Le visage de l'Ombre

« Je ne me laisserais pas avoir aussi facilement que ça. »

Malgré son désavantage flagrant Claire semblait très confiante en la suite des événements, ce permettant même de sourire alors qu’elle arborait plusieurs blessures et pas un seul de ses coups n’avaient fonctionnés.

« Tu es bien sur de toi. »
« J’ai mes raisons. »

Semblant enfin se décider à dévoilée ce qu’elle avait derrière la tête la jeune fille ce jeta en arrière, mettant encore un peu plus de distance entre elle et Freya. Enfin, lorsque l’espace qui les séparait lui parait suffisamment important, elle posa un genou à terre, sa main plongeant en direction de son bassin avant d’en sortir une petite boite.

« Non…ne me dit pas que c’est ça ta botte secrète… »

Ignorant la remarque Claire ouvrit la boîte, une sortant une seringue au liquide jaune qu’elle s’injecta directement dans le cou.



« Sérum de régénération ultra-rapide X7P »

Aussitôt les blessures qu’elle avait à l’épaule et sur le reste du corps ce mirent à guérir d’elle-même, les plaies ce refermant pour ne laisser qu’une mince trace blanchâtre. Cependant ce n’était pas le seul effet du sérum militaire : sa production de globule rouge augmenta aussitôt en flèche dans son organisme, lui faisant retrouver le sang qu’elle avait perdu.

Prenant à peine le temps de jeter la seringue la jeune fille plongea une nouvelle fois la main au fond de la boite, en sortant une plaquette de produit dont elle avala aussitôt plusieurs unités.



« Amphétamines de guerre. »

Aussitôt elle sentie une nouvelle vigueur parcours son corps, la fatigue disparaissant alors que son rythme cardiaque s’accélérait et que sa respiration devenait plus facile. Désormais elle n’était pas seulement aussi en forme qu’au début du combat, mais encore plus.

« Oh je vois…tu es donc un soldat. »
« Exact. Tu as peut-être plus d’expérience et de force, mais moi… »

Sentant une douce euphorie l’envahir, un effet secondaire fréquent avec les amphétamines, ce relevant pour faire face à la chasseresse, ce permettant même le luxe de prendre une posture dominante face à elle.

« J’AI UN DEMI-SIECLE DE GUERRE A MA DISPOSITION !! »

Sa déclaration fut suivit d’un silence, les deux femmes se défiant du regard. Mais très vite il sembla évident que Freya était tout sauf impressionnée, se contentant de rire au nez de la jeune fille.

« Et alors ? C’est tout ce que tu as à me montrer ? C’est loin d’être suffisant. »

Mais à sa grande surprise Claire lui rendit son sourire, cette déclaration semblant la rendre encore plus sure d’elle-même.

« Je le sais bien. Et c’est pourquoi je te réserve une autre surprise. »

Aussitôt la jeune fille fonça en direction de l’assassin, celle-ci releva son arme prête à contrer cette mystérieuse surprise. Mais alors qu’elles n’étaient plus qu’à deux ou trois mètres l’une de l’autre, Claire porta la main à sa ceinture, disparaissant aussitôt comme un fantôme.





« Quoi ? »

Ayant du mal à en croire ses yeux Freya regarda tout autour d’elle de manière effrénée, cherchant l’endroit où son adversaire avait put disparaître. Mais la seule indication qu’elle eut fut la voix qui sortie soudain de nul par, ce répétant en échos qui rendaient impossible toute localisation.

« Champ de camouflage. »

C’était donc ça qu’elle avait prévue ? Depuis le début son plan avait été de l’affronter pour analyser ses techniques de combat avant de ce régénérer et de devenir invisible ?! Décidément cette petite ne laissait rien au hasard.

« Pas mal…tu es plutôt intelligente en fait. »

Prenant la menace trop à la légère Freya n’entendit qu’au dernier moment le sifflement aigue d’une lame entrain de se rapprocher de sa tête à une vitesse alarmante. N’ayant plus le temps de remonter sa propre lame, totalement aveugle dans ce combat, elle n’eut que le temps de se jeter en arrière.
Finalement ce qui aurait dut lui fendre le crâne ce transforma en une profonde coupure au niveau de son bras gauche.

« Merde »

Se laissant à peine le temps de laisser échapper un juron Claire ne perdit pas une seule seconde, se déplaçant en petit bond, courant aussi vite que possible. Pour le moment Freya était perturbée, mais cette situation ne durerait pas éternellement, tout comme l’effet des produits qu’elle avait pris qui risquaient d’avoir des effets secondaires néfastes. Elle devait faire vite.

« Finissons en ! »

S’armant de toute sa force Claire changea encore deux trois fois de position afin d’être certaine qu’elle n’était pas repérée, puis décida d’attaquer de front. Vu la situation c’était sans doute là que son ennemie s’attendrait le moins à la voir.

Saisissant son épée des deux mains elle sera les dents en fendit brutalement en direction de Freya…qui une nouvelle fois réagie au dernier moment en ce baissant, laissant la lame lui passer quelques centimètres au dessus de la tête.

« Oh ! Vraiment pas mal. Il faut que j’arrête de faire l’imbécile, sinon je pourrais finir par y laisser ma peau. »





Non seulement les deux derniers coups ne semblaient pas la perturber plus que cela, mais en plus la chasseresse semblait considérer la situation comme un jeu qu’elles étaient entrain de disputer, une distraction que l’orpheline était entrain de lui offrir.

« Mais il serait temps d’arrêter ce petit jeu. Tu ne crois pas chérie ? »


Hors d’elle par ces paroles qui résonnaient dans sa tête, impatiente d’enfin venger Lucrétia, la jeune fille décida qu’effectivement il était temps de finir ce combat. Gardant ce petit coup pour la fin elle sortie de sa ceinture deux petits poignards de lancer.

Courant autour de Freya elle jeta d’un coup les deux armes dans sa direction, chargeant en même temps dans une direction située à 90° de la zone de lancée. Désormais quoi que fasse Freya elle était finie : soit elle ce prenait les couteaux, soit elle les arrêtait et baissait ainsi sa garde.

Mais c’est alors que l’impossible ce produisit : comme si de rien n’était le chasseur de démons attrapa les deux poignards d’une seule main, son autre bras agitant son arme dans la direction de Claire, lui fendant le torse malgré son invisibilité.





« Quoi ?! »

Son système de camouflage totalement détruit, le sang sortant en une grand gerbe de son corps, Claire n’ayant pas eut le temps de réagir à cette attaque totalement imprévisible, tombant à terre au milieu de son sang.

Heureusement que le sérum agissait encore un peu, sa plaie ce refermait partiellement et sa production de globules rouges restait suffisante pour ne pas la mettre en danger immédiat.
Mais une chose était certaine : si l’hémorragie continuait alors l’orpheline allait y passer !

« Comment ? Comment a tu fais pour… ? »

C’était ridicule : la configuration du terrain faisait que chaque bruit ce transformait en un écho rendant impossible toute localisation. Et le béton sur lequel elle marchait ne laisser lui-même aucune trace de déplacement. Alors si elle ne pouvait la repérer ni avec ses yeux ni avec ses oreilles, comment avait elle put faire ça ?

« Tu es stupide ou quoi ? Si je ne peux pas te voir ou t’entendre, je peux toujours te sentir. »





C’est seulement à ce moment que Claire commença à comprendre ce qui l’avait trahi : l’odeur du sang qui imprégnait ses vêtements, résultats des blessures qu’elle avait reçue avant de devenir invisible. Car même si les plaies s’étaient refermées, le sang était resté sur elle. Mais comment êtes-ce possible ? Personne ne pouvait ainsi suivre une personne à l’odeur.

« Et bien, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu ne viens pas de dire que tu t’attendais à un combat de ce style ? Ou peut-être t’es tu finalement un peu avancée ? »

*Merde…je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit aussi puissante*

Malgré les dispositions prises Claire avait finalement sous-estimée son adversaire. Mais ce n’était pas fini pour autant !

Aussi rapide que possible elle plongea la main en direction de la boite qui avait contenu les amphétamines, en sortant une nouvelle seringue de Sérum-X7P. Malheureusement cette fois-ci Freya réagie à temps : avant même que Claire ait eut le temps de porter la seringue à son cou la chasseresse c’était mise en mouvement, son pied frappant violement le poignet gauche de la jeune fille, cassant celui-ci alors que la seringue du précieux liquide s’envolant pour aller atterrir plusieurs mètres derrière elle.





« Oups. Tu ne croyais quand même pas sérieusement que j’allais te laisser me faire le même coup deux fois ? »

Tenant son poignet fracturé Claire commença à sentir la victoire lui échapper alors que l’effet des amphétamines commençait à diminuer en même temps que ses forces. En désespoir de cause, puisant dans ses dernières forces, elle ramassa son épée et se releva avant de foncer tête baissée en direction de Freya.

« Une attaque suicide maintenant ? »

Le visage manquant une très nette déception face à cette réaction stupide la chasseresse ce contenta de parer le coup avec une facilité déconcertante. Un mouvement du bras plus tard et la lame de Claire s’échappa de ses mains avant d’aller ce planté profondément dans le sol.

Totalement désarmée l’orpheline ne put évitée le coup de poing qui la projeta par terre, l’assommant à moitié. Mais bizarrement un mince sourire vint animer son visage, regardant derrière la chasseresse de démons.

« Quoi ? Tu oses encore… »

Soudain pris d’un doute Freya regarda dans son dos, fixant le sol avec un regard soudain effrayé : une grenade gisait sur le sol à moins d’un mètre d’elle.





« QUOI ?! »

Tout devint alors évident : Claire n’avait pas attaquée sans raison, avec le vain espoir de la toucher. Ce n’était qu’une diversion pour pouvoir lancer cette grenade dans son dos !

« ET MERDE ! »

Avant d’avoir eu le temps de réagir Freya entendit l’explosion, la boule de feu les soufflants toutes les deux, soulevant un immense nuage de poussière qui recouvrit l’espace de combat, empêchant de voir le résultat de sa petite manœuvre.

*J’ai réussit ?*

Les muscles tendus Claire attendit, espérant que son plan avait fonctionné. Après tout personne n’était capable d’échapper à une grenade explosant aussi prêt, pas même un soldat blindé d’implants.

« Pas mal…c’était très bien joué. »

Sous le regard médusé de la jeune fille Freya émergea soudain du nuage de poussière comme si de rien n’était, sa seule blessure étant un mince filet de sang qui lui sortait de la bouche, résultat d’un éclat de grenade qu’elle avait dut prendre dans le visage.





« J’ai même faillit y passer. Décidément tu es pleine de ressources. »

C’était finis…il ne lui restait plus aucune option pour l’emporter. Son épée ou la seringue de sérum étaient trop loin, il ne lui restait plus d’amphétamine, et le coup de la grenade était sa dernière carte.

« Mais ca me surprend : cette solution était très risquée. Pourquoi prends-tu de tels risques pour me tuer ? »

Quoi ? Comment osait-elle poser cette question et jouer l’innocente après ce qu’elle avait fait ?!

« Tu as tuée ma mère ! »






























« Vraiment ? Mais savais tu qu’elle n’était pas morte ? »

« Vraiment ? Mais savais tu qu’elle n’était pas morte ? »

Sa voix sonna comme un écho dans l’esprit de Claire, un véritable coup de tonnerre, l’information pénétrant petit à petit dans son esprit. Lucrétia…sa mère, était encore en vie.





Mais très vite elle se rendit compte que quelque chose ne tournait pas rond. Face à son regard surpris, et plein d’espoir, la seule réaction de Freya fut un sourire sadique qui s’étendait le long de sa bouche, ce transformant en un rictus.

« Du moins…pas tout de suite. »

Semblant très heureuse de jouer avec les nerfs de son adversaire, et voyant très bien que la jeune fille se trouvait incapable de parler, la chasseresse pris son temps avant de poursuivre.

« Cette salope était résistante. Même après avoir reçue un coup en plein dans le bide elle n’arrivait pas à crever. Elle continuait à gémir et à essayer de se défendre. Alors… »

D’un geste très théâtral Freya mis son épée à l’horizontale, la faisant glisser comme si elle était entrain de répéter une scène.

« Alors je lui ait lentement tranché la gorge. Je l’ai égorgée comme une truie, jusqu’à ce qu’elle arrête de couiner. »





Semblant prise de folie Freya explosa de rire aigue qui vint briser les oreilles de l’orpheline. Pire que d’avoir tué sa mère, cette femme s’était permis de lui donner de l’espoir avant de lui arracher sans remord…et de lui raconter dans les moindres détails à quel point elle avait torturée Lucrétia avant de la tuer !


« Que de bons souvenirs. Et qui aurait cru que j’aurais l’occasion de te revoir aussi vite ? »
« LA FERME ! »

Ignorant la fatigue et la douleur Claire ce releva d’un bond, fonçant en direction de Freya. Elle avait oubliée qu’elle n’avait quasiment aucune expérience et que la chasseresse était bien plus forte qu’elle, que ses mains étaient nue et que Freya avait une arme. L’enseignement de Michael…les conseils de Diante…les techniques apprises sur le front.

Elle ignorait tout.

Une seule chose lui importait désormais : atteindre Freya. La toucher, la frapper de toutes ses forces, lui faire mal sur chaque centimètre que ses doigts pourraient atteindre, voir son visage ce tordre de douleur pour qu’enfin elle ressente la même souffrance qu’elle-même.

Mais un coup de pied plus tard et l’orpheline fut une nouvelle fois envoyée au tapis, plus désarmée que jamais.

« Bon…maintenant il est temps de t’envoyer la rejoindre. »

Levant son épée Freya s’avança en direction de Claire, son visage dénué du moindre sentiment humain. A cet instant le chasseur avait pris le pas sur la femme, le prédateur se tenant prêt à achever sa proie.





Reculant aussi vite que possible l’orpheline finie par se retrouver dos à un muret, condamnant sa seule échappatoire possible. C’était fini : désormais il ne lui restait plus cartes dans sa manche, plus aucun plan pour s’en sortir. Tout comme Lucrétia elle allait se faire tuer par cette femme.

Sentant les larmes lui monter aux yeux, son corps tremblant de tout son long, Claire ne pouvait que regarder la mort s’avancer lentement dans sa direction, son corps refusant de faire le moindre mouvement.





Plus que deux mètres…un mètre…quelques dizaines de centimètres. Impassible, prête à assener le coup de grâce, Freya leva son arme au dessus de sa tête…puis la rengaina.


« Il serait dommage de balafrer un si jolie visage, tu ne crois pas ? »


Pétrifiée Claire ne comprit pas tout de suite le sens de ces paroles, regardant fixement son ennemie pour y chercher la vérité. Mais tout ce qu’elle vit fut la jambe de la chasseresse se rapprocher de son visage à une vitesse alarmante, la percutant de plein fouet avec une violence inouïe.

« Ce fut amusant. Dommage que la fin ait tout gâché. »

Le visage marqué par une profonde déception Freya tourna le dos à la jeune fille, prête à s’éloigner avant que la voix derrière elle ne la retienne.

« Attends ! Ce n’est pas encore… »
« Quoi ? Finit ? Mais ma pauvre petite ce combat est terminé. »
« Alors pourquoi t’enfuis-tu ?! »

Elle avait oubliée le risque de représentait ses paroles, la chance incroyable qu’elle avait de pouvoir s’en tirer en vie après avoir perdu contre un adversaire d’habitude si cruel. Tout ce qui l’importait était de comprendre pourquoi elle était entrain de l’épargner.





« Tu es faible, et je n’ai aucun plaisir à tuer ceux qui tremblent devant la mort. Tes parents eux au moins n’ont pas tremblés quand leur heure est venue. »
« …quoi ? »
« Prend mon geste comme…de la pitié pour une gamine pleurnicharde. »

Sans un mot de plus Freya s’éloigna de la zone de combat, disparaissant en quelques secondes du champ de vision de Claire qui resta seule au milieu des ruines, blessée et épuisée. Pitié…elle avait été prise en pitié ?

Mais pire que tout, sa tentative avait lamentable échouée. Ce qui était peut-être sa seule chance de venger la mort de Lucrétia venait de lui filer entre les doigts. Folle de rage l’impériale frappa du poing contre le sol, hurlant sa colère.





« ET MERDE ! »

La guerre en Afrique de l’Est avait pris un autre visage, devenant plus hargneuse et sanglante qu’elle ne l’avait été depuis bien longtemps. Les différents mouvements de troupes, associes à des accords contre nature qui bien évidemment n’étaient pas tenu, avait finalement conduit à une sauvagerie encore plus grande sur les champs de bataille. Petit à petit, chaque camp était entrain de se radicaliser.


Claire elle aussi semblait affectée par ce nouveau mode de pensé, et pas seulement pour montrer l’exemple en tant que général. Plusieurs alliés étaient tombés sous sa lame durant l’opération conjointe de plusieurs compagnies impériales, la jeune fille profitant de la moindre occasion pour passer ses nerfs sur les ennemis de l’Empire.

Mais alors que le reste de la troupe se réunissait pour fête la victoire, elle manquait à l’appel, ne partageant pas ce moment de camaraderie entre soldat.


« Excusez moi les gars, mais il faut vraiment que je vous laisse. »

Interrompant lui aussi sa participation aux réjouissances, Diante s’éloigna un peu du groupe, commençant à chercher son binôme. Cela faisait plus de deux semaines qu’il repoussait ce moment, et il ne pouvait plus se permettre d’attendre un soir de plus.

En définitif elle ne fut pas bien difficile à retrouver, la fumée aidant très légèrement le chasseur de primes qui la trouva assise devant un feu, occupée à vérifier son équipement et à réparer les dommages que celui-ci avait subit.

« On est en attente d’affectation tu sais. Tu devrais en profiter pour te reposer un peu. »

« De toi à moi les nouveaux ordres seront données demain. Je préfère être prête au combat dès qu’on arrivera à notre nouvelle affectation. »



Hochant des épaules Diante alla s’asseoir en face d’elle, la regardant à travers le feu qui brûlait entre eux deux. De toute évidence son binôme faisait de grands efforts pour éviter son regard et continuer de s’occuper comme si de rien n’était…jusqu’à ce que le chasseur prennent la parole d’une voix lasse.

« Est-ce que tu va enfin me dire ce qu’il y a ? »

« Il n’y a rien. »

« Arrêtes un peu de me prendre pour un débile. Tu n’as pas ouvert la bouche depuis que tu t’es pris une raclée. »

Contrairement à ce qu’il espérait la provocation s’éteignit sur ses lèvres, Claire ne relevant pas la remarque, son visage toujours aussi froid et fermé.

« La prochaine fois que tu voudras te suicider merci de me prévenir. »

« Je n’avais pas besoin de ton aide. »

« Je sais…mais au moins j’aurais le temps de te choisir un beau cercueil. Au fait tu voudras qu’on t’enterre à côté de tes parents ou… »

Ce fut la phrase de trop, celle qui parvint enfin à faire volée en éclat la retenue de Claire. Dans un geste de colère celle-ci saisie la bouteille posée à côté d’elle, la jetant dans le feu dont les flammes s’élevèrent du fait de l’alcool, les deux soldats s’observant désormais à travers une colonne de feu.



« Je n’ai pas envie d’en parler. »

« Et moi si ! Comprend dans quelle situation tu me mets : si jamais tu mourrais, Michael risquerait de m’en vouloir. »

Voyant que sa touche d’humour n’avait aucun effet Diante alla se poser juste à côté de Claire, s’adossant à un arbre, croisant les bras avant de reprendre la parole d’une voix calme et sombre qui ne lui ressemblait pas.

« Laisse-moi-tu raconter une histoire. »

« Arrêtes un peu. »

« Je suis certain qu’elle va beaucoup te plaire. Il était une fois une petite fille qui vivait au milieu de la guerre, ses parents étant des soldats. Mais lorsque leur maison fut attaquée, ceux-ci retinrent les attaquants pour lui permettre de s’enfuir. Malheureusement… »

« Ferme la ! »

« …ils ne survirent pas à cette action. La petite fille ne put rien faire d’autre que regarder ses parents se sacrifier pour elle. La fillette devint finalement une guerrière, jurant de venger ces morts. Mais lorsqu’elle eut enfin cette occasion, elle se fit battre et c’est alors… »

« Je n’ai pas de temps pour écouter ces conneries. »

Le visage tendu par la colère l’orpheline commença à se lever, ayant à peine le temps d’écouter la suite du récit de Diante.

« …c’est alors qu’elle réalisa que, tout au fond de son cœur, elle ne voulait pas mourir. »



« Et cette nuit là, alors que ses parents se sacrifiait, c’est aussi ce qu’elle pensait. Plus important que sa vengeance, ou que sa colère, le désir de vivre passait avant le reste chez elle. »

Laissant sa voix retombée, le chasseur de primes constata avec une certaine satisfaction qu’il avait réussit à capter l’attention de Claire, et même plus important : lui faire réaliser la vraie raison de sa colère.
Cette colère qui n’était pas tournée vers la chasseresse qu’elle avait affrontée, ou encore son manque de puissance. Ce qui torturait Claire de l’intérieur était son attitude alors que Freya allait l’achevée : celle d’une enfant apeurée.

« Je… »

Ne lui laissant pas le temps de s’exprimer Diante s’approcha d’elle, lui posant la main sur l’épaule dans un geste réconfortant.

« C’est normal de vouloir rester en vie. »

« C’est facile pour toi de dire ça… »

« Et qu’est-ce que tu crois ? Que je n’ai pas peur de mourir ? »

« Merde…merde…merde…merde »
C’est fini Diante Cry

« Bien sur que j’ai déjà eu peur de mourir. Tout le monde a peur de crever. C’est humain ! »

Cette déclaration sembla redonner un semble d’assurance à la jeune fille, celle-ci réfléchissant à ces paroles durant quelques secondes…avant de recommencer à broyer du noir.

