient pas su par où commencer. Car la joie de leurs retrouvailles devait attendre, le combat étant loin d’être finit. En effet, malgré la blessure en apparence mortelle qu’il avait reçue, Baël se remit presque aussitôt, régénérant sa plaie béante tout en fixant Morgoth.

Ainsi donc celui-ci avait enfin retrouvé la mémoire, se souvenant désormais du moindre détail concernant son passé. Intéressant…mais totalement inutile et sans conséquence pour leur combat. Même si cette reprise de conscience lui avait permit de se rappeler tout ses expériences passés, il ne demeurait toujours d’un faible humain. Un être qui lui était largement inférieur.

Cependant, continuer ainsi de croire que ce changement n’allait avoir aucune conséquence sur la suite de leur combat, était une grave erreur que Baël allait regretter. Car ce n’était pas seulement son passé qui avait refait surface, mais également les innombrables combats qu’il avait dut mener autrefois, ainsi que l’inestimable expérience qu’il en avait retiré à chaque fois.

« Claire ? Tu as combattu avec Diante dans l’armée n’est-ce pas ? »

« Oui. Mais qu’est-ce que… »

« Parfait. Tiens toi prête à combattre, et laisse-moi me charger du reste. »

Maintenant que ses antiques souvenirs étaient à nouveau présent, le temps où il combattait aux côtés de Diante n’était plus un secret, Morgoth saisit désormais la façon de combattre qu’avait Claire. Cependant, il fallait autre chose pour renforcer leur duo, une aide étant nécessaire pour venir à bout d’un adversaire aussi redoutable que Baël. Une force…qu’il possédait déjà.

Alors, fermant les yeux, le démon impérial laissa libre cours à sa puissance, sentant celle-ci envahir sa chair alors qu’il goûtait au plaisir d’avoir enfin les réponses. Enfin, il se souvenait avoir été l’hôte d’un démon, comprenant de nombreuses choses. Et lorsqu’il rouvrit les yeux, dévoilant un regard entièrement maléfique, Morgoth n’avait plus aucun doute quand à l’origine de cette force.





Désormais il n’avait plus peur de cette puissance mystérieuse qu’il arrivait à exploiter, l’acceptant comme un don et non une malédiction. Et s’est donc libéré d’un poids, gonflé à bloc grâce à l’exploitation de cette force, que Morgoth arriva à la même hauteur que Baël d’un unique bond. Dégainant son arme, il fut feu avant que le démon n’ait put réagir, la balle lui percutant le crâne.

Et même si cela n’eut pas autant d’effet que la dernière fois, l’être infernal encaissant l’impact sans manifester la moindre blessure, cela importait peu. Car l’intention de l’ancien général de l’Empire était tout autre, son attaque n’ayant d’autres buts que d’attirer l’attention du démon vers lui, permettant à sa fille d’obtenir une occasion pour attaquer leur adversaire commun.

Et celle-ci ne s’y trompa pas, ayant déjà pratiquée pareil tactique avec Diante autrefois, s’étant mise en mouvement et allumant son sabre laser avant que le tir ne claque. Et tandis que la balle venait s’écraser contre la peau, alors que Baël esquissait un mouvement de contre-attaque, elle enfonça soudain son arme dans la colonne vertébrale du démon sans la moindre difficulté.

« Recules ! »

Se pliant aussitôt à cet ordre, ne cherchant pas à en savoir plus, Claire se jeta en arrière alors que la plaie commençait à se refermer. Mais avant que le monarque démoniaque n’ait terminé sa régénération, Morgoth tomba sur lui l’épée à la main, les éclairs qui sortaient de sa lame parcourant la chair dès le premier impact, atrophiant les muscles et gênant ses mouvements.

Cependant, en dépit des apparences, Baël était loin de demeurer sans la moindre ressource. Surmontant difficilement l’effet de l’électricité, il sorti de sa poche une grenade, la laissant tomber sur le sol alors que Morgoth reculait. Mais plutôt qu’une explosion, ce fut un véritable champ d’énergie qui vint soudain se propager autour de lui, grillant tout les systèmes électriques.

« Une grenade électromagnétique ? »

Prit par surprise, ne s’attendant pas à voir l’être démoniaque utiliser pareil technologie, Morgoth ne vit que trop tard le démon arriver à son niveau, lui immobilisant le bras droit tout en levant son poing pour le frapper. Mais avant qu’il n’ait put l’atteindre, le père de Claire releva soudain son autre bras, assénant un violent coup à son ennemi qui dut reculer.

« Qu’est-ce que…comment peux-tu faire cela ? »

Cela n’avait aucun sens. Melkor lui avait dit que son ancien hôte avait perdu son bras, la grenade ayant normalement griller les systèmes de sa prothèse. Alors comment ? Souriant, s’amusant de la stupeur qu’il pouvait lire, Morgoth attrapa le gantelet en fer qui recouvrait son membre, le retirant d’un bref coup sec…révélant alors le spectacle à la fois étrange et terrifiant de son bras gauche.