« Tu ne comprends pas. Ils sont morts pour moi…et moi je…je ne suis même pas capable de… »

« De quoi ? Mourir stupidement ? »



« Tu veux entendre la vérité ? Oui, Morgoth et Lucrétia sont morts à cause de toi. Si ils n’avaient pas eu à te protéger ils auraient sans doute trouvés un moyen de s’enfuir. En te protégeant ils ont ruinés leurs espoirs de survit. C’est un fait. »


« Cependant…ils étaient totalement conscient de cela. Et pourtant tes parents n’ont pas hésités à faire ce choix. Ils t’ont offert ce qu’ils avaient de plus précieux, donner leurs vies en échange de la tienne. »



« Alors ne va pas gâcher leur sacrifice en pensant que tu mérites de mourir. »

[HRP : Compte tenu de la soudaineté des événements sur le plateau, et du fait que cela passe sans aucun RP, je reste à filer comme si de rien jusqu’à la RAZ. Ne vous étouffez donc pas si mes perso manipulent des armes pour lesquels ils n’ont plus les VS]



« C’est pas vrai ! »

D’un mouvement de colère la jeune fille envoya volée l’ordinateur qu’elle avait devant les yeux, celle-ci partant s’écraser aux pieds de Diante après un long vol plané.

« Qu’est-ce que tu nous fait encore ? »

Ignorant le regard foudroyant qu’elle lui lançait, le chasseur de primes ramassa la machine avant d’aller la déposer sur une table, observant ce qui s’affichait à l’écran. Celle-ci étant remplie de paramètres quantitatifs et qualitatifs, affichant un pourcentage dans un carré au milieu de l’écran.

« C’est un logiciel de simulation. »
« Oui…j’essaye de m’entraîner pour battre Freya. »

Evitant de faire une remarque qui lui aurait valu un autre regard sans équivoque, Diante ne put s’empêcher d’éprouver une grande désapprobation. Non seulement rien ne remplaçait la vraie expérience, mais en plus ils n’avaient aucun moyen de connaître les aptitudes encore cachés de la chasseresse. C’est sur le terrain, en plein milieu du combat, qu’ils devraient improviser une stratégie.

« Dit donc…apparemment la machine ne te donne pas vainqueur d’avance. »
« Ca c’est le moins qu’on puisse dire. »

Furieuse Claire tapa du poing sur la table, rageant devant les résultats de ses simulations. Quelques que soit les stratégies qu’elle essayait, ses probabilités de victoires restaient toujours ridiculement bas.





« Quel est le problème ? Cette bécane réfléchis peut-être plus vite, mais elle n’a jamais été ce faire trouer la peau sur le front. »

Soupirant un long moment Claire se pris la tête entre les mains, cherchant à trouver les mots justes pour expliquer la situation dans laquelle elle se trouvait.

« J’ai réussit à analyser son style pendant notre combat. Même si elle ne touche que de manière superficielle, cela équivaut à une blessure très handicapante. Et puis il y a cette force de malade, combiné à sa vitesse.
Je suis incapable de la toucher, incapable d’esquiver ou de contre-attaquer ses coups, et à chaque blessure je suis certaine de prendre en mobilité ou en force ! »

Cette situation était pire qu’une conclusion pour la jeune fille : mais un échec criant. Toutes ses semaines d’entraînement, les implants qu’elle s’était fait implanté dans le corps, tout la technologie de l’armée…en définitif tout cela ne lui avait servis à rien !

« Tu sais Claire, je connais un moyen infaillible pour réussir à la vaincre. »
« Quoi ?! Lequel ? »
« Très simple : tu arrêtes de jouer à l’héroïne suicidaire, et tu me laisse venir avec toi. Après tout si j’ai daigné à ramener mon cul dans l’Empire ce n’est pas pour les beaux yeux de l’Empereur tu sais. »





Pendant quelques secondes Claire reste là, regardant son binôme d’un aire niait, semblant se souvenant que son binôme s’était engagé pour les mêmes raisons qu’elle. Oui…après tout elle avait été assez stupide de ne pas compter sur cette aide. Diante avait une expérience du combat non négligeable, et puis lui aussi était un chasseur de démons.


« Excusez moi, je peux entrer ? »

Surpris les deux impériaux se retournèrent d’un même mouvement en direction de l’entrée, leurs regards tombant sur un homme qui se tenait juste au pas de la porte.

« Désolé vieux, mais on est légèrement occupé là. Reviens demain pour le bureau des réclamations. »
« Ouais...j’aurais pas mal de réclamations, notamment au niveau de la bouffe, mais je ne suis pas là pour ça. »


Prenant ses aises le soldat entra dans la pièce, attrapant une chaise avant de s’asseoir dessus, les pieds posés sur la table la plus proche.

« En fait je suis venu vous transmettre un message. »
« Et si vous commenciez par nous dire votre nom ? »

Semblant surpris par cette question le soldat se releva de sa chaise, approchant de Claire jusqu’à ce que Diante lui barre le passage.

« Tu ne te souviens pas de moi ? En même temps c’est normal, on ne s’est vu que quelques fois, et c’était il y a longtemps. »

Le dévisageant la jeune fille commença à se souvenir, le visage de cet homme lui évoquant vaguement quelque chose, comme un antique rêve qu’elle aurait fait il y a bien longtemps. De son côté Diante semblait plus méfiant que jamais, jetant un regard qui se voulait ouvertement menaçant.

« Qu’est-ce que tu veux ? »
« Simplement vous transmettre quelque chose. Un message de Morgoth. »

A peine eut-il le temps de prononcer cette phrase que Diante s’était mis en action, se jetant en direction du soldat alors que sa main sortait un couteau. Mais l’homme en face de lui avait d’excellents réflexes, bloquant l’attaque avec sa main avant de se jeter en arrière, les deux adversaires se séparant.

*Il est rapide*


« Pas mal…avec une telle force, et un esprit aussi bagarreur, je parie que vous êtes Diante Cry. »
« On se connaît ? »
« J’ai beaucoup entendu parler de vous. »


Retrouvant très vite le sourire et son air désinvolte le soldat s’approcha en direction du chasseur de primes, ayant une expression qui se voulait amical, comme de vieux amis qui ne se serait jamais rencontré en personne.








« Alex Fair. Heureux de faire enfin votre connaissance Diante. »

Sitôt après avoir décliner son identité Alexis leur avait demandé de le suivre, ne donnant pas un seul mot d’explication en trop. Mais en réalité cela était assez inutile, Claire acceptant de le suivre sans posée de question, Diante se contentant de traîner derrière la jeune fille comme à son habitude.

L’annonce de son nom avait provoqué un véritable électrochoc chez les deux soldats, l’orpheline se rappelant enfin les rares fois où ils s’étaient vu alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, alors que le chasseur profitait de l’occasion pour observer son successeur.


« Voila, nous sommes enfin arrivés. »

Se garant le trio sortis de la voiture civile dans laquelle Alex les avait mener, les trois soldats se trouvant désormais devant un vaste bâtiment…un endroit que Claire connaissait très bien.

« Mais…c’est le siège de l’API. »





« C’est tout à fait exact. »
« Et si tu nous disais enfin pourquoi on s’est fait entraîner aussi loin du front. »
« Chaque chose en son temps Monsieur Cry. »

Prenant un ton énigmatique qui ne plaisait pas du tout au chasseur Alex entra en tête du groupe, leurs vêtements jurant affreusement avec le reste des personnes présentes, comme la première fois où Claire avait poussée ces portes. Heureusement cette fois-ci les vigils ne manquèrent pas de les mettre tous dehors, la présence de la jeune fille suffisant à leur assurer l’ouverture de toutes les portes.

« Ah oui…j’avais oublié que vous en êtiez le directeur. »
« Ouais, et pour cette raison que je viens quasiment jamais ici. »

Comme pour les rares fois précédentes, les membres de l’Agence profitaient de sa présence directe pour lui demander une autorisation, soumettre un nouveau projet, ou tout simplement obtenir des crédits supplémentaires pour leur division.

C’était la principale cause pour laquelle elle préférait restée sur le front plutôt qu’ici : cette agitation lui donnait le tournis. Heureusement que Diante commençait un peu à la connaître, éloignant les personnes tout autour de la jeune fille avec l’aide d’Alex, leurs imposantes carrures et les cicatrices du front suffisant à disperser la foule.

« Aller, circulez. »

N’insistant pas les membres de l’Agence s’éloignèrent du trio, les laissant respirer un peu.

« Venez : c’est par ici. »





Parvenant à s’orienter avec une facilité étonnante Alex les mena à travers le dédale de couloir, descendant au sous-sol du bâtiment avant d’arriver devant une immense porte en métal noir, une porte que Claire n’avait encore jamais vue. Mais il n’y avait rien d’étonnant à cela : les locaux de l’Agence étaient très vaste, et tout visiter avec ses quelques visites relevait de l’impossible.

« Qui a-t-il derrière cette porte ? »
« Je n’en sais rien. Votre père m’avait seulement dit de vous amener ici si jamais…il lui arrivait quelque chose. »


Surprise par cette déclaration Claire poussa la manette, laissant la porte s’ouvrir dans un grincement sinistre, révélant une vaste pièce encore plongée dans le noir. Mais il suffit que la jeune fille fasse quelques pas à l’intérieur pour que la lumière s’allume, révélant la présence d’une quatrième personne.

Une personne dans laquelle Claire retrouvait plusieurs parties d’elle-même…une personne qu’elle n’avait pas vu depuis des mois…un homme qui la regardait fixement.






















« Papa ? »





(Morgoth) « Bonjour mon ange. »

Incapable de réfléchir, son cœur battant à pleine vitesse au fond de sa poitrine, Claire se mis à courir en direction de son père, des larmes de bonheur aux yeux. Mais ses bras ne se refermèrent que sur du vent, son corps ne rencontrant que le vide là où se tenait le corps de Morgoth, basculant le sol sans que cela affecte l’ex-démon.


Si tu regardes ce message cela signifie que je ne suis plus de ce monde, ce qui est assez étrange à dire lorsqu’on est encore bien vivant.

Ce fut seulement à ce moment là que la jeune fille remarqua l’accent informatique dans la voix de son père, comprenant qu’il ne s’agissait que d’un hologramme projeté par un appareil qui se tenait juste en dessous de l’image.

Cela signifie aussi que autre tu es aujourd’hui obligée de te battre, plusieurs années après l’enregistrement de ce message.

C’était donc ça : son père avait fait ce message avec l’idée qu’il ne serait vu que bien plus tard, lorsqu’elle serait devenue une adulte et non plus une enfant. Alex n’avait dut être qu’un messager qui a son tour aurait transmit le message à quelqu’un d’autre jusqu’au moment où elle-même le recevrait. Le destin avait simplement précipité les choses.


Même si je ne suis plus là pour te protéger, je peux quand même te laisser un cadeau d’adieu, ton héritage légitime. Prend ce qu’il y a derrière cette porte comme un bouclier, une arme de protection. Si tu en as besoin prend là, si elle t’aide à combattre pour une cause juste alors elle t’acceptera.

Malgré tout je fais le voeu que tu n’ais jamais besoin d’ouvrir cette porte. Maintenant, si la porte est ouverte, j’espère que mon cadeau te protégera, et te permettra de trouver le chemin vers une vie de paix.


Laissant retomber sa voix l’hologramme de Morgoth se pencha en avant, ses doigts effleurant le bouton d’arrêt sans pour autant le toucher, une dernière pensée semblant surgir dans l’esprit de l’ancien démon.

Claire

Je suis désolé de ne pas être là pour voir la femme que tu es devenue. Mais quoi qu’il en soit je sais que je peux être fier de toi ma fille.


Une nouvelle fois l’hologramme se pencha en avant, appuyant sur le projecteur qui s’éteignit, l’image de Morgoth disparaissant.

Restant quelques secondes devant l’endroit où se tenait l’image il y a encore quelques secondes Claire finie par tomber à genoux, des larmes coulant le long de ses joues, le corps tremblant de tout son long.





« Merci papa. »

Semblant également très ébranlé par ce message Diante s’approcha d’elle, lui posant une main réconfortante sur l’épaule, un petit sourire triste au coin des lèvres.

Hochant la tête Claire sécha ses larmes, se remettant sur pieds, fixant la porte située derrière le projecteur holographique, une certaine excitation commençant à lui parcourir le corps. Derrière cette porte se trouvait l’objet que son père lui avait laissé.

Derrière cette porte, il y avait l’héritage de Morgoth

Debout au milieu de la sombre pièce, le trio regardait la porte qui se tenait devant eux, celle-là même que l’hologramme de Morgoth présentait comme derrière laquelle se trouvait son héritage.
Mais contrairement à ce que l’obscurité de la pièce leur avait laissé croire, ce n’était pas seulement l’absence de lumière qui donnait cet aspect sinistre à cette porte : celle-ci était entièrement taillée dans un métal noir, semblant se dresser devant eux comme une muraille imprenable.

« Psss…même mort il continu à se donner des grands airs. »


Lui jetant un petit sourire amusé Claire s’approcha de la porte, la détaillant pendant un long moment. Aucune poignée, et les pressions de son bras sur le métal ne donnaient aucun résultat. De toute évidence celle-ci ne s’ouvrait pas de manière manuelle, ce qui se confirma lorsqu’Alex lui désigna un verrou apposé sur le côté.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? »
« La porte ne s’ouvrira que si on entre le bon code. »

Aussitôt Diante alla voir cela de plus prêt, son visage se dépitant au fur et à mesure de son observation. En soit le système était très archaïque : 4 roulettes qui comportaient chacune les 26 lettres de l’alphabet et les 10 chiffres. Une méthode beaucoup plus sure que les systèmes informatiques si faciles à pirater avec les nouvelles technologies.

« Quel est le code ? »
« J’en sais rien. »
« QUOI ?! »





Effarée par cette déclaration Claire se retourna en direction d’Alex, attendant un rire qui ne venait pas. Il les avait menés jusqu’ici, leur avait fait voir le testament de Morgoth…et déclarait maintenant qu’il était incapable d’ouvrir le dernier obstacle entre eux et la raison même de leur présence ici ?

« Tout ce que Morgoth m’avait dit est que vous étiez la "clé". »
« Je suis la "clé" ? Qu’est-ce que cela signifie ? »
« Je n’en ait absolument aucune idée. »

Grommelant que cela n’allait pas leur facilité la tâche, Diante commence à inspecter la porte, cherchant une faille à exploiter. Même si le crochetage et l’infiltration n’étaient pas ses domaines de prédilection il avait quand même quelques notions.
Mais rien : le métal froid ne laissait aucune possibilité pour faire tomber la porte elle-même, le blindage conséquent ne pouvant être brisé sans une explosion bien trop ravageuse.

« Et si on s’attaquait à la paroi elle-même ? »
« Je vous le déconseille : cette partie est une pierre angulaire. Détruisez là, et c’est tout le bâtiment qui risque de s’effondrer sur nos têtes. »


Absente de cette conversation Claire alla en direction du verrou, réfléchissant au code. "Elle était la "clé", cela signifiait donc que le code avait un rapport directe avec elle-même, quelque chose qu’elle pouvait trouver toute seule. Peut-être ses initiales suivit de son année de naissance ?

C.C.5.7

Rien ne se produisit. Trop évident, quel père n’avait jamais utilisé un code en relation avec la date de naissance de ses enfants ? Alors les 4 premières lettres de son lieu de naissance ?

M.U.N.I

Là encore la porte demeura silencieuse, n’ayant aucune réaction. Mais ce n’était pas bien grave, suffisamment de possibilités lui traînant dans la tête pour que l’une d’entre elles soit juste.

1.2.1.2
1.2.5.7
M.C.L.C
C.L.A.I
C.R.E.C
C.L.C.R
C.C.C.C
…

Mais au bout de plusieurs dizaines de minutes de tentatives la porte restait toujours close, continuant de se dresser entre elle et ce que son père avait voulu lui laisser à travers la mort elle-même.
Rageant la jeune fille commença à frapper du poing contre le métal noir, comme si le simple fait de donner ces coups avait put faire céder la porte. Pourquoi ? Pourquoi demeurait-elle incapable de réussir cette chose qui avait semblée si facile dans l’esprit de son père ? Pourquoi chaque espoir lui était il ainsi retiré sans pitié ? Pourquoi cela se passait il toujours ainsi ?!

Finalement quelque chose vint la retenir, deux bras venant lui encercler le corps, une voix lui murmurant à l’oreille.

« C’est bon Claire. C’est bon. »

Les larmes aux yeux elle réalisa seulement à ce moment la douleur qui parcourait ses mains écorchées par le métal, qu’elle vit le sang qu’elle avait déposée sur le sol et la porte à force de coups, qu’elle sentie le liquide rouge lui couler le long du nez pour aller s’écraser à ses pieds.

« Ne t’en fait pas. On va trouver un autre moyen. »


S’abandonnant à cette douce étreinte Claire commença à se détendre, fermant les yeux pour laisser filer l’angoisse et la douleur. Le geste de Diante la renvoyait quelques mois en arrière, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant à la vie normale. A l’époque où sa plus grande préoccupation était de savoir quand elle pourrait passer plus de temps avec ses deux parents.

La douceur qu’elle ressentait à cet instant était si semblable à celle de son père, alors qu’il allait la coucher en lui disant…





D’un mouvement brusque l’orpheline s’arracha aux bras de son binôme, fixant le code comme si c’était la première fois qu’elle le voyait.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

Pour seule réponse Claire rejeta la tête en arrière, explosant de rire à la surprise des deux hommes derrière elle. Mais bien sur, pourquoi n’y avait elle pas pensée plus tôt ? Cela semblait tellement évident maintenant, si simple que cela en était risible.

Certaine de se qu’elle faisait la jeune fille commença à composer un code, faisant rouler les molettes à toute vitesse.

Bonne nuit mon ange, fait de beaux rêves.

« Maman a raison mon ange. Et n’utilise pas mon champs de camouflage comme la dernière fois »
« Tu m’avais dit de tout faire disparaître… »

« Au revoir mon ange »

Bonjour mon ange

Si tu regardes ce message cela signifie que je ne suis plus de ce monde, ce qui est assez étrange à dire lorsqu’on est encore bien vivant.

A.N.G.E


Sans la moindre once de surprise Claire regarda la porte se déverrouiller, tremblant de tout son long avant que les deux battants ne s’ouvrent devant elle, lui reconnaissant le droit d’accéder à son héritage désormais légitime.


Aussitôt le trio entra dans la seconde pièce, elle aussi entièrement plongée dans le noir dont les lumières s’allumèrent une fois les premiers pas fait. Mais cette fois-ci les lumières étaient beaucoup plus importantes, Claire et les deux autres soldats devant se protéger les yeux.
Enfin, lorsque leurs vues furent suffisamment adaptées ils relevèrent la tête, fixant l’unique objet qui se trouvait au centre de la pièce.

A sa simple vue Diante ouvrit la bouche sous le coup de la surprise, restant quelques instants planté bêtement planté là, jusqu’à ce qu’un mince sourire vint animer son visage, la présence de l’objet laissé par Morgoth lui rappelant de vieux souvenirs, des souvenirs de l’époque où il combattait le démon avait l’aide de Lucrétia.

« "Une arme de protection" hein ? »
« Alors c’était donc ça…j’ignorait qu’il l’avait gardé. »


Exaspérée par l’attitude de Diante et Alex, Claire se retourna dans leur direction, voulant comprendre pourquoi tout les deux étaient en admiration devant cet objet qui n’avait pourtant rien d’exceptionnel.

« Diante, qu’est-ce que c’est que ça signifie ? »

« Diante, qu’est-ce que c’est que ça signifie ? »

Se sentant totalement mise à l’écart comparée aux regards admiratifs des deux anciens binômes de Morgoth, Claire ne cessait d’alterner son regard entre les deux hommes et l’objet qui était posé au milieu de la pièce. Pourquoi Alex et Diante le regardait il donc comme cela, alors qu’il n’avait rien d’exceptionnel ?

« Pas de doute, c’était le meilleur cadeau qu’il pouvait te faire. »
« Diante… »

Depuis le temps qu’ils se côtoyaient, le chasseur s’avait maintenant reconnaître ce ton : celui qu’elle laissait traîner quand l’impatience commençait à la gagner, la plupart du temps lorsque Diante oubliait de lui expliquer une référence. Mais cette fois il décida de faire durer le plaisir.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Tu peux m’expliquer ce que c’est que ça ? »
« Ca ressemble à ton héritage. »
« Arrêtes de te fouttre de moi. Pourquoi m’aurait il légué une statue ? »





Avec un petit sourire Diante ne put s’empêcher de repenser aux nombres de personnes qui avaient eut une réaction semblable à la vue de ce bélier en or, au mépris qui accompagnait ceux qui ne voyait en elle qu’un simple objet décoratif aux tranches mal taillées, alors que ceux qui savaient la vérité ne pouvaient s’empêcher d’être en admiration.


« Pas une statue Claire…une armure. »
« Quoi ? »
« Regardez-y d’un peu plus prêt. »

Encouragée par les paroles d’Alex, la jeune fille s’avança en direction du bélier doré, détaillant chacun des morceaux qui le composait. A y regarder d’un peu plus prêt elle se mit petit à petit à identifier chaque partie, imaginant comment chaque morceau pouvait venir en complément des autres pour former une protection.

« Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est original. Mais l’or n’est pas un métal résistant. »
« Détrompes toi. Cette armure peut être aussi solide que du diamant. »

Fixant son binôme en attendant le sourire qui lui montrerait que Diante était entrain de blaguer, Claire réalisa petit à petit que l’héritage qu’elle avait reçu de la part de Morgoth avait beaucoup plus de valeur que ce qu’il paraissait aux premiers abords.

Semblant désormais beaucoup moins réticente à croire les paroles de son père Claire pris un morceau de la statue entre les mains, commençant à tirer dessus. Si c’était bien une armure alors il fallait en extraire les différentes partie pour s’en équiper. Mais à peine eut-elle un peu tiré qu’un hurlement de douleur emplie la pièce, l’orpheline reculant en se tenant la main droite rougie.

« C’est quoi cette connerie ?! »





Laissant l’orpheline restée incrédule Diante s’approcha à son tour, toisant l’armure avec orgueil un moment avant d’approcher sa main à son tour, attendant Claire hurler un avertissement dans son dos.

« Attend ! Cet objet va te… »
« Brûler ? Je n’en doute pas, il le fait déjà. »

Même à plusieurs dizaines de centimètres l’armure d’or réagissait, un air brûlant s’échappant du métal brillant, se défendant contre le chasseur qui pouvait sentir sa main rougir à travers son gant. Mais il ne s’était pas imaginé une autre réaction venant de sa part : après tout il l’avait brisé en mille morceaux lors de l’affrontement avec le démon.

« L’armure d’or possède ce qu’on pourrait appeler un "esprit". »
« Un esprit dans un bout de métal ? »
« Oh aller…t’en a vu d’autre. Dit toi simplement qu’il y a un peu de magie dans ce monde. »

Cela semblait invraisemblable…ou l’aurait semblé pour quelqu’un de rationnel. Mais depuis ses derniers mois et les contacts qu’elle avait eu avec les chasseurs de démons, sa capacités à accepter les bizarreries en tout genre avait largement grandie.

« Bon…acceptons. Comment je dois m’y prendre ? Je lui parle gentiment ? »
« Seulement si elle te juges dignes. Je ne m’y connais pas beaucoup, mais je suppose que cela signifie se battre pour une juste cause, ou prouver une grande détermination. »
« Une juste cause… »

Il y avait fort à parier que la vengeance qu’elle était entrain de mener ne rentre pas dans la catégorie des justes causes. Les personnes qu’elle voulait tuer sans que cela soit pour se protéger, le sang qui avait déjà coulé et qu’elle voulait encore faire couler…cela n’était sans doute pas quelque chose qu’on pouvait voir comme une action honorable.


« Lorsqu’il avait fait ce message Morgoth imaginait sans doute que si vous deviez vous battre cela serait pour une bonne raison. »
« Leurs morts n’est pas une raison valable pour toi ? »
« Hein ? Mais non, ce n’est pas ce que j’ai dit…simplement quelque chose qui rende mieux sur le papier. »

Un rictus sur le visage Claire s’approcha de l’armure, la douleur à sa main la rendant désormais méfiante vis-à-vis de l’objet. Peut-être bien que son père s’était fait de fausses idées concernant sa capacité à hériter de l’armure d’or. Mais même si sa raison de combattre n’était pas noble, il lui fallait absolument cette protection, elle seule pouvant l’aider à tuer les chasseurs.

« Dans ce cas… »





Sans prendre le temps de réfléchir elle posa la main sur l’une des cornes du bélier, tirant d’un coup sec alors qu’une trainée de sang vint asperger l’armure, les deux hommes ayant un mouvement de recule devant ce geste.

« Pourquoi ? »
« Même si je ne combat pas pour une raison juste, je peux au moins lui prouver ma détermination. »

C’était la seule option qui lui restait, et l’unique moyen pour que l’armure d’or l’accepte. C’est vrai : elle se battait pas vengeance, mais dans se combat peu lui important la souffrance ou les obstacles qu’elle rencontrerait. Elle était prête à tout endurer, n’importe quelle douleur, si cela lui permettait de venger la mort de ses parents.


Aussitôt après que Claire ait exprimée cette pensée le métal dorée se mis soudain à brillé avec intensité, aveuglant le trio qui dut de nouveau se protéger les yeux pour éviter de s’aveugler. Mais même à travers cette intense lumière Diante put voir un phénomène qu’il n’avait eut l’occasion que voir qu’une seule fois : le bélier d’or se métamorphosa en une boule dorée, s’élevant dans les airs avant d’englober le corps de Claire, la faisant disparaître dans ce soleil miniature.

« Mais qu’est-ce qui ce passe ?! »

Ce n’était pas seulement ce phénomène, mais aussi l’incroyable énergie qui se dégageait de la boule de lumière. Une puissance qui menaçait de les souffler comme des brins de paille, faisant naître un vent violent qui vint leur fouetter le visage. Pas de doute possible, c’était bien là la puissance d’une des 12 armures légendaires.


Enfin, après quelques secondes d’attente, la lumière se mis enfin à diminuer en intensité, leur permettant de regarder le résultat sur Claire. La jeune fille étant revêtue de pied en cape, l’amure s’harmonisant parfaitement aux lignes de son corps comme une deuxième peau.

« Pas mal. Mais maintenant on va avoir du mal à passer inaperçu. »
« Je le sens… »
« Quoi ? »

La voix éteinte et le regard vide, la jeune fille était totalement indifférente à l’environnement autour d’elle, l’esprit perdu dans ses pensées. Dès l’instant où l’armure était venue se coller à elle, une sensation avait commencée à se rependre dans tout son corps, une impression qu’elle n’avait plus ressentie depuis des mois de cela.


A travers son héritage elle ressentait une présence l’étreinter tendrement, une chaleur humaine l’envahir.
C’était comme si…comme si Morgoth était là, à ses côtés.

Les clameurs de la bataille avaient enfin cessées, laissant le silence de mort s’installer comme pour donner quelques moments de repos aux soldats sortant d’une farouche lutte. Comme à son habitude l’OEL* s’était montrée exemplaire sur le champ de bataille, agissant avec une coordination qui n’avait laissée aucune chance aux ennemis de l’Empire.

Mais au milieu de cette meute au repos quelqu’un manquait à l’appel, une personne dont la présence ne pouvait cependant être ignorée. Interloquée par cette absence Claire quitta à son tour la troupe entrain d’installer le camp, fouillant les alentours du camp pour retrouver cette personne, finissant par l’apercevoir assis devant une ruine, regardant quelque chose d’un air rêveur.


« Bonjour ton altesse. »

Surpris par cette formulation peu banale l’Empereur Kergan tourna la tête, tombant nez à nez avec le capitaine de sa garde qui le dévisageait d’un air amusé, sourire que le souverain lui rendit, prenant un air faussement inquiet.

« Bonjour Claire. Est-ce que par hasard j’aurais encore commis une imprudence ? »
« Et bien disons que, si on exclu le fait que tu sois seul en plein territoire ennemi…non, je ne crois pas pouvoir te reprocher un manque de sécurité. »

Explosant de rire Kergan hocha la tête, n’essayant même plus de défendre sa cause dans un duel qu’il savait perdu d’avance. Ces deniers temps, à chaque fois qu’il s’éloignait un peu de la troupe Claire lui tombait dessus, insistant pour qu’il fasse plus attention à sa protection.
A force cela étais presque devenu un jeu entre eux deux, et les crises cardiaques qu’il avait manqué d’avoir les premières fois étaient désormais loin, lui permettant de prendre ses rappels à l’ordre avec le sourire.

« J’étais simplement venu voir cet endroit. Durant la bataille j’avais eu le temps de l’apercevoir de loin, et je m’étais juré de revenir ici pour le voir de plus prêt. »

« Qu’est-ce que des ruines peuvent avoir d’intéressantes ? »

« Tu ne devrais pas parler comme ça. Tu vois cette ruine ? C’était une église avant, une église chrétienne. Tu t’y connais un peu en religion ? »

« Pas vraiment non. »

« C’est bien dommage. Par exemple cette statue, elle représente l’Archange Michael, le chef de la milice céleste. »



Imperceptiblement l’attitude de la jeune fille changea en entendant ce nom. Surprise Claire leva le regard en direction de la statue, fixant celle-ci d’un air bien différent du mépris qu’elle avait il y a encore quelques secondes. Les yeux dans le vide elle laissa une phrase glisser entre ses lèvres, pas plus fort qu’un murmure.

« L’Archange…Michael… »



















« Putain, mais qu’est-ce que… »

Tenant le reste de son bras gauche, tranché en dessous du coude, l’homme regardait son agresseur sans y croire. Retirant les couteaux qui étaient plantés dans sa chair, il laissa sa peau se refermer d’elle-même, guérissant les blessures qu’il avait subit.

Souriant du bout des lèvres l’agresseur repassa soudainement à l’attaque, agissant à une telle vitesse qu’il sembla presque disparaître, et ce malgré la taille de son épée. Une seconde plus tard et il réapparu derrière sa cible, laissant sur lui une plaie béant allant de l’épaule à la région du cœur, un coup qui aurait tué n’importe quel homme.

Sauf que la personne n’était pas vraiment un humain…sa nature l’empêchant de mourir avec cette blessure, même si la douleur le mis à genoux.

« T’es…quoi bordel ?! »

Dopé la peur de mourir le démon se releva, puisant dans ses dernières forces pour se jeter crocs en avant en direction de son adversaire…juste avant qu’un demi-mètre de fer lui traverse la mâchoire. Une seconde plus tard et sa moitié de visage tomba misérablement sur le sol, vite suivit par le reste de son corps.

N’ayant pas l’air de se rendre compte de se qu’il venait de faire l’homme toujours debout rengaina son épée, la dissimulant derrière son ample manteau avant d’aller ramasser les couteaux qui trainaient sur le sol, les faisant disparaître dans ses manches. En quelques secondes il retrouva une apparence banale, dissimulant le tueur sous le visage d’un homme comme les autres.

Mais soudain un bruit se fit entendre dans son dos, l’homme se contentant de tourner légèrement sans marquer le moindre signe d’agressivité dans la voix.

« C’est toi Sélène ? »



Dans son dos une jeune femme venait d’apparaître, tombant littéralement du ciel avant d’atterrir quelques mètres devant Michael, mettant un genou à terre en signe de profond respect.

« Oui monsieur. »

Abordant un petit sourire, mais cette fois-ci amical, l’Archange se retourna en direction de la dite Sélène. Son apparence donnait l’impression qu’elle n’était encore qu’une gamine, ses longs cheveux noirs en bataille accentuant encore cette impression, ses yeux bleus brillant à travers la nuit.

« Arrête de m’appeler monsieur, j’ai l’impression d’être encore plus vieux que je ne le suis. »
« Désolée. »

Prenant appui sur son autre jambe la jeune fille se remis debout, fixant l’Archange sans un mot, attendant un signe de sa part. Elle-même n’était pas rentrée au sein des chasseurs de démons depuis longtemps, pas suffisamment en tout cas pour faire des chasses toute seule. Alors elle devait se contenter d’effectuer la tâche la plus ingrate : la localisation des cibles.

« Je t’écoute. »
« Nous avons reçu une nouvelle information concernant un groupe de démons qui se trouverait en Mauritanie, dans la ville de Kiffa. Vu le peu de cibles il a pensé que vous feriez largement l’affaire. »
« On ne peut pas vraiment dire que c’est du gros gibier en effet. »

D’un signe de la tête Michael désigna le cadavre qui était allongé non loin de lui. Non seulement les démons se faisaient moins nombreux, mais ceux qu’il combattait se montraient relativement faibles. Il n’y avait qu’à voir celui-ci : sa force physique n’avait rien d’impressionnante, et sa régénération avait très rapidement atteint ses limites.

« Et qu’en est t’il de ce que je t’avais demandé ? »

Le ton de sa voix n’avait pas évoluée d’un iota, et pourtant une certaine tension s’était installée dans l’atmosphère autour d’eux. La nature des demandes que lui avait fait l’Archange était pour le moins inhabituelles, d’autant qu’il avait expressément à ce que cela reste entre eux deux.

« Malheureusement je n’ai pas réussit à le retrouver.»
« Je vois. »

Soupirant, bien que n’étant réellement surpris par cette réponse, Michael leva les yeux au ciel en murmurant plus pour lui-même que pour la femme derrière lui.

« Raphaël…où te caches tu ? »



Raphaël restait fidèle à lui-même : un véritable fantôme, un électron libre dont on ne pouvait prédire le prochain mouvement. Quel dommage, ses conseils aurait été très précieux pour l’aider à voir plus clairement la situation, et le chemin qu’il devait suivre.


« Il y a autre chose que vous devez savoir. »

Cette fois-ci réellement surpris, Michael se retourna en direction de la jeune chasseresse, celle-ci venant de prendre une voix beaucoup plus sombre et grave que d’habitude, laissant présage une mauvaise nouvelle.

« La personne que vous m’avez demandé de surveiller…est entrée en contact avec l’un des nôtres. »
« Un des nôtres ? »
« Oui : Freya. »

Même si Sélène n’avait pas encore donné le résultat de cette rencontre, l’Archange se permis de souffler. La femme en face de lui le connaissait suffisamment, et aurait commencé par là s’il était arrivé quelque chose à Claire. Ce qui ne tarda pas à être confirmé.

« La personne que vous m’avez demandé de surveiller à perdu ce combat, mais Freya l’a laissée en vie. »
« Vraiment ? C’est plutôt surprenant de sa part. »

Mais quelque chose vint rapidement occuper l’esprit de l’Archange : l’identité maintenant révélée d’un autre des 6 assassins. Avant Zachary et maintenant voila que c’était Freya qui se montrait faire partis de ce groupe…coïncidence ?

« La personne que vous m’avez demandé de surveiller : vous tenez vraiment à elle n’est-ce pas ? »

Abandonnant sa réflexion Michael tourna son regard en direction de la jeune chasseresse, ayant perçu dans sa voix une intonation qu’il ne lui connaissait pas, un sentiment qui le fit légèrement sourire.

« Est-ce de la jalousie que je perçois ? »

Baissant les yeux Sélène ne répondit pas, faisant semblant de ne pas avoir entendu la question de l’Archange. Mais quand elle reprit la parole ce fut d’une voix qui se voulait beaucoup plus professionnelle et ferme.


« Et maintenant ? Est-ce que je dois partir à la recherche de Freya ? »
« Non, je ne pense pas que ce soit la peine. »

Freya était peut-être forte, mais Diante pouvait amplement gérer cette situation tout seul. Claire elle seule n’avait pas beaucoup de chance de s’en sortir, mais si son frère cadet s’en mêlait alors il n’y avait pas grand-chose à craindre de ce côté-là. Diante était devenu extrêmement fort.

« Nous allons plutôt concentrer nos recherches en direction de Séraphin. »



« Séraphin ? Cela risque d’être difficile : il n’arrête pas de bouger sans rendre de compte à personne. Un véritable freelance. »
« Alors autant ne pas perdre de temps pour commencer nos recherches n’est-ce pas ? Oh et… »

D’un hochement de la tête il désigna le cadavre sanglant.

« Débarrasse-moi de cette carcasse s’il te plaît. »

Assise en face d’un poste d’écoute Claire attendait. Cela pouvait sembler stupide, mais elle préférait prendre mille précautions plutôt que risque de voir sa cible apprendre l’information, et se tenir prête à la recevoir. Sans l’effet de surprise, elle pouvait directement faire une croix sur ses chances de victoires.

Enfin un grésillement se fit entendre, réveillant la jeune fille qui patientait depuis prêt d’une heure. Quelques réglages au niveau de la fréquence, un coup d’œil derrière son dos, et elle commença à parler dans le micro, entendant sa propre voix électronique en échos.


C’est bon, je suis là

Heureux de l’entendre. Cela n’a pas été facile de…

C’est bon, épargnez moi les détails inutiles. Est-ce que vous avez réussit ?


Sa demande fut suivit de quelques instants de silences, des secondes pendant lesquelles l’orpheline croisa les doigts en espérant une réponse positive. Non, elle devait absolument être positive, sinon cela n’aurait aucun sens.


Oui. La cible se trouve aux Etats-Unis, au Minnesota dans la région des grands lacs. Selon mes informations, elle a pris un billet d’avion pour St Cloud. Celui-ci doit atterrir sur place demain.

Elle va y rester combien de temps ?

Au vu de ses réservations d’hôtel, au moins 5 jours.

Excellent travail. Gardez la sous surveillance, je vais la rejoindre de ce pas.


Un sourire carnassier du coin des lèvres Claire coupa la communication, jubilant intérieurement. Elle avait eu beaucoup de chance : depuis leur dernier affrontement retrouver Freya avait été beaucoup plus rapide que tout ce qu’elle espérait. Et grâce à son nouvel atout, elle espérait bien que la conclusion serait bien différente cette fois-ci.

« Pour moi ça sera un siège fenêtre dans l’avion. »





Sans qu’elle l’entende arriver Diante s’était retrouvé dans son dos, parlant d’une voix très détachée comme si il était là depuis le début. De toute évidence la précédente tentative de Claire avait fortement renforcé son attention, le chasseur de primes ayant fermement l’intention de ne plus la laisser combattre seule.

« C’est bon Diante. Je n’ai pas besoin… »
« De mon aide ? Arrêtes un peu ton charme, tu t’es fait botter les fesses la dernière fois. »
« Les choses ont changées. »
« Ce n’est pas avec un beau costume brillant que tu va réussir à la battre. »

Lui lançant un regard assassin Claire ne put cependant que remarquer à quel point il était vain de vouloir détourner Diante de cette idée. Celui-ci était résolu à venir avec elle sur ce coup, et tout ce qu’elle pouvait dire ou faire ne changerait absolument rien.

(Soupirant) « Très bien…rejoint moi à la caserne dans deux heures. »







Deux heures plus tard le binôme se retrouva à la caserne, croisant des soldats qui tournaient la tête en s’attardant sur eux. Il faut dire aussi qu’il y avait de quoi : Diante avait apporté avec lui une grande valise à l’aspect pour le moins inhabituelle.





« T’es vraiment obliger de prendre un truc comme ça ? »
« Rien ne vaut un bon matériel. Et je préfère être sur d’avoir ce qu’il me faut sous la main. »

Décidément il restait incapable de se faire discret, ce qui n’allait pas arranger leurs affaires. Claire avait depuis longtemps préparée de fausses identités afin de pouvoir librement circuler en territoire ennemi, mais Diante n’était pas du genre à se faire discret. Et il serait vraiment pénible de devoir s’enfuir d’une douane avec la police alliée à leurs trousses.

« Aller, viens. »

Passant à travers la caserne Claire les emmena jusqu’à une pièce composée d’un bureau et d’un lit, un des privilèges qu’elle pourrait tirer de son grade de général. Décidément cette petite avait le même caractère que son père : la moindre occasion d’un peu de luxe supplémentaire était bonne à saisir.

« On va prendre le bateau jusqu’en Egypte, de là un avion décollera du Caire jusqu’à Philadelphie où on fera une escale avant de prendre un autre avion et atterrir à Minneapolis. »
« Génial ! Et tout ça va nous prendre combien de temps ? »
« Pas plus de 24 heures. Il vaut mieux qu’on ne s’absente pas trop longtemps, nos permissions à rallonges vont finir par attirer l’attention. »
« Pourquoi faut il toujours qu’on aille se geler les fesses dans un pays ennemi ? On ne pourrait pas aller combattre en Asie pour une fois ? »

Ignorant le mauvais caractère de Diante, déjà trop concentrée sur la suite des événements, Claire glissa un rapide « Je reviens » avant de sortir de la pièce, laissant derrière elle son binôme soupçonneux.

« Une chose est sure : elle n’a pas envie que je vienne. »

Mais de toute façon elle ne pourrait pas partir sans prendre la valise contenant l’armure d’or en morceau, valise qui était posée juste à côté de lui. Et cette assurance se confirma lorsque la jeune fille rentra au bout de quelques secondes avec deux choppes de bières, en tendant une au chasseur de primes qui l’accepta avec un grand sourire.





« A quelle occasion ? »
« Et bien disons…à notre succès futur. »

Levant sa choppe Claire commença à boire, très vite suivit par Diante qui se réjouit de boire autre chose que le mauvais alcool qu’on leur servait habituellement sur le front.

« Quand est-ce qu’on part ? »
« Le bateau sera là d’ici deux heures. »
« QUOI ?! Attend, je n’ai même pas eut le temps de poser mes perm. »
« Ca ne va pas être nécessaire. »

Sur le coup de la surprise Diante lâcha sa choppe, celle-ci allant se briser sur le sol en un millier d’éclat de verre. Non…ce n’était pas la surprise qui lui avait fait lâcher sa bière : d’un coup sa main avait perdu toute sa force, très vite suivit par le reste de son bras.

« Merde…qu’est-ce qui… »

Relevant la tête il tomba nez à nez avec Claire, remarquant son sourire au coin des lèvres, comprenant trop tard qu’il venait de se faire piéger.

« J’ai mis un somnifère dans ta boisson, et vu ta résistance j’ai même mis une triple dose. »
« Rien…que ça ? »
« Tu va dormir pendant une bonne journée, j’ai dit aux soldats à l’extérieur que tu avais besoin de beaucoup de repos. De plus j’ai pris tout les papiers, et il te sera impossible d’avoir une fausse identité avant plusieurs semaines »
« Enfin…pourquoi ? »

Perdant rapidement ses forces Diante senti Claire se rapprocher de lui, poser une main sur son épaule et approcher sa tête de la sienne, ses lèvres laissant échapper un murmure à son oreille.

« Je suis désolée Diante. Mais je ne laisserais plus personne mourir à cause de moi. »

Cédant lentement au sommeil qui le gagnait le chasseur de primes eu tout juste le temps d’avoir une dernière pensée, une seconde de parole intérieure avant de sombrer dans l’inconscience le sourire aux lèvres.

*Foutu…bonne femme*


Deux minutes plus tard et Diante était allongé sur un lit, la tête posé sur un oreiller et le corps recouvert d’une couverture.





« C’est tout toi ça. Même si en le niant tu manquais cruellement de sommeil. »

Laissant son binôme ronfler Claire pris la grosse valise qui contenait l’armure d’or et divers autres objet, observant dans un miroir les habits de civil qu’elle avait revêtue, allant à la porte.
Mais malgré toute sa résolution elle ne put s’empêcher d’avoir une pointe de regret, jetant un dernier regard en direction de Diante. Si seulement elle pouvait survivre à ce combat…

6 Décembre 2158, Forêt au nord de St Cloud, Minnesota



L’après midi commençait à tirer vers sa fin, le soleil perçant à peine à travers les arbres sombres. Nul ne se promenait plus dans cet endroit à une telle heure, le froid mordant décourageant les plus téméraires qui de toute façon ne se seraient pas aventurés aussi loin. Mais malgré cela une personne était belle et bien présente dans cet endroit, s’orientant à travers l’armée d’écorces et de feuilles.