« Papa…ce bras… »

« Oui : je l’avais perdu. Mais depuis cette nuit, il se reconstitue lentement. »

Quand il avait perdu la mémoire, cela lui avait semblé particulièrement horrible, un autre élément de son passé qu’il voulait absolument effacer. Mais maintenant, il se souvenait de chaque détail, de chaque sensation. De ce moment où, mortellement blessé, il avait basculé dans le vide. De cette impression que quelque chose se réveillait en lui alors que la douleur le quittait soudain.

Cette nuit là, alors qu’il était sur le point de mourir, les pouvoirs que Melkor avait laissé en lui s’était libérés, soignant ses blessures afin qu’il survive. Mais cela n’avait pas été sans contre partie, la sombre puissance du démon demeurant gravé dans sa chair depuis ce jour. Voila pourquoi il pouvait guérir ses plaies, et prendre une apparence qu’il arborait actuellement.

« Ne te déconcentre pas pour si peu mon ange. Le combat n’est pas encore terminé. »

Comptant bien mettre à profit la surprise qu’il avait réussit à provoquer chez le démon, Morgoth se mit en mouvement sitôt après avoir effectué ce rappel à l’ordre. Et même si il ne pouvait plus utiliser le système spécial de son épée, il ne manquait pas de ressources pour autant. Et alors qu’il abattait sa lame sur Baël, voyant sans surprise le démon parer son coup, il plaqua sa main cadavérique sur les yeux rouges du démon.

Un mouvement en apparence bien dérisoire, mais dont les conséquences ne tardèrent pas à se faire voir. Comprenant parfaitement les intentions de son père, Claire s’était rapprochée du démon en même temps que lui. Et à l’instant même où la vue de Baël fut bouchée, elle fendit l’air avec sa lame, commençant à lui trancher la gorge…quand soudain un hurlement rugit dans l’air.

« CA SUFFIT ! »

Soudain bloquée dans son élan, sentant son épée s’arrêter d’un coup sans parvenir à trancher d’avantage la chair du démon, Claire se jeta en arrière par réflexe en même temps que Morgoth. Un mouvement qui ne leur évita pourtant pas d’être balayés comme des fétus de paille par la formidable onde de choc qui s’échappa du démon. Il passait enfin aux choses sérieuses…

Mais contrairement à ses semblables, cela ne se manifesta pas aucun changement physique sur l’hôte de Baël, sa chair conservant toujours son apparence humaine presque banale. Et comme seul geste pour venir accompagner cet impressionnant déchainement de puissance, le démon se contenta d’attraper ses lunettes noires, les retirant lentement en laissant apparaître ses yeux vermeilles.





En apparence ce geste n’eut aucune incidence, ses yeux de sang ressemblant à ceux de n’importe quelle autre créature démoniaque. Et pourtant, cette simple vision suffit à faire reculer Claire, celle-ci ayant encore un vibrant souvenir du terrible pouvoir que ses yeux renfermaient. Et ce fut avec une expression d’amusement devant une telle réaction qu’il tourna son regard vers eux.

« Il est temps de commencer. »

Ainsi restèrent ils pendant de longues secondes, tel des statues à visages humains. Immobiles, semblant presque avoir arrêté de respiré, seul leurs regards continuant de s’animer frénétiquement. Nul n’osait encore esquisser le moindre mouvement, les deux impériaux attendant une réaction du démon qui n’était pas presser de mettre un terme à cette situation.

Cependant, personne n’était capable de supporter une telle pression indéfiniment, l’ombre du combat se faisait plus oppressante à chaque instant qui s’écoulait. Et finalement, ne pouvant plus se retenir d’avantage, Claire finit par briser cette paralysie commune. Rassemblant ses forces, elle fonça d’un coup en direction du démon, étant au préalable repassée en état d’Ataraxie.

*L’idiote !*

Pestant intérieurement devant la réaction irréfléchie de sa fille, Morgoth n’eut d’autre choix que de la suivre dans cet assaut qui était loin d’être à leur avantage. De fait, avant même que la jeune fille n’ait eut le temps d’amorcer le moindre mouvement d’attaque, Baël fut déjà devant elle. Et il n’eut besoin que d’un instant pour la saisir par l’arrière du crâne, collant pratiquement leurs visages.

Elle n’eut pas le temps de regretter sa stupide attaque, ni même l’occasion de réaliser ce qui était entrain de lui arriver. Car à l’instant même où leurs regards se croisèrent, Claire se senti soudain écrasé par une présence sans commune mesure. Le cœur remplie d’une peur panique, son esprit se retrouvant comme brisé par ce simple contact visuel, elle tomba à terre, vidée de toute volonté.