« Tiens…qu’est-ce que c’est que ça ? »

S’arrêtant soudainement elle commença à renifler l’air, comme si elle cherchait à flairer quelque chose, ou quelqu’un. Ses yeux balayant l’environnement autour d’elle, ses muscles tendus prêt à répondre au moindre signe suspect. Et pourtant, quand elle reprit la parole ce fut d’une voix étrangement calme.

« Il semblerait que…je ne soit plus seule. »

Tout ce passa en une seconde.

A peine eut-elle fini sa phrase qu’une détonation se fit entendre dans son dos, une place traversant l’air en sifflant avant d’aller claquer le sol là où la femme se tenait il y a encore quelques dixièmes. S’étant jetée sur le côté elle atterrie sur un lit de feuille, soufflant d’avoir échappé d’aussi peu à une attaque mortelle.

Mais à peine deux secondes après avoir atterrie, le sol se souleva soudain en une fine couche de terre, un fil brillant à travers les rares rayons de soleil.

*Un câble en acier ?*

Aussitôt il y eut un déclique, un bout de fer s’envolant.

*Une grenade ?!*

Sa pensée fut suivit par une explosion, le souffle balayant les feuilles aux alentours, fissurant plusieurs arbres et soulevant une tonne de poussière, un silence de mort s’installa sitôt que le bruit et son échos furent retombés. Quelques secondes s’écoulèrent, des instants durant lesquels rien ne bougea, puis finalement une personne apparue entre les arbres, observant l’endroit où la grenade avait explosée à l’ombre des feuilles.

« J’ai réussit ? »

« Tu m’as bien eue. J’ai bien failli me laisser avoir. »

Surprise Claire se retourna en direction de la voix qui venait de parler, enrageant intérieurement. Freya n’avait réussit à réchapper de son piège, se tenant calmement devant elle les bras croisés, aucune trace sur son corps ne laissant penser qu’elle venait tout juste d’éviter une violente explosion.





« Feindre d’utiliser une arme à feu pour ensuite je piéger avec des explosifs, je dois avouer que c’était très intelligent. Seulement, comment à tu fais pour savoir que je passerais par là ? »

Par chance, Freya restait toujours aussi sur d’elle-même, ne profitant même pas de cette occasion en or pour attaquer Claire par surprise. Une attitude arrogante qui pouvait finir par lui être fatale…

« Cela fait deux jours que tu empruntes le même chemin. »
« Oh ! Je vois que tu me fais surveiller sans même que je m’en rende compte. »

Chacun dans l’ombre rassurante des arbres, les deux femmes s’observèrent un long moment, aucune des deux ne semblant décidée à rompre les quelques mètres de distance qui les séparait l’une de l’autre. Pour Claire cela était évident, mais pour Freya cela démontrait une chose : désormais elle serait beaucoup plus prudente.

« Ah ce que je vois la précédente leçon ne t’a pas suffit. »
« Les choses seront différentes cette fois. »
« C’est évident. La dernière fois je t’ai laissée en vie par caprice, mais cette fois-ci tu n’auras pas la même chance. »


Retrouvant de son assurance la chasseresse fit quelques pas en avant, commençant à réduire la distance entre elle et la jeune fille, avançant lentement à l’affut du moindre piège qui aurait put être disposé sous ses pieds. Mais Claire n’avait pas eut le temps d’installer des pièges à cet endroit, laissant le champ totalement libre à Freya.

Comprenant qu’il n’y avait désormais plus d’autre alternative que le combat frontale elle se résolue à sortir de son ombre, apparaissant devant son adversaire revêtue de l’armure d’or du Bélier, la vision de ce nouvel atout dans le jeune de Claire créant un moment de surprise chez Freya.





« Tu as pris ton plus beau costume pour venir m’affronter ? »

Ignorant la remarque Claire dégaina son épée, avançant de quelques pas avant de se mettre en garde, sa lame orientée à la verticale devant son corps, ses jambes tendues prêtes à se déporter à la moindre nécessité.

De son côté beaucoup plus légère dans son attitude Freya sortie elle aussi sa lame, orientant la pointe en direction de Claire pendant quelques secondes avant de la mettre à la verticale devant son visage, adoptant une posture qui semblant en somme tout ce qu’il y avait de plus banal et d’inadaptée pour un combat à l’arme blanche.

« Désolée, mais j’ai un démon à exterminer. Je ne vais donc pas perdre de temps avec toi. »
« Ca tombe bien ce ne sera pas long. »

Lentement la tension qui précède toujours les combats commença à s’installer, les deux guerrières se défiant du regard, toutes les deux prêtes à se jeter dans la bataille. Une bataille qui avait lieu bien loin des cuves à clonage, un affrontement qui allait fatalement se solder par la mort de l’une d’entre elles.

« C’est déjà la deuxième fois. »
« Et ce sera la dernière. »





« Allons-y ! »

Sans perdre un instant, se montrant réellement impatiente de finir ce combat, Freya passa aussitôt à l’attaque en fonçant tête baissée. Mais la jeune fille s’était préparée, parant facilement le coup horizontal dont la puissance la fit malgré tout reculer, de même que la lame de la chasseresse à cause de l’onde de choc.

Cependant cela n’arrêta pas l’attaque, loin sans faux. Se laissant entraîner par la puissance de recul Freya fit un tour sur elle-même, frappant Claire de l’autre côté que la précédente attaque, celle-ci parvenant à contrer le coup…pour voir le même scénario se répéter dans le sens inverse.

*Quoi ?*

Progressivement la cadence augmenter, l’orpheline devant reculer sous l’avalanche de coups qu’elle-même provoquait, la vitesse de rotation de son adversaire devant si important que parer devenait de plus en plus difficile et que toute esquive était rendue purement et simplement impossible.

Enfin ce qui devait arriver arriva : un coup se fut plus puissant que les autres, la lame de Claire tremblant entre ses mains avant de s’envoler, décrivant un arc de cercle pour aller ensuite s’enfoncer dans le sol quelques mètres derrière elle.

« Déjà fini ? »

Criant victoire Freya fit une dernière rotation, sa claymore sifflant l’air en approchant de la jeune fille totalement désarmée qui reçue le coup de plein fouet…sans subir une seule égratignure. Fidèle à sa légende l’armure d’or encaissa l’attaque sans broncher, l’onde envoyant Claire glisser sur le sol durant deux bons mètres, mais aucune fissure n’apparu sur la protection brillante.

Aussitôt le sourire sur le visage de Freya s’éteignit, celle-ci regardant son adversaire à terre sans parvenir à croire ce qui venait de ce passé sous ses yeux.





« Hein ?! Qu’est-ce que tu viens de faire ? »

Profitant de ce moment de flottement Claire se jeta en direction de son épée, ses doigts ayant à peine le temps de l’effleurer qu’un poids lui tomba sur les poignets : réagissant au quart de tour Freya s’était jetée jusqu’à elle, abaissant sa lame dans l’intention de lui couper la main. Mais encore une fois l’armure fit des merveilles, protégeant Claire d’une puissante attaque.

Aussitôt la jeune fille releva son pied, frappant la mâchoire de la chasseresse qui recula sous le coup, laissant à son adversaire l’occasion de ramasser son épée et de bondir en avant, mettant quelques mètres de distance entre elles deux.


« Mais bordel…qu’est-ce que c’est que cette armure ? »

Semblant désormais plus poussée par la curiosité que par autre chose l’assassin ne perdit pas une seule seconde, chargeant littéralement Claire qui parvint à parer l’attaque in-extremis, les deux femmes s’observant à travers les étincelles dégagées, leurs visages si proches l’un de l’autre.





Observer de si prêt l’assassin de Lucrétia, pouvoir voir son propre reflet au fond de ses pupilles…tout cela donna une nouvelle vigueur à Claire, l’impatience et la rage ayant vite raison de sa faible retenue. D’un brusque mouvement elle rompit l’épreuve de force, pivotant d’un quart de tour sur elle-même, laissant la lame de Freya lui passer devant le nez.

Le champ désormais libre la jeune fille balança sa lame à l’horizontale, prête à couper littéralement son adversaire en deux. Mais celle-ci ne chassait pas les démons pour rien, ses excellents réflexes de combat ordonnant à ses jambes de la jeter en arrière avant même qu’elle ait compris ce qui lui arrivait dessus.

Désormais dans une situation plus favorable Freya se catapulta en avant aussitôt que ses pieds eurent touchés de sol, fonçant sur Claire à pleine vitesse, la renversant d’un coup de coude au niveau de l’estomac. L’orpheline tombant tête en arrière eut à peine le temps de voir la chasseresse poursuivre son mouvement, sa lame déjà prête à la trancher alors qu’elle était sans défense.

Réagissant à la dernière seconde la fille de Morgoth se réceptionna sur une main sans lâcher sa lourde épée de l’autre, se propulsant en arrière par un mouvement du coude alors que la lame de son adversaire lui frôlait le haut des jambes, un des rares endroits où l’armure ne la protégeait pas. Atterrissant tant bien que mal sur ses pieds, retrouvant aussi vite que possible son équilibre, Claire se remis aussitôt en garde, prêta à arrêter la prochaine attaque.


*Bon sang, elle est totalement surréaliste. Ses réflexes sont inhumain, et au milieu de cette bataille elle a malgré tout réussit à repérer les points faibles de mon armure.*

De son côté Freya elle aussi semblait surprise par la tournure inattendue qu’avais pris ce combat. Elle avait usée de plusieurs ruses et techniques, mais malgré cela cette gamine aurait quand même réussit à trouver une parade efficace contre chaque attaque.





« Impressionnant…tu es vraiment impressionnante. Tes réflexes et tes aptitudes au combat ne sont plus du tout les mêmes. »

Ignorant ces compliments Claire reprit lentement son souffle, tâchant tant bien que mal d’élaborer une nouvelle stratégie. Pour le moment elle n’avait pas encore utilisée tout le potentiel que lui offrait l’armure d’or, préférant garder l’utilisation de cette protection pour un cas extrême. Mais dans le même temps elle ne pourrait pas tenir un tel rythme longtemps, la moindre erreur pouvant lui être fatale, et son endurance étant bien moindre que celle de son adversaire.

Une chose était certaine : plus le combat se prolongeait, et plus ses chances de victoire diminuaient.

*Tant pis…il va falloir que j’y aille à fond*

Se résignant Claire orienta la pointe de sa lame en arrière, un dernier rictus sur son visage trahissant l’appréhension qu’elle ressentait, puis elle passa soudainement à l’attaque. Fonçant sur Freya à pleine vitesse, son épée toujours positionnée derrière elle.

Cela en était tellement risible que Freya en aurait presque explosée de rire, un coup si classique semblant dérisoire au possible. A l’évidence Claire allait ramenée sa lame au dernier moment devant elle, faussant sa portée d’attaque que la chasseresse aurait évaluée par réflexe. Un coup si évident qui aurait put fonctionner fasse à quelques nouveaux soldats, mais qui demeurait largement insuffisant contre ceux qui avaient une vraie expérience du combat.


Mais cela ne ce déroula pas exactement de cette façon…

Prévoyant d’où viendrait l’attaque l’assassine avait placée sa lame en fonction, déjà prête à arrêter le coup et le repousser. Mais à sa grande surprise l’orpheline ne ramena pas son arme en avant, se jetant d’elle-même sur l’épée de Freya, la mettant au contact de son bras protégé par l’armure d’or.

« Quoi ?! »

Une seconde plus tard et la lame de Claire fut ramenée en avant, se rapprochant de son adversaire désarmée dans un sifflement aigue. Comprenant qu’elle venait de se faire avoir Freya eut tout juste le temps de se jeter en arrière, sentant le tranchant de la lame passer à quelques millimètres de sa chair, son recul remettant les deux femmes à quelques mètres l’une de l’autre.





« Et merde. »

Sans perdre une seconde Claire repassa aussitôt à l’assaut, ne voulant pas laisser une seule seconde de répit à son adversaire, profitant au maximum de sa protection pour harceler Freya tant que celle-ci ne pouvait pas encore mettre au point une stratégie.

Puisant dans toutes ses forces la jeune fille frappait dans toutes les directions, sa lame s’agitant dans ses mains comme si elle n’était qu’un vulgaire jouet. Prise dans un combat qu’elle n’a pas le droit de perdre elle met toute son énergie dans la bataille : elle feinte, elle frappe, se penche, esquive, pivote, tournoie, saute.

A chaque fois que la chasseresse est sur le point de la toucher l’armure d’or est là, arrêtant net l’attaque. Alors l’assassin tente de viser les endroits non protégés, mais Claire relève le bras pour protéger ses épaules, plie les genoux pour éviter qu’un coup vienne lui trancher les jambes. Son corps entier devient un bouclier, un bouclier qu’elle n’hésite pas à utiliser au maximum, utilisant tout son corps pour arrêter les attaques et permettre à sa lame d’approcher le corps de Freya.


Mais il n’y a pas que cela…


A chaque coup supplémentaire, à chaque pas qu’elle fait en avant, elle peut le sentir. Cette présence qui l’enveloppe, cette douce chaleur qu’elle peut sentir sur son corps. Comme si son père était là, présent avec elle, luttant à ses côtés. Alors, encouragée par cette pression, elle ne fait même plus attention à sa propre fatigue, aux hurlements de douleur que poussent les membres de son corps. Seul lui importe la victoire.





Soudain Claire se met à reculer, le mouvement de ses pas s’inversant pour aller l’un derrière l’autre, la jeune fille battant en retraite comme si elle se mettait à craindre quelque chose. Mais loin d’en profiter pour se reposer un peu Freya décida de passer à la contre-attaque, furieuse de se laissée malmenée par une simple gamine.

Semblant littéralement fuir le combat Claire reculait de plus en plus vite, jetant des regards frénétiques derrière elle tout en conservant sa lame levée pour dissuader son adversaire de lancer une attaque trop violente. Puis soudain, elle arrêta de reculer, penchant son corps en diagonal dans un mouvement totalement ridicule…mais redoutablement efficace.

D’un coup l’armure refléta le soleil qui perçait à travers les arbres à cet endroit, l’or faisant miroir en direction de la chasseresse qui se retrouva totalement aveuglée par ce coup surprenant autant qu’inattendu. Déboussolé ce fut à peine si elle entendit l’épée de Claire fendre l’air, se rapprocha de son visage à une vitesse plus l’alarmante. Même si elle reculait, son éblouissement ne pourrait pas se dissiper suffisamment vite pour lui permettre d’esquiver d’autres attaques.
Il ne lui restait plus qu’une seule option.

D’un mouvement qui tenait plus du réflexe qu’autre chose sa main se porta à sa ceinture, un léger mouvement de doigts plus tard et une explosion précéda un nuage grisâtre qui vint les envelopper, empêchant Claire de distinguée ou ce trouvait son adversaire.

« C’est quoi ça ? »

Donnant des coups dans le vide elle ne put cependant qu’attendre de voir la fumée se dissiper, révélant un espace vide devant elle : Freya en avait profitée pour s’enfuir.





« Pas mal…tu en deviendrais presque forte. »

Relevant la tête Claire retrouva son adversaire, celle-ci se tenant désormais le long d’une solide branche, l’observant de toute sa hauteur. Mais cette fois-ci cette expression sur son visage tenait plus de la colère que du simple mépris pour un être trop faible.

« Aussi longtemps que tu porteras cette armure je n’aurais aucune chance de t’atteindre. Dans ce cas… »

Sans un mot d’explication elle mit sa lame contre son dos, sautant aussi haut que lui permettait ses jambes avant de se laissée tombée contre Claire tête la première.
Aussitôt celle-ci réagit, son bras commençant à ramener son arme devant elle…avant de s’abstenir. Le mouvement de Freya ouvrait une énorme faille dans sa défense, lui offrant l’opportunité de finir ce combat. Tout ce qu’il fallait, c’est que l’armure d’or encaisse l’attaque.

La distance qui les séparait se rétrécit rapidement, le duel psychologique semblant durer de longues secondes alors que quelques instants à peine s’écoulèrent.

Mais lorsqu’elle ne fut plus qu’à deux ou trois mètres de sa cible, Freya ramena brutalement son épée devant elle, usant de toute la force de ses bras pour abattre son épée sur l’orpheline, la puissance initiale étant décuplée du fait de la vitesse qu’elle avait déjà.



Trop surprise pour réagir Claire ne put s’encaisser le coup, son armure d’or supportant tout le poids de l’attaque, Freya restant suspendue dans les airs alors que la puissance de sa lame s’abattait sur l’armure qui résista…du moins un moment.

Dans un horrible bruit de cassure des bouts d’or et de fer s’envolèrent dans les airs, le reste d’une lame s’enfonçant dans l’épaule de la jeune fille dont le sang jaillit. L’armure d’or de Morgoth et l’épée de Freya venaient de se briser dans un même mouvement.

Il n’y eut aucun cri de victoire d’un côté ou de l’autre, aucun signe trahissant une quelconque colère, seulement le silence. Autant abasourdies l’une que l’autre les deux femmes ne purent que constater ce résultat pour le moins imprévisible, chacun se voyant arracher son principal atout dans cette bataille.

Ce fut Freya qui réagie la première : un rictus sur le visage elle se jeta en arrière, préférant mettre le maximum de distance entre elles maintenant que son arme était détruite. Mais de son côté Claire n’eut aucune réaction, ses yeux dans le vide semblant la couper totalement du reste de son environnement. Et ce n’était pas dû à sa blessure à l’épaule, relativement superficielle malgré le sang, ou encore à l’onde de choc qu’elle venait de se prendre.

Le visage agar la jeune fille arracha un morceau de fer qui s’était planté dans son épaule, rejetant le bout de métal au loin avant de se pencher vers le sol, pliant les genoux sans se soucier de son adversaire qui la regardait de loin sans comprendre ce qui ce passait.

Lentement elle ramassa un morceau de l’armure d’or, le tenant entre ses doigts tremblant, observant son visage dans le reflet du métal brillant. L’armure semblant comme morte, ne réagissant même plus au contact de sa peau. Mais il n’y avait pas que ça…dès le moment où elle s’était brisé…la douce chaleur s’était envolé. Désormais elle était de nouveau seule comme si…son père venait de la quitter pour la deuxième fois.





Puis lentement, aussi lentement qu’elle s’était agenouillée, Claire releva la tête en direction de Freya, le feu au fond de ses yeux brûlant avec encore plus d’intensité que d’habitude. Même si elle avait perdue l’héritage de son père cela n’avait pas été inutile, car désormais l’assassin se retrouvait sans option offensive.

« Bien. Maintenant il est temps d’en finir. D’accord ? »

Plus résolue que jamais la fille de Morgoth fonça en direction de la chasseresse, celle-ci ayant à peine le temps de parer le coup en bloquant la lame contre un de ses brassards en fer. Bien décidée à se battre Freya ramena son pied devant son corps, tentant de donner un coup de pied à son adversaire qui réussit à se jeter en arrière pour éviter le coup avant de repasser aussitôt à l’attaque.

Très vite le combat reprit de l’intensité, les coups s’enchaînant rapidement alors que Claire reprenait du courage, apercevant enfin la fin du combat…non, pas seulement la fin du combat. Car ce qu’elle voyait à travers le visage de Freya, ce qu’elle tentait désespérément d’atteindre à travers cette victoire était un sentiment bien moins noble.

La vengeance.

Elle le savait dans chaque parcelle de son corps, dans chaque coup qu’elle donnait. Seul le sang d’un des assassins de ses parents pourrait apaiser cette blessure dans son âme. Alors sans réfléchir, sans même prendre le temps d’écouter la douleur et la fatigue que lui hurle son corps, elle frappe. Elle attaque sans retenue, harcelant son adversaire qui doit battre en retraire sous le déluge de coups, n’ayant plus que ses brassards pour se protéger.


Soudain les deux morceaux de métal se retrouvent bloqués dans une épreuve de force, les deux femmes pouvant de nouveau s’observer à travers les étincelles que dégage leur équipement, Claire souriant de satisfaction en voyant le visage de Freya. Celle-ci a largement perdu de sa superbe, son visage ne souriant du tout, marqué par un sentiment d’inquiétude dans lequel on pourrait presque lire de la peur.

[QUOTE=Freya]« Il serait dommage de balafrer un si jolie visage, tu ne crois pas ? »[/QUOTE]

Goûtant à ce moment Claire approcha encore un peu plus son visage, lâchant son épée d’une main pour attraper le bout du menton de Freya murmurant des paroles d’un ton hautain.

« Quel beau visage…pour une âme si noire »





« Quoi ?! Comment…comment…OSES TU ?! »

Soudain prise de rage la chasseresse rejeta l’épée de Claire d’un mouvement des poignets, envoyant son poing percuter la mâchoire de la jeune fille, hurlant à plein poumon.

« Espèce de minable ! Je t’interdis de me toucher !! »

Retrouvant une partie de ses forces l’assassin passa à la contre-attaque, son premier coup assommant à moitié la jeune fille alors que quelques secondes plu tard son deuxième poing lui percuta l’estomac, l’envoyer faire un vol plané de deux bon mètres, la mettant encore plus mal. Décidément elle avait toujours cette force de gorille.

« C’est bon ? Ou il t’en faut encore ? »

Reprenant difficilement sa respiration Claire reste tête penchée, ses cheveux blonds dissimulant son visage…ce qui valait mieux. Car ainsi elle pouvait cacher le sourire qui lui montait aux lèvres, masquer cet expression qui devait apparaître sur son visage.

« C’est étrange… »

Le cœur battant la chamade elle approcha doucement la main de sa ceinture, tachant d’occuper son adversaire avec des paroles pour masquer ce mouvement.