« Claire ! »

Ne comprenant pas pourquoi sa fille réagissait ainsi, Morgoth se jeta de lui-même dans la gueule du loup, frappant le démon avec sa lame. Mais en plus de ne pas transpercer sa chair, cela offrit au monarque infernal une occasion en or. Frappant l’impérial avec toute la force de son poing, Baël mit l’impérial à terre, le fixant avec un méprit qu’il ne tentait nullement de dissimuler.

« Quand comprendrez-vous que cela ne sert à rien ? »





Se penchant, le souverain infernal souleva son adversaire comme si il ne pesait rien, plongeant son regard dans le sien. Et comme pour Claire, Morgoth senti l’esprit du démon commencer à broyer le sien, annihilant la moindre parcelle de volonté. Fort heureusement, le démon n’eut pas le temps d’aller jusqu’au bout, devant s’arrêter lorsqu’une lame vint transperça soudain l’abdomen.

Prit par surprise, ayant le souffle coupé par cette attaque en traître, le démon ne mit cependant pas longtemps à réagir. Lâchant le chasseur, le laissant tomber misérablement contre le sol, il pivota d’un coup sur lui-même pour enfoncer son poing serré dans le visage de Claire…qui fort heureusement avait eu le réflexe de se jeter aussitôt en arrière, esquivant de peu cette attaque.

« Maintenant ! »

Hurler cet ordre était inutile, son père s’étant déjà mit en action. Surmontant la peur que lui avait inspirée leur contact visuel, il se jeta sur le monarque infernal en hurlant, se fendant en une attaque directe. Mais le démon n’eut besoin que de croiser les bras pour stopper cette attaque, la rencontre entre la lame et sa chair brisant l’épée de l’impérial…sans que cela ne le surprenne.

Au contraire, cette attaque n’avait d’autre eu d’autre que de confirmer ses doutes, son résultat lui apportant la réponse à cette énigme. Rejoignant son enfant, Morgoth se jeta aussitôt en arrière, observant avec satisfaction que le démon demeurait immobile, tellement persuadé de sa victoire qu’il préférait continuer de jouer avec eux. Fort bien, une telle superbe allait lui coûter cher.

« Tu as compris Claire ? »

« Quoi donc ? »

« Pourquoi certaine de nos attaques fonctionnent et pas d’autres. Tout n’est qu’une question de concentration, de l’attention qu’il porte au combat. »

Alors qu’elle écoutait les explications de son père, tout devint soudain évident pour la jeune fille. A chaque fois qu’ils avaient réussit à le blesser, Baël était concentré sur autre chose, seul les attaques qu’il voyait venir parvenant à le blesser. C’était donc cela son secret ? Il avait besoin de concentré son pouvoir pour endurcir la chair de son hôte, et résister à n’importe quel coup ?

Et maintenant que le mystère était dévoilé, il ne leur restait plus qu’à mettre cela à profit. N’ayant pas besoin de lui expliquer d’avantage son plan, Morgoth repassa aussitôt à l’attaque, fonçant sur le démon en une attaque aussi stupide que suicidaire. Et comme prévu, la réaction du monarque infernal fut de l’attraper par la gorge, plongeant son regard dans le sien afin de broyer son esprit.

Mais cette fois-ci, ils savaient quoi faire. Sans perdre un instant, Claire envoya une grenade dégoupillée qui explosa juste à côté de l’oreille du démon. Balayer par le souffle de la détonation, blessé grièvement par cette attaque parfaitement coordonnée, Morgoth releva lentement son regard pour observer le résultat…arborant un rictus en voyant leur adversaire toujours debout.





« Salopart de terminator… »

C’était inutile : Baël disposait de réflexes bien trop impressionnants pour qu’ils puissent l’avoir avec ce genre de stratégie, sa chair commençant déjà se régénérer. Pire encore, cette attaque c’était retournée contre eux : sérieusement blessé, Morgoth se retrouvait incapable de poursuivre cet affrontement. Quand à Claire, la fatigue ne lui laissait que bien peu de forces en réserve.

« Va-t’en. »

« Quoi ? »

« Je vais essayer d’attirer son attention. Enfui toi le plus vite possible, et essaye de retrouver Diante. »

Il n’y avait aucune autre solution, le démon étant bien trop puissant pour eux. Cette dernière tentative était leur unique chance d’en venir à bout, mais même une telle stratégie n’avait pas suffit à arrêter le monarque infernal. Et avant que sa fille n’ait put émettre la moindre objection, Morgoth se jeta soudain en direction de leur adversaire, usant de tout son poids pour le renverser.

« PAPA ! »

« Court ! »

Prise de panique, entendant la voix de son père résonner avec force alors que les premiers coups commençaient déjà à pleuvoir sur ses flancs, Claire fit soudain demi-tour. Emportée par son instinct de survie, ou par sa partie enfantine qui lui ordonnait d’obéir, elle s’enfuit rapidement. Tournant le dos à Morgoth qui se faisait marteler de coup, elle courut aussi vite que possible.