« J’allais justement te poser la même question. »
« Vraiment ? »


« Oui…vraiment. »

Tout ce passa en une seconde : Claire retira une commande de sa ceinture, appuyant dessus tout en la pointant en direction de Freya. Quelques dixièmes plus tard et une bombe, posé avant le début du combat et qui se trouvait à peine à un mètre derrière la chasseresse, ce mis en action. Aussitôt une énorme explosion ravagea les environs, rejetant le corps de Claire comme une feuille alors que l’assassin disparaissait dans le nuage de cendre.





Il y eu un moment d’échos, puis le silence de mort s’installa, tout redevenant silencieux comme dans un cimetière. Se relevant la jeune fille regarda le point où sa bombe avait explosée : le souffle de l’explosion avait été jusqu’à éteindre les feux qui avaient put commencer à se former. C’était fini, aucun être humain ne pouvait résister à une explosion d’une telle intensité reçue d’aussi prêt.

« Il semblerait…que j’ai gagné. »

Soudain un gémissement attira son attention, la fille de Morgoth tournant lentement la tête sans en croire ses yeux. A quelques mètres sur sa droite Freya était allongée sur le sol, le long de ses bras et jambes étant marqués par plusieurs brûlures, mais elle était encore en vie. C’était incroyable…elle avait réussit à se jeter suffisamment vite pour éviter d’être tuée par l’explosion ?!


Mais cela n’en marquait pas moins la fin du combat : la chasseresse était totalement sonnée par le coup qu’elle venait de se prendre, la laissant totalement sans défense. Relevant son épée l’impériale décida de ne pas perdre une seule seconde, demandant un dernier effort à ses jambes pour se projeter en avant, fonçant à toute vitesse en direction d’une Freya qui ne put que regarder. Seulement observer son adversaire arriver devant elle, lever sa lame bien haute pour porter le coup fatale, et…rien.


En dépit des secondes qui s’écoulaient rapidement le coup final ne vint pas, Claire immobilisant son coup alors que tout son corps semblait être retenu par une force invisible. Des gouttes de sang virent tâcher l’herbe, coulant le long de son nez. Puis d’un coup celle-ci lâcha son arme, se penchant en avant pour cracher une gerbe de sang. Sentant ses forces l’abandonner rapidement elle tomba sur le sol, ses jambes désormais si faibles qu’elles étaient incapables de la maintenir debout.

La respiration difficile Claire plaqua sa main contre sa poitrine, le cœur comme pris dans un étau elle sentie ses forces l’abandonner de plus en plus rapidement, sa tête tournant alors que ses pensées commençaient à se brouiller.


Que lui arrivait-il ?

Allongée sur le dos Claire commençait à perdre conscience, son cœur pris dans un étau la faisant de plus en plus souffrir alors que l’air venait à manquer dans ses poumons, jetant un voile devant ses yeux. Soudain l’étreinte se relâcha, l’oxygène refluant dans ses muscles, son cœur se remettant à battre alors que ses capacités lui revenaient.

« Tu es malade ? »

Relevant la tête la jeune fille tomba nez à nez avec Freya, celle-ci s’étant relevée pour la regarder d’un air curieux, semblant oublier qu’elles étaient en plein combat. Effrayée en réalisant sa position si vulnérable Claire rattrapa son épée avant de la relever brutalement, manquant de trancher en deux le visage de la chasseresse qui eut tout juste le temps d’esquiver.

« Je m’inquiète pour toi, et c’est comme ça que tu me remercie ?! »

Ignorant ces paroles l’impériale roula sur le côté, atterrissant sur ses pieds pour se remettre debout, la lame levée dans une garde basique. Malgré le malaise qu’elle venait de subir cela ne changeait pas la donne : son adversaire restait totalement désarmée, donnant un énorme avantage à la fille de Morgoth.

Elle pouvait y arriver.


Mais étrangement cette situation ne semblait pas inquiéter la chasseresse plus que ça, celle-ci se contentant de regarder ses brûlures dues à la dernière explosion, les observant avec un dédain qui n’était pas naturel. Enfin elle releva la tête en direction de Claire, une expression de neutralité total sur le visage.





« Pas mal…tu as même faillit me tuer. Alors il va falloir que j’arrête de faire l’imbécile. »

Lentement Freya glissa ses doigts à l’intérieur de ses épaulières, deux légers décliques précédent le bruit sourd des morceaux d’armures qui tombèrent sur le sol. Sous le regard surpris de son ennemie la chasseresse enleva également ses brassards, puis ses bottes en métal, se retrouvant désormais pieds nues et totalement dépourvue de protections.

« A quoi tu joues ? »

Un léger sourire sur le visage l’assassin se mis en position :
Les annulaire et articulaires posés sur les paumes alors que les autres doigts se pliaient à moitié
Les avant-bras à la verticale, le bras gauche en avant alors que sa main droite restait proche de son corps
Ses deux jambes pliées prête à la faire bondir en avant.

*C’est quoi cette posture ?*

Il y eu quelques instants de flottement, puis la jeune fille repassa à l’attaque. Serrant les dents elle pointa sa lame à l’horizontale, pointe orientée en direction de Freya qui ne bougea pas d’un pouce, laissant le métal fendre l’air en s’approchant d’elle. Puis soudain, alors que la pointe n’était plus qu’à quelques dizaines de centimètres, elle se mit en mouvement.


Avec une rapidité qu’elle n’avait encore jamais eue jusque là elle se projeta en avant, laissant l’épée lui passer sur le côté du corps. Aussitôt sa main gauche se referma sur la main droite de Claire, l’immobilisant. Un battement de cil plus tard et son coude droit s’abattis sur le poignet de la jeune fille, l’horriblement craquement qui s’en suivit ne laissant aucun doute sur le fait qu’elle venait de lui casser.

Mais son mouvement ne s’arrêta pas là : alors qu’elle cassait les os de Claire son avant bras s’abaissa soudain, sa main se tendant en direction du cou de la jeune fille qui ne vit rien venir, la douleur commençant à peine à parcourir ses nerfs. Au dernier moment, agissant grâce à des réflexes forgés sur les champs de bataille, l’orpheline fit un violent mouvement du bras pour se dégager de l’étreinte, se jetant en arrière sans pour autant totalement empêcher Freya de la toucher à la gorge.





Reculant de plusieurs mètres la jeune fille finie par s’écrouler, se tenant la gorge en toussant. Qu’est-ce que c’était que ça ? Jamais elle n’avait vu de pareils mouvements.

*Elle a frappée ma trachée ?*

Sentant un frisson glacé lui parcourir l’échine Claire réalisa que si elle n’avait pas eu le réflexe de se dégager, alors le précédent coup l’aurait tuée. Serrant les dents elle tâcha de se remettre debout, la douleur la ramenant brutalement au sol. Même si elle avait évitée le pire, cela n’empêchait pas que son poignet était cassé, rendant un de ses deux bras totalement inutilisable pour attaquer. Heureusement qu’elle était ambidextre…

« Il y a quelque chose que je dois t’avouer. »

Sa voix était devenue presque compatissante, Freya se remettant dans le rôle du fort entrain d’écraser le faible, pris de remord devant une telle inégalité de puissance entre les deux combattantes.

« Je ne suis pas…très douée à l’épée. En fait une épée est très pratique, et fait de gros dégâts contre les démons. Mais elle reste un objet, un outil qui peut facilement se casser. Mais vraie spécialité… »

Souriant elle se remit en garde, adoptant la même posture que celle qu’elle avait avant de mettre Claire dans cet état, la vitesse avec laquelle elle s’était mise dans cette posture ne laissant planer aucun doute : elle était une experte dans ce mode de combat.

« C’est le CQC »
« Le CQC ? »





Août de cette année


« Aller, montre-moi que tu peux faire mieux que ça. »

Comme depuis plusieurs jours la matinée commençait directement par un entraînement sous la direction de Michael, Claire donnant tout ce qu’elle avait pour progresser, pour atteindre le niveau suffisant afin d’accomplir sa vengeance.

Mais comme d’habitude ses attaques se montraient totalement inefficaces contre l’Archange qui parvenait à contrer toutes ses tentatives sans le moindre problème. Finalement, après plusieurs heures de combat acharné, le binôme décida de faire une pause, profitant du vent frais pour reprendre des forces.

« Michael…est-ce que je peux te poser une question ? »
« Oui bien sur, je t’écoute. »
« Et bien…j’ai compris pourquoi je ne devais pas utiliser d’arme à feu. Mais pourquoi rester sur des armes blanches et ne pas m’apprendre un peu de combat à mains nues. »

Ce fut à peine si elle remarque un haussement de sourcil sur le visage du paladin, Michael prenant à peine le temps de réfléchir à la question, répondant de manière naturelle à cette question.

« Tout simplement parce que je ne m’y connais pas assez dans ce type de combat. »

Ce fut au tour de Claire d’être surprise, regardant son professeur sans y croire. Jusque là elle avait toujours vu en lui le combattant parfait, maître dans toutes les disciplines de combat. Alors cela lui faisait bizarre de l’entendre dire qu’il était incapable de lui enseigner un style de combat.

« Vois-tu, le combat à mains nues est beaucoup plus difficile à maîtriser que tu ne semble le penser. »
« Comment ça ? »
« Utiliser son corps comme d’une arme…cela demande une extrême dextérité pour frapper juste, une grande force pour infliger suffisamment de dégâts, et une vitesse surhumaine pour ne pas subir une contre attaque. Si tu ne rempli pas ces trois conditions alors tu ne tiendras pas longtemps. »

Dit comme ça cela semblait tellement logique que Claire en eut presque honte d’avoir posée la question.

« Alors personne ne doit l’utiliser. »
« En réalité il existe deux personnes qui utilisent le CQC, la technique de combat à main nue. L’une d’entre elle est même le plus puissant d’entre nous : Gabriel. »





« Et la seconde ? »
« La seconde…est une femme. Mais j’ai entendu dire qu’elle n’utilisait quasiment jamais cette technique de combat, sauf en cas de réelle nécessité. »





La femme qui utilisait une technique similaire à celle de l’Archange Gabriel…celle qui maîtrisait parfaitement le combat à mains nues…aucun doute possible : il s’agissait de Freya ! Avec une crainte mêlée de désespoir Claire réalisa qu’elle devait faire face à des mouvements que même Michael avait été incapable de maîtriser.

Un combat où tout son entraînement ne lui servirait à rien.

« S’il te reste une quelconque carte à jouer, je te conseil de la jouer tout de suite. Car c’est maintenant que les choses sérieuses vont commencer. »

S’était tout simplement incroyable…même dans l’atmosphère elle pouvait ressentir le changement qui était entrain d’avoir lieu. Désormais ce combat allait prendre un tout autre visage, beaucoup plus violent et puissant. Claire le savait, elle allait subir toute la puissance d’un chasseur de démons.


Mais malgré tout, se préparant à affronter le CQC de Freya, la fille de Morgoth releva son épée de sa seule main encore valide, se mettant en garde face à son adversaire, la flamme dans ses yeux continuant de briller avec intensité, continuant de défier la chasseresse à travers la pluie qui commençait à tomber des nuages sombres de la nuit.





« Tu continues à vouloir combattre ?! Toi…tu es vraiment…TU ES VRAIMENT INCROYABLE. C’est quoi ton nom déjà ? »
« … »
« Moi c’est Anna. Anna Winston. »
« Claire. Claire Crescent. »



« Ah oui, c’est vrai. Très bien Claire, finissons en avec ce combat. »

S’observant du coin de l’œil, les deux femmes restèrent un moment à se défier du regard sans oser pour autant aller à l’affrontement, toutes les deux préférant de loin attendre que l’autre face le premier pas. Cela était la manière de faire de Freya quand elle commençait à utiliser le CQC, et Claire avait bien compris que dans sa situation il valait mieux ne pas foncer tête baissée.

Les secondes puis les minutes s’écoulèrent, la pluie galcée mélangée à l’effet du vent venant vous geler les os, aucun mouvement ne s’effectuant d’un côté ou de l’autre. Enfin, finissant par succomber à la pression de plus en plus imposante, Claire chargeant son adversaire l’épée au dessus de la tête.

« Pathétique. »

Comme si elle n’était qu’un jouet la lame fut bloquée par Freya qui referme ses deux paumes sur elle, arrêtant net un coup qui aurait facilement put la trancher en deux, s’amusant du regard ébahis de la jeune fille face à cette puissance monstre.





Un léger sourire sur les lèvres la chasseresse abaissa ses bras sur le côté, arrachant l’épée des mains de Claire. Un autre mouvement des épaules plus tard et la garde de la lame vint heurter son visage, la projetant directement au sol alors que le goût du sang commençait à s’insinuer dans sa bouche.

Levant les yeux la fille de Morgoth eut tout juste le temps de voir un poing massif s’approcher de son visage à une vitesse alarmante, la percutant et l’assommant à moitié. Incapable de réagir elle ne put que laisser Freya la harceler de coup au visage, son corps se soulevant au rythme des coups qu’elle recevait.

*Ca va mal*

Enfin la jeune fille remonta brutalement ses jambes pour frapper son adversaire qui dut mobiliser ses deux mains pour parer l’attaque, laissant à Claire l'occasion de s’échapper, ce que celle-ci ne manqua pas de faire en roulant sur le côté avant de se remettre debout, bien que toujours sonnée par l’avalanche de coups qu’elle venait de subir.

« Pas mal, tu te défend mieux que ce que je pensais. Cependant… »

Brisant le poignard comme un fétu de paille Freya ramassa l’épée de Claire, la faisant miroiter un moment devant ses yeux, observant à quel point leurs deux lames se ressemblaient. Puis d’un coup elle planta profondément celle-ci dans le sol, l’enfonçant de plusieurs dizaines de centimètres, la rendant impossible à extraire en plein combat.

« Et voila. Maintenant nous sommes à armes égales. »





Jurant intérieurement l’orpheline ne put que constater la situation dans laquelle elle se trouvait : sans armes, avec un bras inutilisable, et totalement sonnée face à une guerrière qui la surpassait dans tout les domaines. Une situation totalement désespérée…

Mais malgré tout elle décida de continuer le combat, se mettant tant bien que mal en garde avec son unique bras, tentant de prendre une posture aussi proche que possible de celle de son adversaire. Désormais il ne lui restait plus d’autre choix que de lutter elle aussi en combat à main nue.

« Bien. Montre-moi ce que tu as dans le ventre ! »

Rassemblant toutes ses forces Claire passa à l’attaque, jetant son poing en direction du visage de Freya. Mais encore une fois celle-ci fut la plus rapide, enroulant ses deux bras autour de celui de Claire, la projeta au sol d’une simple rotation de son corps.

Quelques secondes plus tard et la jeune fille se remit debout, repassa à l’assaut en donnant un coup de pied en direction des côtes de son adversaire. Cependant celle-ci parvint non seulement à arrêter l’attaque avec son bras, mais en profitant aussi pour lui donner un violent coup de poing dans l’estomac, la faisant reculer.

Profitant de cette occasion se fut au tour de la chasseresse de passer à l’attaque, projetant sa main droite en direction du cou de la jeune fille avec l’espoir de lui écraser la gorge. Mais cette fois-ci l’enfant de Lucrétia ne se laisse pas avoir aussi facilement, parvenant à coincer le bras de son adversaire et à lui mettre dans le dos. Malheureusement ce ne fut pas suffisant, Freya ramenant brutalement son autre bras en avant, frappa du coude le visage de Claire.

*Bon sang elle est vraiment forte*

Souriant l’assassin repassa à l’attaque, frappant sans relâche l’impériale qui devait reculer pour éviter de se faire submergée par ce déluge d’attaques, parant autant que possible.
Mais petit à petit elle parvint à mieux saisir les mouvements de Freya.
Imperceptiblement ses parades devinrent plus rapides, ses contre-attaques étant désormais rapides et précises, ses esquives plus fréquentes qu’avant. Lentement mais surement elle finissait par retrouver la maîtrise du combat, se sentant de plus en plus à l’aise avec cette technique de combat.

« Incroyable… »

De plus en plus surprise par ce qu’elle voyait Freya finit par se jeter en arrière, remettant une bonne distance entre elle et la jeune fille, l’observant un moment comme si elle voyait quelque chose de nouveau en elle.





« Intéressant…tu sembles avoir des prédispositions au CQC. »

Mais la fille de Morgoth n’entendit pas ces paroles, trop concentrée sur la possibilité d’exploiter ce moment de calme. Jouant ses dernières cartes elle sortie un interrupteur, appuyant sur celui-ci alors que plusieurs bombes se mirent à exploser autour de la chasseresse. Mais encore une fois celle-ci parvint facilement à se jeter sur le côté pour éviter de subir les déflagrations.

« Va te faire foutre ! »

Suant à grosses gouttes Claire sortie plusieurs grenades de sa ceinture, les dégoupillant avant de les jeter en direction de son adversaire. Malheureusement celle-ci parvint facilement à contrer l'attaque, frappant les grenades de ses poings pour les envoyer voltiger quelques mètres autour d’elles, fragilisant le tronc de plusieurs arbres.

« Merde…ce n’est pas vrai… »

Soudain un horrible bruit de craquement se fit entendre sur sa gauche, Claire ayant à peine le temps de voir un arbre lui tomber dessus, victime malheureuse d’une des grenades qu’elle avait elle-même lancée. Aussitôt elle tenta de se jeter sur le côté, mais la fatigue et la surprise l’en empêcha, l’arbre s’écroulant de ton son poids sur elle.

Ce ne fut qu’au bout de quelques secondes la jeune fille rouvrit les yeux, ne sentant étrangement aucune douleur. Aussitôt elle voulut se remettre debout, mais une force l’en empêcha, une force dont la nature se trouvait collée à elle : l’arbre était tombé sur son bras gauche, immobilisant celui-ci.

« Quel manque de chance. »

Souriant devant une telle situation l’assassin alla en direction de la claymore, arrachant celle-ci du sol qui si elle avait été plongée dans du beurre, son regard se tournant ensuite en direction de Claire, ses intentions étant plus qu’évidentes.

« La partie est terminée. »

Semblant aux anges elle se précipita en direction de Claire, la jeune fille totalement immobile étant dans l’incapacité de se défendre. En désespoir de cause celle-ci se mis à parler toute seule, semblant murmurer plus à elle même qu’à quelqu’un d’autre.


« M…merde…

Bouge…

Bouge…

Bouge…

Bouge…

Bou…ge



---



TU VA BOUGER OUI ?! »

Soudain son bras droit se mis en mouvement, plongeant dans la ceinture de la jeune fille avant d’en sortir un objet et de le jeter en direction de l’assassin.

Il y eu un moment de flottement, deux secondes pendant lesquels plus rien ne ce passa, puis Freya tomba à genoux, un halo bleu lui sortant du dos…un sabre laser venant de lui transpercer le ventre.



















































« Oh ? Voila qui est pour le moins inattendu. »

Comme dans un rêve tout ce passa au ralenti, les jambes de Freya fléchissant sous le poids de son propre corps, l’épée de Claire lui glissant des mains pour aller s’écraser sur le sol, les yeux encore écarquillés de la chasseresse regardant le vide, semblant se voiler au fil des secondes, la lueur bleu qui éclairait son visage lui donnant un aspect encore plus irréaliste.

Retrouvant peu à peu ses esprits l’orpheline put de nouveau sentir la douleur lui parcourir le bras droit, contre coup évident de sa dernière action. Mais le résultat valait bien cette souffrance.
Désormais plus calme elle parvint à dégager son autre bras du tronc sous lequel il était coincé, pouvant de nouveau se mettre debout pour aller en direction de l’assassin, celle-ci restant figée comme une statue.

Il faut dire que la chance lui avait particulièrement sourie…la chance ou quelque chose d’autre. La lame laser avait transpercé Freya au niveau de la poitrine, lui perforant un poumon et la région de la colonne vertébrale. Désormais elle était devenue plus faible qu’un insecte, et c’est Claire qui pouvait se permettre de la regarder avec un air hautain.





Lentement la chasseresse remonta la tête en direction du visage de sa meurtrière, son regard allant alternativement de Claire au sabre laser dans son ventre, ne parvenant pas à comprendre ce qui venait de ce passer.

« C’est impossible…tu ne peux pas…jeter simplement un sabre laser…comme ça. »
« Avec celui-là…si. »

En temps normal un sabre laser ne pouvait être simplement lancé comme cela en direction de son adversaire, sauf pour des guerriers très expérimentés. Celui-là n’était cependant pas comme les autres armes de se type : son manche et la lame qui en sortaient étaient bien plus petites que ce qu’on trouvait sur les modèles standards. Et la portée ainsi diminué étant contrebalancer par un effort physique à fournir moindre.

Mais pour Claire se n’était pas la seule particularité de cette arme qu’elle avait conservée comme une relique depuis des mois et qu’elle n’avait décidée d’emporter avec elle qu’au dernier moment. Ce sabre laser était beaucoup pour elle, plus important qu’un simple objet de défense.





Soudain une lueur vint animer le visage de Freya, celle-ci comprenant enfin d’où lui venait cette impression étrange. Elle avait déjà vu cette arme !
Il y a cinq mois de cela, au beau milieu d’une forêt alors qu’elle affrontait une femme…la mère de Claire.

Un sabre laser plus petit que les autres, une arme qu’elle avait déjà croisée une fois…le sabre laser de Lucrétia. Celui avec lequel elle avait, même si les deux femmes l’ignorait aujourd’hui, affrontée Seras lors de la dernière bataille contre le démon.

Diante l’avait récupéré sur le lieu de la tuerie, et il était finalement venu entre les mains de Claire qui l’avait conservé comme une relique jusqu’à ce jour. Ce jour où celle-ci venait venger sa propriétaire.


Mais étrangement ce n’était pas du tout ce que Claire s’était imaginée : il ne ressentait aucune excitation particulier ou joie intense devant cette scène. En réalité son esprit était totalement vidé des quelques pensées qu’elle aurait put avoir, et c’est sans émotion qu’elle vit les yeux de Freya se lever dans sa direction, un sourire amusé animant les lèvres de l’assassin.





« Pas mal…tu es vraiment quelqu’un…de surprenant. »

Petit à petit la chasseresse se sentie glissée de l’autre côté, ses forces l’abandonnant au rythme que le sang quittait son corps par la blessure mortelle qu’elle avait reçue.