Cependant, sa conscience ne tarda pas à reprendre le dessus, la paralysant alors qu’elle ne s’était éloignée que de quelques maisons. Non…elle ne pouvait s’y résoudre. S’adossant contre un mur, elle tomba à genoux, observant le ciel. La nuit commençait à se dissiper, les premières lueurs de l’aube se mêlant à un épais brouillard, ni l’obscurité ni la lumière ne s’étend encore imposer.

La bataille n’était pas encore perdue, Claire sachant parfaitement ce qu’elle devait faire. Elle le savait depuis le début, ayant trouvé un moyen de vaincre le démon. Dégainant son épée, la jeune fille fixa le reflet de ses yeux dans la lame, respirant lentement alors que les hurlements de douleurs parvenaient à ses oreilles. Il n’y avait pas à hésiter…elle savait ce qu’elle devait faire.

« Arrêtes ! »

Interrompu dans le plaisir sadique qu’il prenait à fracasser lentement les os de son adversaire, Baël leva ses yeux en direction de Claire. Contre toute attente, elle n’avait pas profité de ces quelques minutes pour prendre la fuite, revenant avec une nouvelle stratégie dans le vain espoir de l’abattre. Une stratégie qui apparaissait clairement au démon, provoquant chez lui un rire ouvertement moqueur.





Mais malgré tout, il devait bien admettre qu’elle avait fait preuve d’inventivité. Puisque le moindre contact visuel avec lui risquait d’être fatal, Claire avait décidé de condamner sa vue. Découpant un morceau de sa tunique, elle s’en était fait un bandeau qui se trouvait noué autour de son visage, dissimulant ses yeux derrière. Mais face au monarque infernal, une tactique aussi basique avait elle la moindre chance de fonctionner ?

Le corps au repos, sa tête posée sur ses bras croisés, Morgoth goûtait au plaisir de cet instant. Ses yeux rouges fixant le plafond comme si il y trouvait un intérêt particulier, le démon impérial souriant légèrement. Depuis qu’il était de retour, un rien parvenait à capter son attention, tel un enfant qui découvrirait le monde. Cependant, il savait que ce n’était qu’une excuse.

Car si son esprit se concentrait sur des éléments parfois insignifiants, cela n’avait en réalité d’autre but que de chasser les noires pensées qui s’insinuaient parfois dans sa tête. En retrouvant la mémoire, nombre de ses questions avaient eut des réponses…mais uniquement pour laisser place à d’autres énigmes, d’autres sources d’inquiétudes et de peur pour l’avenir.

« Quelque chose te préoccupe ? »

Sortant de sa rêverie, Morgoth baissa légèrement les yeux, observant la divine créature posée sur son torse. Allongée sur son époux, Lucrétia ne le lâchait pas des yeux, comme si un instant de relâchement suffisait pour qu’il disparaisse. Les draps collés sur son corps par la sueur, par leur sueur à tout les deux, elle n’avait pas eu besoin de la moindre parole pour deviner ses pensées.

« On a pas été des parents idéals… »

Parmi toutes les pensées qui lui occupait l’esprit, celle là était sans doute la plus douloureuse. Car un ennemi pouvait être vaincu, une blessure guérit avec un bon médecin ; mais le temps lui ne se rattrapait jamais. A cause d’eux, Claire avait sacrifiée vingt ans de sa vie, passant plus d’une année à combattre sans relâche au lieu de vivre une enfance banale à leurs côtés.

Mais alors que cette noire pensée s’insinuait à nouveau dans sa tête, la voix de Lucrétia vint soudain chasser les ombres de son esprit. Promenant son doigt sur le torse de son époux, elle parvint à capter son attention, ses yeux marron le fixant avec compassion. Et lorsqu’elle parla, ce fut d’une voix si douce et calme que Morgoth se sentit aussitôt apaisé.

« Cesse de te tourmenter. Si on avait agit autrement, elle serait sans doute morte. »

Revigoré par ces paroles, ne trouvant rien à en redire, Morgoth eu pour seule réaction de se relever, attirant doucement Lucrétia entre ses bras pour l’enlacer dans un geste de tendresse. Et sans doute seraient-ils restés ainsi longtemps, goûtant au bonheur présent, si un coup n’avait pas soudain résonné contre la porte, précédent la voix grave de Diante.

« Quand vous aurez finit de fêter vos retrouvailles, venez dans la grande salle. Michael nous y attend. »





Echangeant un regard, s’interrogeant mutuellement sur la réponse à apporter, les deux époux finirent par étouffer un rire commun. Diante avait toujours le don pour dire les choses directement, cela n’ayant pas changé. Et bien vite, ils furent contraints d’abandonner leur si agréable position, allant s’habiller. Le temps du repos était terminé, les choses sérieuses recommençant.




Quelques minutes plus tard

Ils étaient tous là, réunis en cercle dans cette nerve d’église. Morgoth & Lucrétia, adossés contre un mur, lovés l’un contre l’autre. Claire, qu’on avait aidé à s’asseoir, ne pouvant que demeurer immobile. Diante, dont l’air toujours décontractés cachait mal la tension. Et Michael, perché légèrement en hauteur, la tête penchée en avant pour mesure les paroles qu’il allait prononcer.

« Maintenant que nous sommes réunis, il est temps de prévoir un plan de bataille. »

« Est-ce bien nécessaire ? Si les démons nous laisse tranquille, autant en profiter. »

« Ce n’est pas de Melkor dont nous devons avoir peur. »

Surprenant son ancien binôme par cette réplique, Morgoth se détacha du mur auquel il était collé, s’avançant jusqu’à se trouver au milieu du cercle que les cinq guerriers avaient formés. Contrairement à tous les autres, lui et Michael comprenaient parfaitement la situation dans laquelle ils se trouvaient, sachant par avance que les démons n’étaient pas la plus grande menace.

« Maintenant que Djibril et les autres chasseurs se sont mit en mouvement, Melkor et ses compagnons ne tarderons pas à succomber. »

« Et alors ? Ce n’est pas une bonne chose ? »

« A ton avis, vers qui tourneront ils leur regard une fois que les démons seront vaincu ? »

Déglutinant difficilement, Claire comprit soudain pourquoi son père et Michael étaient tant inquiets devant une situation qui, en apparence, semblait favorable. Le groupe de Melkor allait être vaincu, cela était une évidence, mais les chasseurs n’avaient certainement pas oubliés leurs morts. Et dès que leurs ennemis héréditaires seraient vaincus, ils retourneraient leurs forces contre eux.

« Lucrétia devrait être tranquille : elle n’a rien fait de mal. Mais nous autres… »

« Pas si bien que ca. »

« Moi et Morgoth sommes des traîtres, Claire et Diante ont tués des chasseurs. Si Djibril nous attaque, il n’hésitera pas à nous exécuter. »





« Mais on ne pourrait pas…simplement se cacher ? »

« Aucun endroit ne sera sur. S’ils sont à nos trousses, on ne pourra par leur échapper longtemps. »

Cela semblait sans espoir, l’impasse dans laquelle ils se trouvaient leurs apparaissant à tous. Aucune fuite envisageable, aucune victoire possible. Les chasseurs avaient décrétés leurs morts, et seul celles-ci pourraient les apaiser. Peu importait à Djibril qu’ils n’aient agis que pour se défendre, ou bien du nombre de démons qu’ils avaient vaincus. Les démons…

« Et si on prenait les devants ? »

« Attaquer les chasseurs de face ne nous offre pas plus de chances. »

« Je ne pensais pas aux chasseurs…mais aux démons. »

Surpris par ces propos, tout les quatre se retournèrent en direction de Claire, la jeune fille imaginant sans mal leurs regards se poser sur elle, chacun attendant la chute. Mais il n’y en eu pas, l’impériale ayant parlée très sérieusement. Puisque les chasseurs étaient bien trop forts pour être affronté, alors il fallait calmer leurs ardeurs. Et la seule façon d’y arriver était de…

« Tu veux qu’on tue Melkor et les autres démons avant Djibril ? »

« Michael : si on fait ainsi, est-ce que les chasseurs seront prêt à nous épargner ? »

« Et bien…je ne sais pas. Peux être…oui. Mais on ne sait même pas où est Melkor. »

« Moi si. Il m’a dit qu’il voulait retrouver l’objet dans lequel il a été enfermé tout ce temps. Et le seul endroit où cette pierre peut se trouver, est le complexe où on me l’avait implanté dans le corps. »

Concentrés sur cette possibilité, aucun des trois ne remarque que Diante & Lucrétia échangèrent durant un instant un rapide regard, comme si cette déclaration avait une signification différente pour eux. Cependant, cela ne s’accompagna d’aucune parole, tout les deux chassant cette pensée de leur esprit pour réfléchir à la proposition qui venait d’être formulée.

« Mais le soucis, c’est qu’on ne sait rien d’eux. Ca ressemble à une mission suicide. »

Affronter un démon isolé était une chose, mais aller au devant d’un groupe dont ils ne connaissaient ni le nombre ni la force était une autre affaire. De plus, si Melkor parvenait à récupérer l’intégralité de son pouvoir alors qu’ils étaient sur place, s’en serait finit. Mais en dépit des faibles chances de victoire, cela restait leur meilleur…leur unique chance de survie.