« Je ne te suis pas…reconnaissante. Je n’avais pas…envie de mourir.
Seulement…grâce à cela j’ai put me rappeler…de ce que je ne voulais pas me souvenir… »

Ses paroles devenaient totalement incohérentes, la raison semblant la quitter en même temps que la vie. Mais d’un coup son regard devint plus lucide, ses paroles semblant beaucoup plus réfléchies que les précédentes qu’elle avait prononcées.

« Désormais tu seras…celle qui m’a vaincu. Utilise ma technique et…je t’interdis de…mourir. »

Ses paroles furent suivit d’une légère frappe sur le front et puis…plus rien, son regard s’immobilisant.





Le visage désormais calme et serein, celui d’une personne ayant acceptée sa propre mort, la chasseresse s’écoula sur le sol, les yeux dans regardant dans le vide alors que sa poitrine arrêta de se soulever.


Freya, la femme qui avait tuée Lucrétia, était morte.


Alors, sans haine ou colère, Claire se baissa sur le cadavre de son adversaire, sa main passa doucement le long de son visage pour lui fermer les yeux. Mais son geste de s’arrêta pas là, celle-ci continuant jusqu’à sa gorge dont elle arracha quelque chose d’un coup sec : son symbole.



Lentement Claire fit tournoyer le bout de tissu entre ses mains, le comparant à celui qui était gravé sur son épée. Zachary et maintenant Freya…deux assassins avaient déjà subit les conséquences de leur impardonnable meurtre.





« Plus que quatre. »

Cette phrase fut sa dernière. La fatigue, le froid et ses blessures ayant finalement raison de la résistance déjà trop mise à l’épreuve de la jeune fille. Ses forces la quittant rapidement elle tomba à genoux, ouvrant la bouche pour cracher une nouvelle gerbe de sang alors que la douleur à sa poitrine commençait à revenir.
Perdant conscience elle s’écroula sur le sol, son corps s’allongeant à coté de celui de Freya alors que la neige commençait à recouvrir les deux guerrières d’un manteau blanc.

Combien de temps restait t’elle là, allongée sur ce sol glacial ? La neige continuait elle de tomber, menaçant de la recouvrir, ou le ciel s’était il finalement montré plus clément ? Était-on le jour ou la nuit ? Était-elle morte ? Etait-elle encore vivante ? Même cela elle l’ignorait.

Cependant, alors même que son esprit se posait toutes ces questions, elle sentie soudain que quelqu’un était entrain de la soulever, le lointain écho de bruits de pas lui parvenant dans les oreilles alors que le contact froid de la neige contre sa peau disparaissait. Peut-être était-elle encore en vie après tout…


Plongée dans un sommeil dont elle ne pouvait pas s’éveillée ses pensées tourbillonnèrent dans sa tête, formant un rêve confus où venait se mêler souvenir et sensations.


[QUOTe=Freya]« Alors je lui ait lentement tranché la gorge. Je l’ai égorgée comme une truie, jusqu’à ce qu’elle arrête de couiner. »[/QUOTE]

[QUOTE=Lucrétia]« Papa a dit qu’il nous rejoindrais ici »[/QUOTE]

[QUOTE=Michael]« Tu m’entend ? Je t’interdis de mourir. Alors porte toi bien jusqu’à ce qu’on ce retrouve. »[/QUOTE]

[QUOTE=Claire]« 12230…12 Février 2130. La date de naissance de ma mère. »[/QUOTE]

[QUOTE=Lucrétia]« Au revoir mon ange »[/QUOTE]

…

…

…





Comme une personne sortant d’une longue apnée Claire ouvrit brutalement les yeux, aspirant une grande bouffée d’oxygène, se relevant d’un coup comme si son corps avait été monté sur un ressort. Mais aussitôt la lumière lui éblouie les yeux, des nausées la prenant à cause de ce réveil trop brutal.
Heureusement il ne fallu que quelques secondes avant qu’elle retrouve ses moyens, quelques secondes après lesquels la panique la repris. Freya était elle bien morte ? A cette simple question la jeune fille sentie tout ses muscles se tendres, prêt à réagir à la vue du moindre ennemi…mais rien. Il n’y avait personne, seule elle occupant l’espace dans lequel elle se trouvait. Mais d’ailleurs où se trouvait elle ?


Désormais plus calme elle se mit à observer l’environnement autour d’elle : elle était dans une grotte relativement profonde, un feu brûlant paresseusement à quelques mètres d’elle. Se penchant en avant elle sentie une couverture lui glisser le long du corps, révélant que quelqu’un l’avait débarrassé de ses protections pour ne lui laisser que sa tunique. Le reste de ses vêtements étaient pliés à ses pieds, le sabre laser de Lucrétia posé dessus non loin de son épée qui gisait sur le sol. Et à côté il y avait un amas de métal doré…les restes de son armure d’or qui avait été brisé durant le combat…l’héritage de son père qu’elle avait perdu.

« Où suis-je ? »
« Au chaud, ce qui est déjà pas mal. »

Sursautant Claire se retourna en direction de la voix, ses yeux tombant sur l’homme qui venait de parler en lui tournant le dos. Comment êtes-ce possible ? Est-ce que la fatigue du combat l’avait rendue si faible qu’elle n’avait même pas su détecter la présence d’une autre personne dans un espace si restreint ?





Aussitôt sa main voulu se porter en direction de ses armes, mais une brusque douleur l’en dissuada : son poignet droit était toujours cassé. Mais alors qu’elle baissait les yeux en direction de sa main elle remarqua une attèle autour de sa fracture, sans aucun doute faite par l’homme qui continuait à lui tourner le dos.

« Vous ne devriez pas faire de mouvement brusque, ou bien votre poignet mettra encore plus de temps à se guérir. »

Pour une raison que Claire elle-même ne put expliquer…elle oublia aussitôt toute idée de se battre, le réflexe de défense disparaissant aussitôt que l’homme eut prononcé ces paroles. Sans raison logique elle se sentie aussitôt rassurée, quelque chose lui murmurant qu’elle n’avait rien à craindre de cette personne.

« Je suis désolé pour le confort un peu spartiate, mais il y a une véritable tempête de neige dehors, alors il valait mieux nous abriter. »

L’homme s’était enfin retourné, la fixant avec une expression indéchiffrable sur le visage, ses yeux reflétant le feu qui brûlait non loin de lui. Ce fut la première chose qu’elle remarqua : ses yeux, un regard hypnotique qui capte votre attention et arrive à vous faire oublier tout le reste. Mais très vite un autre sentiment l’envahis, une atmosphère que l’homme semblait dégagé : la sérénité. Il avait suffit qu’il se tourne dans sa direction pour que les muscles de son corps se relâchent, se sentant en sécurité pour la première fois depuis qu’elle avait commencée sa lutte contre Freya.





Qui ? Qui était donc cette personne ?

« Je vais voir où en est cette tempête, vous devriez en profiter pour vous reposer. »

Sa voix était d’une douceur incroyable, aucune once de tromperie ou de méchanceté n’en ressortant alors qu’elle vibrait dans l’espace entre eux, son ton étant amicale comme si ils se connaissaient depuis longtemps déjà.

Lui adressant un aimable sourire l’homme tourna les talons, commençant à sortir sans autre forme d’explication, laissant Claire sans voix pendant un moment, le regardant s’éloigner en direction du fond de la grotte. Puis d’un coup quelque chose la poussa à lui poser une question, les paroles traversant sa bouche sans même qu’elle en ait conscience, la simple idée de le laisser partir sans obtenir une réponse lui semblant inacceptable.

« Attendez ! Quel est votre nom ? »

Elle-même fut surprise de reconnaître sa voix dans les paroles qui résonnaient, l’homme arrêtant sa marche sans pour autant se retourner vers elle, son visage caché gardant la même expression amicale.

« C’est Léo. »

Léo n’avait pas menti : à l’extérieur de l’abri la neige avait recouverte toute la forêt, les arbres et le sol se revêtant d’un manteau blanc alors que le vent secouait les branches et faisait s’envoler tout ce qui n’était pas suffisamment lourd pour lui résister.

Ignorant le froid mordant Léo progressa à travers les arbres et la neige qui tourbillonnait autour de lui, son épais manteau le permettant d’affronter le froid mordant. A cette heure de la nuit, et dans de telles conditions météorologiques, n’importe qui aurait été vite déboussolé et se serait perdu. Mais lui progressait sans le moindre doute, laissant ses empreintes aussitôt effacées derrière lui, marchant sans même faire attention au chemin qu’il prenait, laissant simplement ses pieds le guider alors que son esprit était occupé à autre chose.





Les yeux totalement vides, coupé de l’environnement dans lequel il évoluait, Léo repensait à la jeune fille qu’il avait laissée derrière lui. Pour le moment elle était encore en état de choc, ses blessures restant relativement importantes, mais elle devrait réussir à s’en remettre. Après tout elle semblait beaucoup plus solide que ce que son apparence pouvait laissée penser.

Le vrai problème restait les deux armes qu’il avait trouvées à côté d’elle : une épée et un sabre laser. C’était des armes assez inhabituelles entre les mains d’une jeune fille, surtout l’épée qui semblait peser une tonne. Mais il y avait aussi ce sabre laser, un objet qu’on ne trouvait normalement que dans l’armée. Alors signifiait donc qu’elle était un soldat ? Ou l’avait elle simplement volé ? Pour le moment c’était impossible à dire.


« Ah…je suis enfin arrivé. »


Sans même qu’il s’en rende compte ses pieds l’avait mené à travers le dédale d’arbres jusqu’à sa destination : les abords d’un petit lac perdu au milieu de cette forêt. Un endroit qu’il avait repéré lorsqu’il avait découvert les deux femmes allongées l’une à côté de l’autre, un lieu qu’il avait aménagé en attendant le moment où il pourrait revenir.

Lentement il s’approcha de l’eau, se mouillant jusqu’aux genoux pour atteindre ce qu’il était venu chercher : un cadavre flottant à moitié sur l’eau, n’ayant pas bougé depuis qu’il l’avait mis là, comptant sur le manque de courant pour qu’il reste là. Un cadavre…celui de la deuxième femme.





Ses cheveux désormais non retenu par sa natte ondulaient dans l’eau, son corps totalement détendu lui donnant un aspect bien différent de ce qu’il avait été habituellement, son visage d’une extraordinaire blancheur la faisant ressembler à un fantôme. Mais plus que tout, plus frappant que l’apparence physique, plus impressionnant que ce à quoi elle ressemblait…était l’atmosphère qui se dégageait de son visage. Pour la première fois, elle semblait se reposer.

Calmement Léo tendit la main, lui caressant le visage à travers l’eau, le contact de sa peau froid le faisant frissonner. Mais il s’en moquait, ne prêtant même pas attention à sa propre personne, l’esprit tout entier concentrer sur le visage de la femme.

Lentement ses doigts descendirent le long de sa peau, observant les brûlures qu’elle avait sur le corps, résultat de l’avalanche de grenades et de pièges explosifs que Claire avait utilisée contre l’assassin de sa mère. Puis il arriva à la blessure qu’elle avait à la poitrine, une attaque au sabre laser qui lui avait transpercé un poumon. La blessure qui lui avait été fatale.


« Qui aurait cru que je verrais ça un jour. »


Lâchant le cadavre Léo retourna sur la rive, prenant une bouteille qu’il avait déposée là quelques heures auparavant, se retournant en direction de Freya comme si il était entrain de regretter son geste, son visage exprimant une certaine tristesse.





« Je suis vraiment désolé, mais je ne peux pas te ramener pour des funérailles plus convenable. »

Allant en direction du corps dans une étrange procession il vida le contenu noir de la bouteille sur le corps qu’il était entrain de soulever, l’aspergeant entièrement de pétrole. La laissant retomber sur l’eau il s’en éloigna à nouveau, se mettant hors de portée du corps avant de sortir un briquet de sa poche, faisant rouler la pierre plusieurs fois d’un air rêveur.

Il la revoyait encore combattant de toute son énergie dans cette bataille, l’épée maniée avec une telle maladresse laissant place à un CQC plein de grâce, le meilleur existant après celui que pratiquait Djibril. Cette façon qu’elle avait de se mouvoir avec arrogance, cette irrésistible envie de provoquer son adversaire en plein combat, ce sourire confiant qui animait toujours son visage…tout cela c’était finalement éteint…éteint par cette fille.

Se rendant compte que le briquet c’était allumé, Léo resta un moment à contempler la flamme qui brulait paresseusement, ondulant au gré du vent qui tourbillonnait autour d’eux. Puis, d’un geste de la main, il envoya celui-ci en direction de la nappe noire qui flottait sur l’eau, le briquet coulant alors que le pétrole s’embrasait en même temps que le corps de l’assassin, une flamme s’éteignant pour en faire apparaître une plus grande encore, la chasseresse disparaissant à travers les flammes de son bûcher funéraire.


« Adieu…Freya »

« C’est Léo. »

Sur cette phrase l’homme sorti de son champ de vision, laissant Claire derrière lui avec ce simple nom, et encore une tonne de question. Les secondes puis les minutes s’écoulèrent, laissant la jeune fille plongée dans ses pensées, l’esprit encore embrouillé. Qui était donc cette personne ? Quelle serait la prochaine étape de sa vengeance ? Freya était-elle bien morte ? Combien de temps lui faudrait-il pour retourner sur le front ? Autant de questions qui s’entrechoquaient dans son esprit, lui donnant un horrible mal de tête.

Finalement sa main se porta en direction de son épée, la jeune fille déposant la lame sur ses genoux, l’inspectant afin de se calmer l’esprit, sa main glissant sur le fil de la lame. Combien de temps s’écoula ainsi, alors que ses doigts passaient et repassaient le long de l’épée ? Elle aurait été bien incapable de le dire, la notion même de temps s’étant perdu dans son esprit.

Ce fut seulement un craquement soudain dans le feu qui la fit sursauter, relevant soudain les yeux pour voir une nouvelle buche tomber au milieu des flammes, venant alimenter celles-ci.





Léo était revenu, quelques buches de bois sous le bras, regardant le feu brûler avec un sourire mystérieux, seule la neige sur son manteau témoignant qu’il était bien allé affronter le froid de la nuit. Mais ce qui surprit une fois de plus l’impériale ce fut la discrétion avec laquelle il s’était approché d’elle, se sentant mal à l’aise à cette simple pensée.

Certes elle était encore épuisée, mais il était anormal qu’elle soit incapable de remarquer quand quelqu’un arrivait à s’approcher aussi prêt d’elle. La fatigue pesait elle plus lourd que ce qu’elle pensait ? Ou alors… ?


« Où étiez-vous ? »

Soudain le doute la pris, sa méfiance à l’égard de Léo reprenant le dessus. Il ne fallait pas aussi longtemps pour simplement regarder s’il continuait de neiger et prendre quelques morceaux de bois. Mais encore une fois quand celui-ci pris la parole d’une voix très douce, son ton dégageant une impression incroyable.





« J’était partis rendre les hommages funéraires à votre victime. »

Son visage dégageait une telle sérénité, sa voix vibrant avec tant de calme, que l’orpheline mis plusieurs secondes à saisir le vrai sens de ses paroles. D’un coup elle tenta de se remettre sur pied, saisissant son épée de sa seule main valide. Mais la fatigue eu de nouveau raison de sa faible résistance, la garde lui échappant des mains alors que ses jambes fléchissaient sous son propre poids.

« Attention, vous êtes encore faible. »

Surprise Claire releva la tête en direction de l’homme, ses yeux plongeant dans les siens, toute envi de combattre la quittant de nouveau. Sans résistance elle se laissa doucement retombée sur le sol, la main de Léo posée chaleureusement sur l’épaule.

Le sourire toujours au coin des lèvres l’homme alla s’asseoir en face d’elle, lui tendant une gorge d’eau que la jeune fille avala à grande lampé, se rendant compte pour la première fois à quel point elle était assoiffée.

« Merci. »
« De rien. »

Même si aucun d’entre eux ne prononça une autre phrase, cela ne fut de toute façon pas nécessaire. La question était tellement évidente, si logique, qu’il n’était même pas nécessaire de la poser à haute voix. Pourquoi ? Pourquoi avait elle tuée cette personne ?

La tête penchée Claire remis son épée sur ses genoux, adoptant la même posture que celle qu’elle avait eut avant que Léo ne revienne, ses doigts passant toujours sur le fil de sa lame.





« Elle le méritait. »
« Vraiment ? Et pour quelle raison ? »
« Elle avait tuée ma mère. »

En vérité Claire elle-même ne savait pas pourquoi elle se mettait à parler de cela avec un parfait inconnu, alors qu’elle avait toujours évitée le sujet même avec les membres de sa compagnie. Mais cet homme lui inspirait confiance, une voix à l’intérieur de sa tête continuant de lui murmurer qu’elle pouvait lui faire confiance.

« C’est donc une histoire de vengeance. »
« Je devais la tuer ! »
« Bien sur. Mais si elle-même a une fille…alors ne vous retrouvez vous pas dans sa situation ? »

Les yeux s’écarquillant en entendant cette simple question la fille de Morgoth releva la tête, fixant Léo avec surprise. En vérité elle ne s’était jamais posé la question, combattant sans vraiment réfléchir aux conséquences de ses actes.

Non…c’était faux. Rapidement le désir de vengeance qui brûlait dans son esprit reprit le dessus, lui faisant oublier les précédentes paroles. Freya n’avait aucune excuse pour ses actes, alors que elle…elle se battait non seulement pas vengeance, mais aussi pour se protéger. Zachary l’avait bien montré : si ils apprenaient qu’elle était encore en vie, alors ils n’hésiteraient pas à venir l’assassiner.

« Cela ne vous fait donc rien de l’avoir tuée ? »
« Non, absolument rien. »
« Etre un soldat doit vous avoir facilité la tâche. »
« Ouais, sans doute »

Il était déjà trop tard quand elle se rendit compte qu’elle venait de se trahir. N’ayant pas réfléchis sa dernière phrase, enchainant d’instinct, elle venait littéralement d’avouer à Léo qu’elle était un soldat. Mais heureusement celui-ci semblait l’avoir déjà deviné, ne réagissant pas à cette découverte, se contentant de poser une unique question.

« Vous appartenez à l’armée de campagne ? »
« …Oui. »

A quoi bon lui mentir maintenant de toute façon…

« Très bien. Je comptais me rendre en Italie pour affaire, je ferais donc un petit détour pour vous accompagner. »


Faire un petit détour pour l’accompagner ? Ne se rendait il donc pas compte que pour un civil poser le pied sur un champ de bataille signifiait quasiment s’engager dans l’armée ? Ou alors cela était il son intention ?

Mais ce fut une autre question qui lui traversa les lèvres.

« Vous ne voulez pas savoir à quelle armée j’appartiens ? »

« Quelle importance ? Impériale ou Allié, Terrien ou Lunaire, nous restons des êtres humains. »

12 Décembre 2158


Le voyage de retour avait été beaucoup plus long que tout ce qu’elle avait imaginé. Pour commencer elle avait perdu ses faux papiers d’identité, et ensuite il y avait le fait que Léo était avec elle, rendant toute tentative d’embarquement clandestin impossible.

Mais si il semblait être une charge, l’homme avec elle se révélait être en réalité d’une grande aide. Plus d’une fois ses grands sourires avaient permis de convaincre les agents de sécurité, les laissant passer sans demander les papiers de Claire. Les vrais problèmes avaient été le passage au Caire, une zone de front se montrant très difficile à atteindre par des moyens conventionnels, et si elle n’avait pas eut l’argent alors il est très probable qu’ils seraient encore sur place.


Ce fut donc six jours après la fin de son combat contre Freya que Claire parvint enfin à regagner la zone de front, ayant trois jours de retard sur ce qu’elle avait officiellement annoncée. Un retard qui lui valu le comité d’accueil à la descente de l’avion, la neige et la nuit ne l’empêchant pas de distinguer la mine sombre des soldats qui venaient dans sa direction.

(Soldat Impérial) « Bonjour Madame. »

« Aie…suis-je accusée de désertion ? »

(Soldat Impérial) « Par respect pour votre grade : non. Vous pouvez en remercier l’Empereur. »

De toute évidence ses permissions prolongées ne finissaient pas attirer l’attention au sein des autres soldats, la faisant perdre de sa crédibilité et surtout risquant d’attiser la curiosité de certaines personnes. Désormais il allait falloir qu’elle soit beaucoup plus prudente.

(Soldat Impérial) « Et si je puis me permettre : qui est avec vous ? »

Aussitôt la jeune fille se tourna en direction de Léo, cherchant quelque chose à répondre à cette question, se maudissant intérieurement de ne pas y avoir réfléchis plus tôt. Mais heureusement elle n’eut pas besoin d’inventer une réponse, l’homme prenant la parole le premier.





« Je suis venu m’engager dans l’armée, et elle a eu la gentillesse me m’amener directement sur le front. »

Cette réponse inattendue satisfit les soldats qui ne remarquèrent pas l’effarement qui était venu s’inscrire sur le visage de Claire. Léo parlait il sérieusement ? Puis lentement cette idée s’effaça de son esprit, cette simple pensée lui semblant parfaitement ridicule. Bien entendu il mentait pour tromper la vigilance de soldats, sa tactique fonctionnant à la perfection.

(Soldat Impérial) « Et bien si tout est arrangé…bonne soirée mon général. »

*Et merde*

Un rapide garde à vous et les soldats s’en allèrent, laissant le duo seul devant l’avion, l’orpheline regardant fixement devant elle pour s’empêcher de croiser le regard de l’homme qui laissa échapper un sifflement admiratif, sentant son visage devenir aussi rouge que l’uniforme qu’elle portait habituellement.

« Général ? Pourquoi ne pas me l’avoir dit ? »

« Qu’est-ce que cela aurait changé ? »

Le ton de sa voix n’était peut-être pas très amical, mais elle n’avait pas envi de passer pour une huile vis-à-vis de lui, ou voir son attitude changer en apprenant cela. Enfin maintenant il était trop tard, et elle n’avait plus qu’à espérer que leur relation ne change pas.

« Absolument rien. C’est juste que cela est impressionnant pour un si jeune âge. »

*Et encore tu ne sais rien* pensa la jeune fille.

« Bon…vous devez avoir un binôme non ? »

« Hein ? Heu…oui. »

« Bien. Essayons donc de le trouver. »





Sans ajouter un mot Léo lui fit signe d’avancer, emboitant le pas à la fille de Morgoth qui se sentie soulagée de cette réaction.


Cette fois il ne fallut pas longtemps pour arriver à destination, une rapide consultation des ordres lui apprenant où se trouvait actuellement l’Ordre pour l’Empire Libre. Vu que les soldats n’avaient fait aucune remarque à se propos Diante n’avait pas dut tenter de la suivre, se contentant de suivre ses affectations et d’attendre.

Et ce fut bel et bien là qu’ils le trouvèrent : assis sur son paquetage, entrain de recharger ses armes, ne semblant même pas avoir remarquer leur présence, son binôme étant obligée de murmure son nom pour attirer l’attention.

« Heu…Diante ? »

A peine eut-elle le temps de finir sa phrase que le chasseur de primes bondit comme un diable de sa boite, lui sautant dessus pour la plaquer au sol, la regardant de toute sa hauteur d’un air meurtrier. De toute évidence il n’avait toujours pas digéré le coup du somnifère dans sa boisson articulant chaque mot avec lenteur.

« Ne-me-refait-jamais-ça…JAMAIS ! »

Son hurlement fit que plusieurs membres de la meute se retournèrent dans leur direction, remarquant ainsi que la jeune fille était revenue de sa permission prolongée.

« Désolé…Diante. Mais ça valait le coup : je l’ai tué. »

« Quoi ? Tu veux dire que Freya est morte ?! »

« C’est généralement ce que les gens entendent par "je l’ai tué". »

Semblant remarquer la présence de l’autre homme pour la première fois Diante lâcha son binôme, se relevant pour faire face à Léo qui lui souriait amicalement, un sourire que le chasseur ne lui rendit cependant pas, affichant clairement sa méfiance vis-à-vis de lui.

« T’es qui toi ? »

« C’est un ami. Il m’a secouru après le combat contre Freya. »

« Vraiment ? »

« Oh je n’ai fais que ce que tout homme aurait fais. Vous devez être Diante Cry je présume. Claire m’a beaucoup parlé de vous. »





Regardant la main avec méfiance l’impérial finit par l’accepter, approchant sa propre main pour lui serrer, leurs doigts s’effleurant…puis tout changea.



En moins de temps qu’il ne fallu pour le dire Diante se jeta sur le coter, passant son bras autour de la taille de Claire pour l’entraîner dans sa retraite, les faisant s’éloigner de plusieurs mètres sans que se brusque changement ne provoquer la moindre surprise chez Léo.

« Diante ! Bordel, qu’est-ce que… »
« FERME-LA ! »

Plus que la réaction de son binôme, ce fut surtout le ton de sa voix qui choqua le général. C’était la première fois qu’elle entendant se ton sortir de la gorge du chasseur, une émotion qu’elle n’aurait jamais cru entendre venant de lui : la peur. Transpirant à grosses gouttes, le visage devenant pâle, tremblant de tout son long…Diante avait peur.

*Mais c’est qui ce type ? Depuis…non…même Michael ne dégage pas une telle aura.*

Il n’y avait rien de surprenant à ce que Claire ne l’ait pas ressentie : non seulement elle était très mauvaise pour ressentir la vraie puissance des gens, et en plus cet homme dissimulait parfaitement sa force. Et pourtant. Il lui avait suffit s’effleurer ses doigts pour ressentir la puissance écrasante de cette personne, une force telle qu’elle surpassait celle de son frère lui-même.

Heureusement Léo ne réagit pas, laissant à Diante l’occasion de reprendre ses esprits. Il ne semblait pas avoir des intentions hostiles, ce qui leur était largement profitable. Se calmant petit à petit le chasseur de primes fini par se forcer à prendre la parole, essayant de ne plus trembler comme une feuille morte.

« Je n’ai pas bien saisi ton nom. »

« Tout simplement parce que je ne vous l’ai pas donné. C’est Léo. »

« Léo comment ? »

« C’est… »

Levant les yeux au ciel l’homme demeura silencieux pendant quelques secondes, les étoiles se reflétant dans le noir de ses pupilles alors que Claire se relevait et que Diante attendait sa réponse.

Puis d’un coup il passa la tête, se frottant l’arrière de la tête, rigolant d’un air gêné.

« En fait…j’ai oublié. »

…

…

…

*Mais c’est qui ce connard ?*

« Je n’utilise plus mon vrai nom depuis tellement longtemps que j’ai fini par l’oublier. »

« Et comment dois t’on t’appeler alors ? »

« Faites comme tout le monde : appelez moi Raphaël. »

« Faites comme tout le monde : appelez moi Raphaël. »






Des paroles prononcées si simplement, avec son air toujours aussi amical et insouciant, qu’elles en auraient presque perdues de leur sens, au point qu’il fallu quelques secondes avant que Claire ne les comprennent. C’était donc ça ? La personne qu’elle côtoyait depuis ces quelques jours était donc l’un des trois plus puissants chasseurs de démon : l’Archange Raphaël.

Bien sur qu’elle s’était douté de quelque chose, cette attitude étant trop désinvolte trop être naturelle, mais jamais elle n’aurait imaginée cela. Puis soudain elle réalisa ce que cela impliquait : en face d’elle se trouvait un des compagnons de Freya.

L’espace d’un instant le doute s’insinua dans son esprit, sa main se portant d’instinct à la garde de son épée, prête à la tirer. Et si tout cela n’avait été fait que dans le seul but de la forcer à lui indiquer l’endroit où se trouvait son binôme ? Ca expliquerais pourquoi il avait tant tenu à la raccompagner jusqu’au front.

« Rassurez-vous, je vous promet que vous n’avez aucune raison de vous méfier de moi. »

Dès qu’il eut prononcé ces paroles tout la méfiance de la jeune fille s’évanouie, la voix vibrante de l’homme en face d’eux suffisant à la convaincre de leur véracité, comme si elle était hypnotisée. Non…c’était tout simplement ridicule. Retrouver Diante aurait été très facile, et il n’aurait eut qu’à la laisser mourir de froid en Amérique.

Mais Diante ne semblait pas partager cet avis, sa main droite glissant lentement en direction de ses desert eagle tout en continuant d’observer l’Archange, ses muscles tendus prêts à réagir au moindre signe d’agression de sa part.

« Raphaël hein ? Sa signifie donc que tu es l’un des trois. »

« Si ca ne vous dérange pas je préfère que vous n’utilisiez pas trop cette désignation. Nous sommes des personnes avant d’appartenir à un groupe non ? »

De toute évidence les Archanges détestaient tous cette façon de les appeler, son frère lui ayant fais aussi la remarque à plusieurs reprises, allant jusqu’à cacher cette information à Claire et à ses parents autrefois.

« Vous êtes donc le fameux Diante. Quelle ressemblance avec Michael…s’en est troublant. »





Malgré le ton aimable de l’Archange, l’impérial resta tendu, ignorant qu’il était le seul objet de tension du trio, l’orpheline ayant désormais totalement relâchée ses armes, ce qui lui valu un regard noir de la part du chasseur de primes.

« Qu’est-ce que tu fous idiote ? »

« Si il avait voulu me tuer alors il l’aurait fait depuis longtemps. »

« Et si c’était l’une des personnes qu’on recherche ? »

Même si cette idée ne lui plaisait pas, elle n’était cependant pas à occulter. Chaque chasseur de démons qu’ils rencontraient était potentiellement un des assassins de Morgoth et Lucrétia, même si dans le cas présent il était peu probable qu’un Archange ait agis avec cinq autres personnes.

Mais comme à son habitude, ne changeant pas du tout malgré la révélation de son identité, Raphaël n’eut pas la moindre réaction agressive face à cette accusation, conservant son apparence inoffensive.

« Ca malheureusement vous n’avez aucun moyen de le savoir. »

« Ah ouais ? »

Peut-être êtes-ce dut à l’expression calme de l’Archange, ou la pression des derniers jours eut-elle raison de sa résistance, toujours est-il que Diante décida d’agir de la façon la plus stupide dont il était capable à se moment. Oubliant totalement en face de qui il se trouvait, jugeant qu’il n’était pas à la hauteur de son titre, il colla l’un de ses desert eagle sur la tempe de Raphaël.

Pendant un moment celui-ci n’eut aucune réaction, ignorant le visage effrayé de Claire pour tourner son regard en direction de l’arme, soupirant devant la stupidité de l’homme en face de lui. Comptait-il sérieusement obtenir des aveux avec de telles méthodes.

Puis…d’un coup il se mit en mouvement.


Avant même que l’impérial se mette en mouvement l’Archange releva le bras, lui attrapant le poignet pour diriger celui-ci dans une autre direction, le coup partant par réflexes envoyant une balle volée bien loin de sa tête. D’un mouvement circulaire du pied il le fit trébucher, la paume de son autre main s’abattant sur le torse de Diante qui s’écroula comme une masse sur le sol, un violement mouvement au niveau de son poignet lui faisant lâcher l’arme à feu.

Surpris de s’être fait avoir aussi facilement le chasseur voulu se relever, mais la vision d’un canon au dessus de sa tête l’en dissuada. S’était impossible…personne n’était capable de le désarmer avec une telle facilité ! Et en plus de ses mouvements de corps à corps Raphaël tenait l’arme pile à la bonne distance pour être dissuasif, sans pour autant risquer de se faire désarmer à cause d’une trop forte proximité.





« Oui, c’est parfaitement ça. Alors plutôt que de m’attaquer, je vous conseil d’attendre Michael, qui sera heureux de vous confirmer que je n’ai tué aucun de vos amis. »

« Vous connaissez Michael ? »

« Bien entendu. Et de toute façon… »

Souriant il fit s’envoler l’arme, la réceptionnant par le canon avant de tendre le manche en direction d’un Diante toujours à terre.

« Si je suis un de ceux que vous voulez tuer, alors vous aurez besoin de son aide pour y arriver. »

Cette dernière réflexion, ainsi que la démonstration de force qu’il venait de leur faire, suffit à balayer leurs derniers doutes. Il avait raison : même si il était un des six assassins, ils n’étaient de toute façon pas capables de le vaincre, seul Michael pouvant les aider.

Mais le fait qu’il fasse cette proposition de lui-même…sa décision de ne pas les tuer alors qu’il en avait largement la capacité…tout cela rendait tout simplement ridicule le moindre soupçon contre lui.


« Si vous n’avez pas d’autre soupçon à mon égard, je vais donc vous laisser. J’ai affaire ailleurs. »

« Je vous accompagne jusqu’au port. »

« Il ne faut pas… »

« Vous assurer un retour avec un minimum de confort est le moins que je puisse faire. »


Ignorant le regard désapprobateur de son binôme, la jeune fille fit signe à l’Archange de lui emboîter de pas, Raphaël ayant tout juste le temps de se retourner pour glisser une dernière phrase à l’attention de Diante.

« J’espère avoir le plaisir de vous revoir Diante, et dans de meilleurs dispositions à mon égard. »

Laissant Diante derrière eux, la jeune fille et l’Archange s'éloignent du front et se dirigent vers l’un des ports artificiels qui ont été construits sur Vulcain au tout début de la campagne. Mais si entrer sur une zone de combat est aisé, la quitter est nettement plus délicat.
Seuls les permissionnaires ou les convois de matériels sont autorisés à quitter la zone. Autant dire que pour un civil, cela relève de l’impossible.

Malgré tout, Claire espère bien pouvoir négocier un passage avec les responsables du port, même si elle n'a aucune garantie de succès en raison de sa permission à rallonge. Celle-ci ayant nettement diminué sa crédibilité. Oh ce n'est pas qu’elle doute de la capacité de Raphaël à quitter cette endroit, mais plutôt qu’elle se sent redevable envers lui du fait qu’il l’a sauvée d’une mort certaine malgré le fait qu’elle venait de tuer Freya.


Malheureusement…


(Soldat) « Désolé madame, mais je ne peux pas vous aider. »

« Faites un effort bon sang ! »

(Soldat) « J’aimerais bien, mais il n’y a tout simplement plus aucun bateau de prévu avant 3 jours. »

« Mais… »

S’apprêtant à répliquer la jeune fille sent la main de Raphaël se poser sur son épaule. Le contact ayant comme d’habitude pour effet de la calmer aussitôt, faisant s’évanouir toute la tension qui parcourait son corps il y a encore deux secondes. A cette mauvaise nouvelle l’archange se contente d’adresser un sourire désarmant au soldat de faction.

(Raphaël) « Ce n’est pas grave soldat, nous allons trouver un autre moyen. »





Ne semblant pas plus inquiet que cela Raphaël s’éloigne du port, la jeune fille lui emboîtant le pas sans même prendre le temps de réprimander une nouvelle fois le soldat.

« C’est ridicule ! Comment l’Empire n’est-il même pas capable d’avoir un bateau disponible. »

« Arrêtez de vous en faire pour aussi peu. Je voyagerai moins confortablement, voila tout. Et puis… »

Soudain l’Archange s'arrête net, tournant son regard sur sa droite, son visage ne changeant pas d’expression mais son attitude est très claire : quelqu'un les observe. Mais il n’y a personne… ou du moins aucun humain. Le seul être visible est un magnifique Loup arctique aux yeux bleus.

Lentement, le loup descend la colline sur laquelle il se trouvait, approchant d’eux à pas de loup (c’est le cas de le dire), son manteau blanc se confondant avec la neige tombée la veille, le rendant pratiquement invisible.

« Un loup dans cette région du monde ? »

Cela n’avait strictement aucun sens : il n’y a pas de loup sur Vulcain, alors comment celui-ci était-il arrivé jusqu’ici ? Mais alors que l’animal n’est plus qu’à quelques mètres d’eux la fille de Morgoth le reconnaît enfin, elle a déjà aperçu ce loup à plusieurs reprises autrefois.

« Je te connais toi… »





Oui. Ce n’est pas la première fois qu’elle le voit ce loup. Elle le connaît effectivement. C'est le très discret compagnon de l’Empereur Kergan. Toujours aux alentours de son maître, jamais clairement visible, il lui sert d'éclaireur. Habituellement, on ne fait au mieux que l'apercevoir. Son comportement d'aujourd'hui est particulier.

Et comme pour répondre à cette pensée, une voix retentit derrière eux, la faisant sursauter. Raphaël, lui par contre n'a même pas détourné son regard du loup. Claire se retourne et aperçoit l'Empereur qui s'approche, son armure rouge et or reflétant la lumière de la Lune, son épée au fourreau et son MP5 sur le dos.

(Kergan) « Bonsoir Claire. J’espère que me balader tout seul n’est pas trop imprudent. »

(Souriant) « Pour cette fois je passerai l’éponge votre Altesse. »

Ce n’est pas pour rien qu’elle a lourdement insisté sur le titre honorifique, soufflant ainsi à demi-mot l'information nécessaire à la compréhension de l’Archange. L'éclair de compréhension dans les yeux de ce dernier lui confirmant que celui-ci a compris qui est devant eux.

Claire incline la tête alors que Raphaël la regarde bizarrement. Comment lui en vouloir de son attitude ? Elle-même autrefois n'avait pas reconnu en ce guerrier à l’aspect banal, l’Empereur de plus de la moitié de l’humanité.

Soudain quelque chose chatouille la jambe de Raphaël : le loup s’est collé contre lui et le fixe de ses grands yeux bleus comme si ils étaient capables de se comprendre. Souriant le chasseur se baisse, tend la main malgré le regard inquiet de Claire et interloqué de l'Empereur. Mais à leur grande surprise le loup n’a aucune réaction agressive, bien au contraire même. Approchant son museau de la main il se met à lui lécher la paume, se laissant caresser en fermant les yeux.

C’est une première pour l’Empereur : jusque là seules quelques personnes, des amis de longue date, étaient capables de toucher son compagnon sans que celui-ci ne leur broie la main sous ses crocs. Mais cet homme, un parfait inconnu, était parvenu à gagner une confiance que certains mettaient des années à obtenir.

Se retournant enfin complètement vers le nouvel arrivant Raphaël parle enfin.



(Raphaël) « C’est un très bel animal... En pleine forme. Comment s’appelle t’il? »

(Kergan) « Simplement Flow »

(Raphaël) « Et bien Flow ? Tu sembles être heureux d’avoir cette personne comme partenaire n’est-ce pas ? »





(Kergan) « C’est la première fois que Flow accepte quelqu'un aussi vite. Qui êtes-vous? »

(Raphaël) « Les gens ont malheureusement tendance à voir dans les animaux de simples objets, votre majesté. Il est temps pour moi de vous saluer et ainsi vous connaitrez tout de moi.»

Se relevant le chasseur tend alors la main à Kergan, une geste de salutation auquel Kergan répond naturellement. Claire réalise trop tard à quel point c'est une mauvaise idée, le souvenir de la réaction de Diante est encore vivace dans son esprit. Elle n'a cependant pas le temps de prononcer une seul parole que les mains des deux hommes se serrent. Et il s'agit d'une poignée de main tout à fait normale.

(Kergan) « Appelez-moi Kergan. Claire a du oublier de vous dire que je déteste le cérémonial. »

(Raphaël) « Tout l’inverse de votre prédécesseur. Seul le "divin guérisseur" aurait pu le sauver.»



Un instant de trouble, une seconde pendant laquelle le visage de Kergan se tord de surprise et pendant laquelle sa main tremble. Mais contrairement à Diante, le vieux soldat ne se laisse pas écraser par la puissance de la personne en face de lui.

Au contraire même, sa poignée de main se raffermit, son regard se met à flamboyer alors que des souvenirs qui ne sont pas les siens lui viennent en mémoire. Des images apparaissent sans qu’il puisse les retenir, des informations fusent, lui fournissant les réponses aux questions qu’il se pose.

(Kergan) « Raphaël! »dit-il dans un souffle.

Ce n’est pas une question, ni même une supposition, mais une affirmation issue des souvenirs de LoloAsren. Autrefois, le fils de Max’ et l’homme en face de lui se sont rencontrés. C’est cette vision du passé qui aujourd’hui apparait dans l’esprit de l'Empereur et ce sont les mots codés que Raphaël lui a donnés, qui lui permettent d'identifier la personne en face de lui, d'identifier son statut.

Affirmation confirmée par un hochement de tête de l’Archange. Souriant comme à son habitude, comme si le nom que vient de prononcer Kergan n’avait que peu d’importance.

(Raphaël) « C’est un honneur de vous rencontrer enfin. »

(Kergan) « Le plaisir est pour moi, même si je ne m’attendais pas à rencontrer l’un des trois sur le front ou en compagnie de Claire. »

Rigolant intérieurement Kergan se tourne en direction du chef de sa garde, la jeune fille lève les yeux au ciel d’un air faussement innocent, se sentant de nouveau coupable de gêner ainsi les mouvements de Raphaël alors que des affaires bien plus importantes doivent l’appeler ailleurs.

Mais celui-ci dissipe immédiatement ce sentiment de culpabilité, sa voix vibrante ayant toujours le même effet pour ceux qui l’entende.





(Raphaël) « Je suis venu raccompagner Claire, et maintenant je vais attendre de trouver un moyen de retourner à mes occupations. »

(Kergan) « Vous voulez dire qu’il n’y a aucun bateau pour vous raccompagner hors d’ici? »

(Raphaël) « C’est du moins ce qu’on nous a signifié. »


Désormais silencieux Kergan se penche pour caresser Flow, semblant réfléchir à la situation. Puis soudain il sort un morceau de papier de sa poche, griffonne quelques mots, appose une signature avant de le tendre à l’Archange.

(Kergan) « Tenez. Il n'y a plus de bateau mais mon hélicoptère personnel fera parfaitement l'affaire. Son pilote se rouille un peu. Je suppose que tu dois connaître la localisation de l'héliport. »


D’abord surpris, l’Archange accepte le papier que lui tend l’Empereur, lit les quelques mots avant de relever la tête en direction du vieux soldat, le remerciant d’un mouvement de la tête.

(Raphaël) « Bon et bien… Ce fut un plaisir de vous connaître Claire. J’espère que nous nous reverrons un jour. »


Rangeant le papier sous sa cape l’Archange s’éloigne d’eux, leur faisant un signe d'adieu de la main avant de disparaître dans la nuit, s’évanouissant comme si il n’avait été qu’un rêve passager et laissant les deux impériaux à leurs pensées. Durant quelques dizaines de secondes aucun des deux ne bouge quand un gémissement de Flow les tire de leur torpeur.

« Bon… Si tu n’as pas besoin de moi je vais retourner sur le front. »

« Très bien. Mais avant que tu partes, j’étais venu te dire quelque chose. »

« Quoi ? Je vais avoir des problèmes avec mes jours de permission en trop ? »

« Absolument pas. En fait j’étais juste là pour souhaiter un joyeux anniversaire au chef de ma garde. »

Tout cela avait commencé par une nuit tout ce qu’il y avait de plus banal, un soir comme toute les autres…jusqu’à ce moment. Un bête accident identique à ce que connaissait des milliers de personnes, mais qui contrairement à beaucoup avait eu des conséquences dramatiques.

En moins de temps qu’il n’avait fallu pour le dire, le feu avait ravagé l’intégralité de la maison, brûlant vif ses parents qui n’eurent pas le temps de réagir, mourant dans leur chambre. Elle n’avait pas eu le même sort, parvenant à sortir par la fenêtre avant que les flammes ne la rejoignent.

« Alors c’est elle la seule survivante ? »
« Oui. Pauvre gamine, perdre ses parents à a peine huit ans. »

C’était à peine si elle prêtait attention aux voix qui s’élevaient autour d’elle, décidant de son sort pour elle. Trop choquée par ce qui venait d’arriver, elle restait repliée sur elle-même dans son coin, jusqu’à ce qu’une conversation lui fasse brutalement relever la tête.