« Très bien, jetons nous dans la gueule du loup. Avec un peu de chance, on arrivera à l’étouffer. »

« Par ici…voila…comme ça. »

« C’est bon Diante. Je suis peut-être aveugle, mais pas débile pour autant. »

Ne réagissant pas au mauvais caractère de son binôme, imaginant sans mal à quel point cela pouvait être vexant pour elle de devoir être ainsi assistée pour le moindre mouvement, Diante continua de la guider jusqu’à la chaise sur laquelle elle vint s’asseoir. C’était encore trop tôt pour qu’elle puisse se débrouiller seule, quelqu’un se devant de toujours rester avec elle.

Mais si elle était physiquement diminuée, dépendante des autres, Claire n’avait pourtant rien perdu de son esprit. Et bien que l’idée d’aller affronter les démons ait émanée d’elle, la jeune fille n’en demeurait pas moins inquiète pour la suite des événements. Même si cela représentait leur seule chance de survie, elle savait par avance que cela n’allait pas être une partie de plaisir.

« Tu crois vraiment qu’on a une chance de s’en tirer ? »

« Autant de d’habitude je dirais. »

« Quoi ? Si peu que ça ? »

Surpris par cette réplique, Diante explosa de rire en même temps que Claire, semblant se détendre l’espace de quelques secondes. Cependant, une personne suffisamment attentive n’aurait eut aucun mal à remarquer qu’ils se forçaient, chacun tentant de rassurer l’autre sans ce faire beaucoup d’illusion. Et lorsque le chasseur reprit la parole, ce fut d’un ton très sérieux.

« Claire…il y a quelque chose que je dois te dire. »

« Tu crois vraiment que c’est le bon moment pour draguer ? »

« Ne soit pas stupide. Je n’ai rien dit, pas même à Morgoth, mais toi et moi connaissons la vérité. »

Il n’avait pas besoin d’en dire plus, la jeune fille ayant parfaitement compris à quoi il faisait allusion. Personne hormis eux deux ne connaissait le pouvoir qui sommeillait en Claire, cette force incommensurable qui avait vaincu Raphaël et que les démons recherchaient intensément. Cette puissance démoniaque que Claire refusait d’utiliser quelque soit la situation.

« Ecoute…je sais que tu n’as pas envi d’entendre ça. Mais l’Hybride n’est pas un démon, un être qui essaye de te dominer. Elle est toi, c’est une part de ta personnalité. Vous ne formez qu’un. »

« Je ne peux pas Diante…je ne veux pas redevenir ce monstre. Il est incontrôlable. »





Une telle retenue n’était guère surprenante : la dernière fois qu’elle avait laissée l’Hybride agir à sa guise, Claire avait massacrée sans retenu des démons comme des chasseurs, passant même à deux doigts de décapité Diante. Malheureusement pour eux, la puissance qui sommeillait en la jeune fille était leur meilleur atout, peut-être même l’unique chance de battre Melkor.

« Claire, je… »

« Diante : est-ce que je peux te parler une minute ? »

Surpris d’entendre cette voix, tout les deux se tournèrent en direction de Lucrétia qui se tenait sur le seuil de la porte, ayant approchée avec une telle discrétion qu’aucun des deux ne l’avait entendu approcher. Et alors qu’il hésitait sur sa réponse, Diante lu sur le visage de Claire que leur conversation était terminée pour elle, la jeune fille restant sur ses positions.

« Très bien. Je te suis. »

Abandonnant Claire à contre cœur, déçu ne n’avoir pas réussit à la convaincre, le chasseur emboita le pas à la jeune femme, tout deux sortant du bâtiment et marchant durant quelques minutes pour s’éloigner des autres. Et lorsqu’elle jugea la distance suffisamment importante pour ne pas être entendus, Lucrétia fit soudain volte-face, jetant un regard accusateur à Diante.

« Pourquoi tu ne leur à rien dit ? »

« Au sujet de ce que Melkor cherche ? »

« Exactement. Ils doivent connaître la vérité ! »

« Non. Il vaut mieux garder cet atout en réserve. »

Même si cela pouvait sembler parfaitement ridicule compte tenu de la situation et du plan que Claire avait proposé, Diante refusait de dévoiler cette information aux autres. De toute façon, cela ne changeait rien au fait qu’attaquer Melkor restait leur meilleure option, le secret qu’il partageait avec Lucrétia ne faisant que leur donner une arme supplémentaire dans le combat à venir.

« Tu ne leur fait pas confiance ? »

« Dans cette affaire, je ne fais confiance à personne, pas même moi. »








Quelques jours plus tard, France, proche de la frontière Italienne


Immobiles, guettant le moindre signe suspect qui aurait trahis la présence d’un ennemi, tous attendaient. Leurs armes soigneusement dissimulée sous les vêtements, ils ressemblaient à un simple groupe d’amis qui seraient venus se perdre dans les montagnes françaises, profitant de ses magnifiques paysages qui se relevait tout juste des stigmates du 3° conflit mondial.

Pourtant, ce n’était pas un hasard s’ils se retrouvaient ici, dans ce lieu perdu au beau milieu de nulle part. Car c’était là, à cet endroit précis, que Morgoth était sorti de l’enfer six ans auparavant. Dans ce complexe où on lui avait implanté Melkor, au sein duquel il avait rencontré Sparda, et dont il n’avait réussit à s’échapper qu’aux bombardements dut à la campagne d’Europe.

« Je l’ai trouvé ! »

D’un même mouvement, les quatre se dirigèrent en direction de la voix qui avait émergée de derrière un rocher, allant retrouver Morgoth qui tenait soulevée une trappe en fer, révélant l’entrée d’un tunnel qui descendait sous terre. Voila la sortie de secours par où il était passé quelques années auparavant, ne connaissant que cet entrée pour pénétrer au sein du complexe.

Et alors que l’air renfermé depuis trop longtemps s’échappait enfin, laisser émerger une odeur nauséabonde, tous purent le sentir : une présence écrasante, une aura plus qu’impressionnante qui venait se mêler à l’atmosphère. S’ils avaient eu des doutes quand à leur déduction, cela était désormais terminé : Melkor était là, à quelques mètres à peine sous leurs pieds.

« Bon…il est temps d’y aller. »

Forçant les autres à se bouger, Michael commença à s’avancer, s’approchant de la trappe jusqu’à ce que Morgoth l’arrête en posant sa main sur son torse. Stoppant l’Archange, il fixa durant quelques secondes tous ceux qui étaient présent ici, guettant le moindre signe de faiblesse sur leurs visages. Mais si la peur était bien présente, aucun d’entre eux ne le montrait.

Tous le savaient : cela tenait de la mission suicide. En se jetant ainsi contre un adversaire sur lequel ils ne savaient rien, leurs chances de réussite étaient minces. Et même si ils arrachaient la victoire, combien succomberaient dans la bataille ? Pourtant, aucun ne recula, tous se tenant prêt à combattre. Ils étaient enfin au bout du chemin, et il était temps de conclure cette histoire.

« Je descend le premier. »






[HRP]Maintenant que tous est revenu à la normal, je remet les épisodes ici comme avant. Le précédent post va être édité, afin d'y mettre l'épisode manquant.
Bonne lecture. [/HRP]

Progressant lentement, ne venant nullement troubler le silence qui s’était installé ici depuis des années, ils avançaient tels des fantômes. Leurs mains se balançant toujours non loin des armes soigneusement dissimulées, ils demeuraient attentifs au moindre mouvement, à un quelconque signe qui aurait indiqué la présence d’une menace et le début des hostilités.

Mais rien, l’endroit restait désert, aucune trace d’un éventuel ennemi ne se laissant voir. Alors ils continuaient d’avancer, conservant toujours la même formation : Morgoth et Diante en tête, Claire avec Lucrétia qui la guidait, puis Michael qui venait fermer la marche. Et ainsi restèrent ils, fouillant l’endroit pendant plusieurs dizaines de minutes jusqu’à ce qu’un obstacle les arrêtes.

« C’est pas vrai, dites moi que je rêve. »

N’étant pour l’instant qu’une simple voie centrale tout au long de laquelle venaient s’aligner des portes, le couloir aboutissait finalement dans une vaste salle circulaire, s’ouvrant sur trois chemins. Un choix qu’ils devaient faire sans le moindre indice pour les aiguiller, aucune des portes ne présentant la moindre indication, ne leur laissant qu’une seule solution.

« Il faut qu’on se sépare. »

« Quoi ? T’es devenu dingue ?! Si on doit affronter Melkor, il faut être tous là. »

« Mais en se séparant, on a plus de chance de le localiser avant qu’il trouve la pierre. »

Baissant la tête, soupirant longuement tout en prenant bien soin de ne pas croiser le regard foudroyant de Lucrétia, Diante ne put qu’hocher les épaules en signe de résignation. Ca le tuait de devoir l’admettre, mais il s’agissait effectivement de la meilleure chose à faire compte tenu de la situation. Et puis…jouer avec la mort était devenu leur spécialité depuis le temps.

« Très bien grand chef. Quels sont les groupes ? »

« Mmm…Toi avec Claire, vu sa cécité peut-être arrivera t’elle mieux à combattre avec son binôme ; Morgoth et Lucrétia ensemble, afin d’équilibrer les groupes ; et j’irais seul de mon côté. »

Et à la grande surprise de l’Archange, ils lui obéir sans discuter, se réunissant tel qu’il leur avait suggérer. Sans un mot, sans la moindre parole d’adieu ou même d’encouragement, tous se tirent prêt à avancer dans un de ces sombres couloirs. Tel était l’avantage d’avoir vécu tant d’épreuve : ils avaient finit par se résigner, sachant que toute parole ne serait que futilité.