« Il y a quelqu’un qui demande à voir la fille. »
« Qui ça ? »
« Son frère. »

Son frère ? Mais oui, elle avait un frère, c’est vrai. De quatorze ans son aîné c’est à peine si elle le connaissait, celui-ci étant parti de chez eux alors qu’il n’était encore qu’un enfant, les souvenirs qu’elle avait de lui étant très rares. Avait-il donc fallu la mort de leurs parents pour le faire revenir ?





Mais dès les premiers jours elle comprit vite que quelque chose n’allait pas avec ce frère qu’elle n’avait quasiment pas connu. Elle l’entendait souvent murmurer à voix basse, l’observant s’entraîner avec des épées et autres lames, lire des livres aux symboles étranges qu’on ne voyait que dans des magasins pour adolescents. Alors un soir :

« Heu…grand frère ? »
« Oui Anna ? »

Comment formuler toutes les questions qui s’entrechoquaient dans sa tête ? Par laquelle commencer ? Mais heureusement elle n’en eut pas besoin, son frère comprenant très bien ce qui devait se passer dans sa tête. Alors ce soir là il lui expliqua tout : pourquoi il était parti aussi jeune, en compagnie d’un homme étrange. Pourquoi il ne venait quasiment pas les voir, et d’où venaient toutes les cicatrices qui ornaient son corps.

Il lui expliqua que des ombres rôdaient dans la nuit, des créatures à visages humain qui n’en avaient que l’apparence, des dangers constants pour tout le monde. En une soirée il lui dit que certaines personnes devaient accepter de renoncer à tout pour combattre ces choses. Et que lui aussi était devenu un fantôme, une personne inexistante, pour les protéger.

Dire qu’elle l’avait cru au début aurait été un mensonge, tout comme de prétendre qu’elle n’eut pas peur. Et pendant les jours qui suivirent elle refusa tout simplement de lui adresser la parole, préférant le prendre pour un fou plutôt que de croire ce qu’il lui avait raconté. Mais finalement, confrontée à la dure réalité qu’il lui avait décrite, elle décida de l’accepter.


C’est ainsi que durant neuf longues années le frère et la sœur restèrent ensemble, le chasseur continuant d’accomplir sa mission tout en protégeant Anna. Qu’avaient-ils à craindre de toute façon ? Dans ses petits yeux d’enfant son frère faisait office de héros, un chevalier comme ceux dont on conte les aventures avant d’aller dormir. Et sur de sa puissance, lui-même ne craignait pas de tuer les démons tout en devant protéger sa petite sœur, croyant que sa force leur permettre de conserver cette situation indéfiniment.


Une pensée bien naïve.



Allez, lève-toi !





Le visage marqué par un plaisir sadique le démon attrapa son frère par les cheveux, le forçant à se remettre debout alors que le sang s’écoulait encore un peu plus de ses multiples plaies. Qui aurait donc put savoir que les démons supérieurs étaient si forts ? La rumeur était donc fondée : seul les Archanges avaient le pouvoir de les vaincre en combat singulier.

Quel dommage, je m’attendais à mieux venait du fameux Barachiel

Incapable de se défendre, le chasseur tourna lentement son regard en direction d’une commode sous laquelle deux yeux brillaient, les larmes reflétant les lampes qui faisaient onduler les ombres des deux adversaires. Les mains plaquées contre sa bouche pour s’empêcher de hurler, Anna regarda impuissante les deux instants de son frère qu’elle croyait invincible, voyant le démon lever son arme et lui tirer une balle en pleine tête, le sang et la cervelle de sa dernière famille glissant jusqu’à elle.



« C’est elle la sœur de Barachiel ? »
« Ouais. Quel gâchis…c’était un excellent chasseur. Mais face à un démon du calibre Bélial, il n’avait aucune chance. »

Pour la deuxième fois de sa vie elle se retrouvait de nouveau seule, les amis de son frère l’ayant recueillit ne pouvant jamais combler l’immense vide qui s’était installé dans son cœur, ainsi que la haine. Pourquoi le sort s’acharnait il donc contre elle comme ça ? Et où étaient-ils donc quand son frère combattait seul contre un ennemi bien plus fort ?

Ce fut cette haine sans borne qui la conduit à tenter plus d’une fois le diable, surpassant les capacités d’une simple gamine de son âge. Il lui fallut cinq longues années à volée de la nourriture, à s’échapper des maisons de redressement, et à suivre une piste perdue d’avance. Mais le résultat vint réaliser tout ses exploits.

Ah…comment ?





Une lame plantée dans le cœur le démon ne parvenait pas à comprendre. Comment cette gamine avait elle put s’approcher de lui sans qu’il ne remarque rien, le poignardant dans le dos au niveau du cœur avec une lame spécialement faite pour tuer ceux de son espèce ? Ridicule, parfaitement ridicule. Alors pourquoi son corps se faisait il de plus en plus faible ? Et pourquoi son âme commençait elle à quitter ce corps, basculant de l’autre côté ?

A peine adulte, celle-ci avait réalisée un exploit incroyable : tuer un démon supérieur, renvoyant Bélial dans les abysses qui l’avaient vu naître.

Mais…

« Butez-la ! »

Le démon n’était pas seul, engageant beaucoup de personnes afin d’assurer sa sécurité et pour répondre à son orgueil. Ces mêmes personnes qu’Anna venait de priver de leur gagne pain, n’ayant désormais plus qu’une seule idée en tête : lui faire payer.

Encore trop surprise par ce qu’elle venait de faire, ayant perdu sa raison d’être depuis cinq ans, Anna n’opposa aucune résistante. En quelques secondes son corps fut criblé de balles, ses genoux explosant littéralement alors qu’elle s’écroulait dans une flaque de son propre sang, perdant connaissance.

Mais quand elle se réveilla, ce ne fut pas entre quatre planches de bois. Après s’être évanouie, il aurait été logique que les mercenaires la mettent en pièce, et pourtant elle était maintenant dans des draps chauds, un plateau repas posé sur la table à côté d’elle.

« Tu as vraiment eu de la chance qu’on soit arrivés à temps. »

Surprise Anna se tourna en direction de son mystérieux sauveteur, le blanc de ses cheveux jurant avec son apparence encore jeune, donnant un mélange très étrange à son visage. Très vite celui-ci se présenta comme un camarade de son frère, étant venu là avec un autre chasseur pour accomplir ce qu’elle avait réalisé.

N’ayant nulle part où aller, les deux hommes suscitèrent cependant une forte ambition en elle : celle ce marcher sur les traces de son frère, et de reprendre le flambeau derrière lui. Touchés par cette idée, ils lui permirent de rester avec eux pendant quelques mois, Anna se formant au combat à l’épée en même temps que le plus jeune des deux : Michael Cry.









« Je ne te suis pas…reconnaissante. Je n’avais pas…envie de mourir.
Seulement…grâce à cela j’ai put me rappeler…de ce que je ne voulais pas me souvenir… »

C’était seulement maintenant, à la fin de sa vie, qu’elle se rappelait. Elle avait fini par enfouir sa tristesse dans un manteau de mépris, faisant subir aux autres la même douleur qu’elle avait ressentie étant enfant. Peu importait les méthodes pour parvenir à ses fins, seul le résultat comptait. Malgré la mort de Bélial, rien de parvenait à étancher la haine qu’elle vouait aux démons qui avaient tués son frère.

Mais cette fille, cette Claire, avait fini par la faire se souvenir de la douleur qu’on éprouve à la mort d’un être cher, et du grand sentiment de vide que laissent ceux qui nous quitte. Et c’était avec ce sentiment retrouvé, renouant enfin avec son humanité, que Anna/Freya était allée rejoindre son frère.

« J’ai fait un bon investissement. »

Eclairé seulement par la lumière qui perçait à travers les volets de la fenêtre, l’homme ne put s’empêcher de sourire sous sa capuche, cachant son visage au jour naissant. Cet endroit, cet hôtel, constituait exactement ce qu’il lui fallait : un lieu où peu importait l’apparence et les activités, tant que l’argent était au rendez-vous.

Tout le temps assis sur une chaise roulante, le visage et le corps masqués sous une longue cape blanche, l’homme n’avait jamais montré son visage qu’à une seule personne. Mais le fait qu’il cache ainsi son corps, et le bout de sa main qui semblait tomber en morceau, avait finalement convaincu le reste du personnel qu’il était ladre.





« La conclusion est très surprenante. »

A sa gauche une voix lui répondit, sonnant beaucoup moins rauque que celle de l’homme. Contrairement à lui, la deuxième personne était bien portante, seuls ses cheveux blancs pour un visage encore jeune lui donnant un aspect étrange.

Contrairement au sourire qui illuminait le visage de son voisin, l’homme aux cheveux blancs ne partageait pas cette allégresse, gardant la même expression malgré l’annonce qu’il venait de faire, et la signification qu’elle avait pour eux.

« Eprouverais-tu des regrets ? »

« Bien sur que non. Mais qui aurait cru qu’une gamine parviendrait à tuer Freya ? »

« J’ai entendu dire que sa victoire contre Bélial était uniquement un coup de chance. Alors que pouvait-elle faire face à un soldat et toute la puissance de sa haine ? »

Chassant cette question d’un revers de la main, comme si elle n’avait été qu’un moustique gênant, le deuxième homme se leva de son fauteuil, marchant vers le lépreux en agitant les doigts de manière menaçante, ce qui ne dérangea cependant pas le diminué.





« Mais Freya était parmi les plus faibles. Et sans Michael… »

« Alors Zachary en aurait déjà fini, je sais. Mais allons nous nous plaindre de la situation ? »

« Je dis simplement que notre chance risque de ne pas durer bien longtemps. »


Il ne faisait ici qu’évoquer un fait dont tout les deux avaient conscience, en ayant déjà suffisamment discuté pour en connaître tout les aspects. Même si la mort de deux chasseurs était une surprise, cette agréable situation risquait de ne pas durer : combien de temps tiendrait-elle, maintenant que l’Archange avait laissé le binôme de soldat sans aucune protection ?

Mais être avec le frère de Michael ne signifiait pas être sans aucune protection. Ce Diante pouvait bien provoquer la surprise et permettra à leur plan de durer un peu plus longtemps…même si il était impossible qu’il survive indéfiniment l’aide de son frère.

« Rassure-toi, tout ce passe bien. Ou craindrais-tu d’être démasqué ? »

« Aucun risque, j’ai déjà pris mes dispositions. Cependant… »

« Cependant ? »

Même si il feignait de ne rien remarquer, le ladre sentit bien une certaine tension commençait à s’installer entre eux deux, la voix de l’homme en face de lui transpirant de soupçon et d’une colère difficilement contrôlée.

Tout combat risquant de tourner à son désavantage, le diminué décida de trouver les mots juste pour rassurer son camarade, sentant que celui-ci commençait à ne plus lui accorde sa confiance.

« Craindrais-tu que je ne tienne pas ma promesse ? »

« Je vois mal comment une personne à moitié morte pourrait m’offrir autant. »





« Rassure toi mon ami. Tout ce que je t’ai promis sera à toi. »

« Quand ? Le temps n’est-il pas venu de se mettre en mouvement ? »

« Pour l’heure, tout mouvement de ma part est encore trop risqué. Nous devons attendre que nous ennemis soient détruits. »

« Ca revient à placer beaucoup de confiance en cette gamine. »

« C’est vrai, mais Claire dispose d’une haine sans borne envers les assassins de ses parents. Et ce sentiment ne s’éteindra qu’avec leurs morts…ou la sienne. »

« Ce qui, dans les deux cas, nous est bénéfique. »


La mort de Zachary, et maintenant celle de Freya, étaient toutes les deux d’excellentes nouvelles pour les deux hommes, rien à redire dessus. Mais il y a quelques mois, leur plan avait faillit totalement échouer, rien ne se déroulant comme ils l’avaient espérés. Heureusement, cet imprévu les avait finalement avantagés.

« Que faisons-nous maintenant ? »

« Garde un œil sur Claire, et veille à ce qu’elle ne meurt pas. »

« Pourquoi ais-je l’impression de faire tout le travail ? »

« Parce que tu es le seul à pouvoir le faire. Mais rassure toi, ta récompense sera au rendez-vous. »

« Et comment puis-je faire confiance à ces paroles ? »

« Car tu désires cela plus que tout, suffisamment pour prendre quelques risques. N’ais-je pas raison Siegfried ? »





« Si. Parfaitement raison. »

Le temps des permissions et des cavales à l’autre bout du monde était terminé, désormais il était l’heure de se remettre au travail. Bizarrement, le champ de bataille de Vulcain lui paraissait étranger, comme si elle n’y avait passée que quelques jours depuis le début de cette nouvelle campagne militaire.

Et pourtant la situation demandait une attention de tous les instants, le moindre relâchement risquant de signifier un aller simple pour la cuve. Et même si l’OEL* commençait à progresser face à l’Alliance Terrestre, cela ne signifiait pas qu’il fallait se reposer.


« Ah ! Voila enfin la relève. »

Heureux de cette bonne nouvelle Ivan Petrovitch se leva pour accueillir les deux OEL* venu les remplacer, lui et son camarade qui veillaient sur l’avant-poste au-delà duquel se tenaient les forces de l’Alliance.

« On serait arrivés plus vite si madame ne s’était pas fait désirée. »

« Ferme la Diante. »

« Qui comme vous pouvez le constater, c’est levée du pied gauche. »

Les deux soldats en face d’eux auraient volontiers explosés de rire, si Claire ne leur avait pas jetée un regard noir qui les dissuada d’enfoncer le clou. Il faut dire que le chasseur de primes avait l’habitude de la provoquer, mais pour eux cela était nettement plus délicat.

« Pourquoi vous n’êtes pas en binôme ? »

« Princæsse se sentait mal, ainsi que le binôme de ce monsieur. »

« Donc vous avez formés un nouveau binôme pour ce soir. »

« Ou alors Ivan veut éviter qu’une certaine personne ne nous trahisse. »





Surpris par cette réaction, les trois hommes se tournèrent en direction de la jeune fille, turinn la foudroyant du regard. Les transfuges avaient toujours la vie difficile dans leur nouvelle armée, le soupçon planant sur leur parole.

Mais c’était la première fois qu’un membre de la meute s’en prenait à lui, tout les autres OEL* l’ayant accueillit à bras ouverts sans poser de question, ne doutant pas de sa sincérité et de sa loyauté pour l’Empire. Hochant la tête en soupirant, Diante tenta de ramener le calme au sein du trio.

« Excuse la turinn. Son état est encore pire que ce que je pensais. »

Semblant lui aussi se retenir de lui expliquer sa façon de penser, l’ex-colonel des GOA mis son arme en bandoulière, retournant au camp alors que Ivan lui emboîtait le pas.

Quelques dizaines de secondes plus tard et le binôme se retrouvait seul, le général commençant à s’installer dans le poste de garde, la rigidité de ses gestes laissant voir à quel point elle était de mauvais humeur.

« Et si tu venais m’aider à installer tout ça ? »

« Et si tu me disais ce qui ne va pas ? »

Cela pouvait ressembler à de l’insubordination, mais le cadet des frères Cry s’en foutait totalement. Il était hors de question de la laisser parler comme ça à tout le monde, peu importait son humeur du moment, ou le nombre d’étoiles qui était cossues sur ses épaulettes.

« Au cas où tu ne l’aurais pas remarquée, tu n’as pas été très aimable avec turinn. »

« Arrêtes un peu : on le pense tous. »

« Non on ne le pense pas, et toi pas plus que les autres, c’est justement là le problème. »





Silencieux, Diante attendit la réponse de Claire, ses yeux la fixant intensément comme pour la forcer à fournir une explication à ses sauts d’humeur de ce soir. Ce genre de regard qui jusque là avait toujours suffit à lui arracher ce qu’elle pensait, la renvoyant à l’état de petite fille devant un adulte.

Perdant la parole devant l’air sévère de son binôme, l’orpheline avança et recula à plusieurs reprises, son esprit semblant tiraillé entre l’envi de lui avouer quelque chose et la réticence à le dire. Enfin, après une ou deux minutes de débat intérieur, elle se leva pour aller au bord de leur poste de garde, fixant l’autre côté du front.

« Il n’y a rien. »

« Bizarrement j’ai du mal à te croire. »

Pas très enclin au dialogue, Claire se retourna pour clore la discussion, mais quelque chose vint la stopper net dans son élan. Baissant la tête, elle vit de petites gouttelettes rouges tomber sur le sol, sentant quelque chose de chaud lui glisser le long des lèvres. Du sang : elle saignait du nez.

« Est-ce que ca va ? »

Ignorant le regard de son binôme, la jeune fille s’essuya le visage d’un revers de la manche, son visage perdant des couleurs, comme si le froid mordant commençait seulement à se faire ressentir.

« Oui. Tout ce que je veux, c’est que tu comprennes que… »





Jamais il ne su ce qu’il devait comprendre.

Se mettant à tousser, Claire commença à perdre des couleurs de plus en plus rapidement, son visage perdant de la fraicheur jusqu’à devenir blanc comme du linge. Sa toux gênant sa respiration, la jeune fille alla s’accouder contre les sacs de sable qui leur servait de protection.

« Hé ! Qu’est-ce que tu nous fais ? »

Agitant la main pour lui faire signe qu’elle allait bien, la fille ne Morgoth n’était pas pour autant convaincante.

Soudain son corps se mis à trembler de tout son long, ses forces l’abandonnant et l’obligeant à se mettre à genoux, la main serrant sa poitrine. C’était la première fois qu’elle ressentait cela : le cœur comme pris dans un étau la faisant affreusement souffrir, sa tête commençant à tourner alors que tous les muscles de son torse hurlaient de douleur.

Baissant le visage, elle se pencha en avant comme pour vomir. Mais ce fut autre chose qui sortis de sa bouche : du sang. Se déversant en une gerbe, du sang coula à travers ses lèvres, allant se rependre sur le sol encore froid.





« Claire ! Qu’est-ce qui se passe ? »

Désormais réellement inquiet, Diante alla auprès d’elle, n’ayant pas le temps de la rattraper alors que son manque de force la fit s’allonger sur le sol, le visage déformé par la douleur, sa bouche ouverte essayer de pousser un hurlement de douleur qui ne parvenait pas à sortir.

Oubliant qu’ils étaient sur le front, se moquant de savoir si l’ennemi pouvait les entendre, le chasseur de primes appela à l’aide de toute la force de ses poumons, sa voix résonante dans la nuit.

Heureusement, turinn et Ivan n’étaient pas partis bien loin, déboulant sur l’avant-poste l’arme à la main, s’attendant à trouver les deux impériaux au prise avec des soldats de l’Alliance. Ce fut turinn qui réagit le premier, jurant en voyant l’impériale à terre.

« Bordel. Elle a été touchée où ? »

« Nulle part. Va chercher un médecin ! »

« Qu’est-ce qu’elle a ? »

« JE N’EN SAIS RIEN ! »

Dopé par la panique qui transpirait de la voix du chasseur de primes, turinn courut en direction du camp. De son côté Ivan s’approcha de Claire, attrapant son poignet, observant du coin de l’œil le sang qui gisait à côté du corps.

« Bon sang Diante, qu’est-ce qui ce passe ? »

« Je ne sais pas. Elle s’est mise à saigner du nez, puis toussée, et maintenant elle est dans cet état. »

« Il faut agir vite : son pouls est entrain de… »

« AAAAAAHHHHHH ! »

Sursautant les deux soldats penchèrent leur regard en direction de Claire : le cri de douleur qu’elle retenait était enfin parvenu à traverser sa gorge, la sueur commençant à dégouliner de son visage.





« Tiens bon, quelqu’un va venir pour t’aider. »

Mais elle n’entendit pas ces paroles réconfortantes, son visage continuant à se tordre de douleur, son corps s’agitant dans tout les sens. Enfin son torse se souleva, cherchant de l’oxygène qui ne parvenait plus à ses poumons, un dernier cri déchirant la nuit, puis elle arrêta de bouger.

Incrédules, ne comprenant pas ce qui venait de ce passer, Ivan et Diante ne remarquèrent même pas que turinn était revenu avec Master Chief, celui-ci devant les écartes pour pouvoir se pencher en direction du général désormais inconsciente, posant deux doigts sur sa carotide, comptant lentement les secondes qui s’écoulaient.

Inquiet, Master chief fixa le visage inexpressif de la jeune fille, ses yeux vitreux levés en direction des étoiles, sa bouche légèrement entrouverte laissant couler un mince filet de sang. L’air sombre, le regard pensif, Master arrêta de compter.

« Elle est morte. »

…

(turinn) « Morte ? »

« Enfin…mais c’est…ridicule. »

(Ivan) « Rassures toi : à l’heure qu’il est elle doit être entrain de se faire cloner. »

(Master) « Ouaip…son premier passage à la cuve. C’est bien elle ça, incapable de subir sa première fois comme tout le monde. »

(Ivan) « Vous croyez qu’en se grouillant on pourra être là à sa sortie de cuve ? »

La question fit rire les trois impériaux. Même si il ne s’agissait pas d’un cas banal, le décès de la jeune fille n’était pas si grave que cela. A force de combattre sur les fronts, la mort leur semblait beaucoup moins grave que pour le commun des mortels, le clonage les rendant virtuellement immortels.

Cependant Diante ne partagea pas ce doux état d’esprit, soulevant le corps inerte de son binôme, demandant à turinn et Ivan d’allonger un peu leur tour de garde, ce que ces derniers acceptèrent à gage de revanche.

La mine sombre, le chasseur de primes emporta la dépouille de Claire jusqu’au camp, allant la faire incinéré comme la procédure l’exigeait pour les corps des soldats morts. Mais malgré le clonage, même si son esprit était entrain de gagner un nouveau corps, Diante ne pouvait se débarrasser de cette mauvaise impression.



On ne mourrait pas comme cela, sans aucune raison.