« Très bien…c’est parti. »








Se séparant des autres, prenant leur propre chemin, Diante et Claire s’engouffrèrent au sein du couloir plongé dans l’obscurité. Ne pouvant se fier qu’à leurs ouïes, ils avancèrent ainsi sans échanger la moindre parole, tâchant de limiter le bruit qu’ils produisaient afin de percevoir un éventuel signe suspect. Cependant…une telle tâche n’était facile qu’en apparence.

Car si Claire parvenait à s’orienter sans trop de mal dans les ténèbres, habitué par la cécité qu’elle avait depuis quelques jours, tel n’était pas le cas pour Diante. Tendu, craignant de sentir soudain une lame lui transpercer le dos, celui-ci était trop concentré sur chaque bruit pour progresser sans le moindre mal, se cognant presque à chaque pas contre un meuble qui trainait là.

(Murmure) « Fait un peu plus attention Diante. »

(Murmure) « T’es marrante toi. Comme si ça m’amusait. »

(Pas murmure) « Tu as toujours eu un sens de l’humour étrange. »

Surpris, sentant un frisson glacé leur parcourir l’échine alors qu’une voix surgissait soudain juste à côté d’eux, les deux soldats firent aussitôt un bond en arrière. Un réflexe qui les sépara, mais leur permit d’esquiver la lame qui vint s’abattre à l’endroit même où ils se trouvaient quelques secondes auparavant. Et c’est d’une voix forte pour courir le fracas que Diante hurla :

« CLAIRE ?! »

« JE VAIS BIEN ! »

Les sens en alerte, l’épée dégainée, les muscles tendus prêt à réagir au moindre ordre qu’elle leur donnerait, Claire demeurait attentive. Les autres sens plus développée depuis qu’elle était aveugle, elle perçu très distinctement leur adversaire se rapprocher d’elle, entendant le sifflement d’une lame entrain de transpercer l’air, n’ayant aucune difficulté à parer le second assaut.

Et alors qu’elle parvenait à le bloquer dans un duel de force, Diante en profita aussitôt pour se jeter vers eux à l’aveuglette, le bruit des lames grinçants l’une contre l’autre orientant son attaque. Malheureusement, avant qu’il n’ait atteint sa cible, une vive lumière vint soudain remplir la pièce autrefois plongée dans l’obscurité, aveuglant le chasseur et stoppant son attaque.

« Toujours aussi impatient. »

Cette voix…se mettant en garde, ne pouvant attendre que la cécité provoquée par cette brusque lumière cesse, Diante se força à ouvrir les yeux en direction de la personne qui venait de parler. Et lorsque l’image qu’il en avait devint plus nette, le faible doute qui persistait encore dans son esprit se dissipa, les deux personnes qui se tenaient devant lui étant bien Seras Victoria et Sparda.

(Sparda) « Salut Diante. Ca fait un bail. »








« Et si tu te décidais à sortir ? »

La respiration haletante, fatigué par l’effort qu’il avait dut fournir pour arriver jusqu’ici, Michael conservait demeurait malgré tout un calme olympien. Son regard se promenant sur le vaste sommet enneigé au sein duquel il se trouvait, il n’avait pas besoin de voir son adversaire pour savoir que quelqu’un était là, sentant l’imposante présence que celui-ci dégageait.

Des trois chemins qui s’offraient à eux, le frère de Diante avait choisit le pire. Rencontrant un interminable escalier, il n’avait fait que monter des marches depuis plusieurs dizaines de minutes, grimpant jusqu’à atterrir ici. Sans doute êtes-ce le sommet du mont dans lequel était creusé le complexe, la présence de neiges éternelles venant confirmer la haute altitude.

« Impressionnant. Tu n’es pas n’importe qui. »

Semblant émerger de nulle part, une voix étrangement douce vint soudain lui répondre. Et bien vite, sortant de l’ombre que les rares arbres présents avaient crées, une silhouette s’avança vers lui. Un homme aux traits efféminés, qui n’avait guère l’allure d’un guerrier malgré le sabre qu’il tenait le long de son corps. Mais l’Archange n’était pas du genre à juger sur l’apparence.

« Puis-je connaître ton nom ? »

« Michael. »

« Oh…l’un des trois Archange. C’est un honneur. »

Ressentant un profond malaise devant cette personne, le chasseur approcha lentement sa main de l’arme qu’il dissimulait sous son manteau, se tenant prêt à combattre. Même si il n’en avait guère l’attitude, cet être était sans aucun doute un démon, le sentiment de douceur et de calme qui semblait se dégager de lui n’étant qu’un leurre, dissimulant sa véritable nature.

Cependant, ce n’était pas le seul élément qui venait troubler Michael. Cette impression qui se dégageait de lui, donnant une irrésistible envie de lui faire confiance…il avait déjà ressenti quelque chose de semblable autrefois, le fait qu’il se trouve au sommet d’une montagne ne faisant qu’accentuer ce sentiment. Inexplicablement, cet être ressemblait à l’Archange Raphaël…

« Pour ma part, je me nomme Eligos. »